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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

JeuDI 5 octobre 2005

AUCUNE AMBIGUÏTÉ

Ni quant à l'inspiration... ni quant à l'impopularité... Dans la grève comme dans le mensonge, seule la classe politique fait semblant d'ignorer la réalité.

Il ne devrait y avoir aucune ambiguïté quant aux objectifs, sur la nature et, en dernière analyse, quant au mensonge, quant à la nature et quant à l’imposture de la mobilisation syndicale. Elle avait été lancée par la CGT avec la complicité et la complaisance des autres centrales bureaucratiques CFDT, CGC, CFTC et Force ouvrière, signataires de l’appel du 8 septembre, en vue de la manifestation organisée le 4 octobre – journée marquée par « des arrêts de travail, des rassemblements et des manifestations à Paris et en province ».

Commençons par le commencement : oui, la vie des citadins a été empoisonnée. Oui nombre de Français ont dû prévoir qui une heure qui une heure et demie de marche à pied à prévoir pour se rendre à leur lycée ou à leur bureau. Oui telle petite fille de deux ans devra attendre encore deux jours pour voir son vieil oncle. Pas bien grave tout cela. Une journée un peu gâchée par des imbéciles, jouant abusivement sur leur monopole. C’est tout.

On enrage surtout de cette médiocrité lassante ; même le mot, désormais consacré, de « prise d’otages » à propos des usagers des transports en commun, coincés comme des bœufs dans leurs files d'attente, et la mise en place trop longtemps demandée d’un « service minimum », nous paraissent encore au-dessous du problème.

Consciencieusement, les dirigeants cégétistes et leurs porteurs d’eau mettaient encore en avant, à 14 h 30 place de la République, quelques dizaines de comparses de circonstance « les HP », salariés de Hewlett-Packard ou leurs camarades de « la Samar ». Misérabilisme fallacieux. Fantaisie. Asparagus pour faire volume autour du bouquet.

Tout le monde sait très bien que la question ce sont les revendications, ou plutôt le conservatisme ruineux et autodestructeur,

- du secteur public,

- par le secteur public (grâce aux grèves thromboses dans quelques dépôts de la RATP ou de la SNCF)

- pour le secteur public – et notamment pour faire reculer certains dossiers de privatisation et de libre concurrence, comme celui de la société Corse-Méditerranée, en déconfiture financière.

En tout cela il n’y a aucun élément de doute à introduire.

Mais on doit aussi préciser la réalité des chiffres de « l’événement ». Pas plus de 30 % de perturbation dans les transports publics, clef du dispositif de sabotage social des bureaucraties syndicales (1) : cela veut dire que les 2/3 des salariés de ces monopoles s’écartent clairement des mots d’ordre des prétendus « syndicats représentatifs ».

Également, on avait annoncé 1 000 000 de manifestants, la police selon les dépêches AFP de l'après midi, en a compté 230 000 et les organisateurs eux-mêmes, si l’on additionne les 150 manifestations disséminées dans toute la France, en revendiquaient au total à peine 550 000, toujours selon l'AFP du 4 (2). L’échec semblait évident.

France Inter, radio d’État, avait déjà repris le 4 au matin sans émettre le moindre doute ce chiffre de « un million », « plus d'un million » (3) y compris dans la chronique de Jean-Marc Sylvestre de 7 h 22 ; Celui-ci était tout juste autorisé à dire que le gouvernement actuel ne dispose d’aucun « grain à moudre ». Certes : mais un gouvernement socialo-communiste celui auquel rêvent les Fabius, les Emmanuelli, les Montebourg, etc… en aura-t-il plus ? Je le répète : les intellectuels en débattent peut-être mais les 2/3 ou les 3/4 des Français qui bossent, des travailleurs réels, qu’ils soient indépendants, de statut privilégié, dans les grandes ou les petites entreprises savent très bien la réponse et renvoient dos à dos chiraquiens et socialistes.

Il est vrai que le mensonge du « million », « plus d'un million » (4) allait quand même être repris dès le soir, réaffirmé le lendemain matin sur France Inter si l'on peut dire, sur le mot d'ordre bureaucraties syndicales très contentes d'elles-mêmes

Pas d’ambiguïté non plus sur quant au leadership de la CGT, ni quant à ses implications politiques.

Avec beaucoup d’amabilité sur France Inter au matin du 4 octobre ce n’est ni le ministre du Travail ni la nouvelle présidente (5) du Medef que M. Paoli interviewait longuement. C’est l’ancien « nouveau cégétiste » Thibault, le faux-jeune apparatchik aux cheveux longs, avec son look hybride assez ridicule de Bob Dylan et de la Pucelle d’Orléans, auquel on donnait la parole pour baver longuement contre l’ultralibéralisme.

Aucune ambiguïté, en fait, quant à « l’autre monde » communiste qui demeure la référence intime non seulement de Thibault, élu et réélu à la tête de sa centrale avec des scores nord-coréens, mais aussi de TOUS ceux qui persistent à lui servir la soupe.

Le seul « débat » interne chez ces Messieurs consiste à savoir si un candidat du PCF sera présent au 1er tour (il avait fait 3,4 % en 2002) ou si on misera sur un candidat commun avec les autres forces d’extrême gauche, au risque de priver la gauche d’être présente et victorieuse au second tour en 2007. Amusant Kriegspiel qui nous console des divisions lamentables de la droite.

Courageusement le chef de l’État qui tenait une conférence de presse au milieu de la journée, et qui se montre de plus en plus déconnecté de la réalité, s’est bien gardé d’évoquer la situation sociale.

On dit que plus de 70 % des Français « soutiennent » la grève : mensonge ridicule, bien évidemment.

Mais ce mensonge tétanise les faiseurs d'opinions, les publicitaires et la classe politique, y compris sur l’énarque dont on a fait un « Premier ministre ». Ce grand pantin « écoute » et « se bat ». Autant dire qu'il est le premier complice de ceux qui ont inutilement gâché la journée du 4 octobre de millions de leurs compatriotes.

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) Voici les chiffres officiels des grèves dans les services publics donnés par l'AFP :
« La grève était suivie par 25 % des salariés de France Télécom, 15 % à 30 % des salariés de La Poste, 23 % des agents EDF et 25,24 % à 37,03 % des personnels de l'Éducation nationale. Elle a aussi perturbé l'audiovisuel public ainsi que la distribution des quotidiens nationaux. »
Dans les transports « TGV : 60 % en moyenne (...) RER : 35 % en moyenne (...) RATP : (...) Deux bus sur 3 circulaient et 3 tramways sur 4. Le trafic est quasi normal sur l'ensemble du réseau à l'exception des lignes 2, 3, 10 et 12 avec 2 métros sur 3, les lignes 6, 7 et 8 avec 1 métro sur 2 et la ligne 9 (1 métro sur 3) et du RER B (2 sur 3), a précisé la RATP. En revanche, le trafic est "normal" sur les autres lignes de métro et RER A. »
Rappelons qu'il faut rapporter ces pourcentages de grévistes effectifs
- à celui de 100 % de représentativité irréfragable accordé aux syndicats impliqués dans la grève ;
- et au soi-disant « soutien des Français, dont 72 % jugent l'action de mardi justifiée, selon un sondage BVA ».

(2) dépêche AFP de l'après midi (4 octobre 2005 à 15 h 32) « en début d'après-midi, plus 550 000 personnes, selon les organisateurs, 230 000 selon la police ont commencé à défiler mardi à l'occasion de quelques-unes des 150 manifestations prévues en France ».

(3) résumé donné par France Inter de la chronique économique du 4 octobre 2005 « Journée de mobilisation : Pas de réponse technique immédiate et concrète. Plus d’un million de personnes sont attendues aujourd’hui dans les rues pour la journée nationale de grève. Les syndicats espèrent des mesures concrètes pour permettre la création d’emploi, la révision à la hausse des salaires et la relance du pouvoir d’achat qui va avec. Mais le gouvernement peut-il vraiment satisfaire ces revendications ? »

(4) Au matin du 5 octobre voilà ce que diffusait l'AFP : « au moins 1 039 000 personnes - égalant le niveau de participation à la journée du 10 mars - selon un décompte effectué par l'AFP à partir des estimations syndicales. Selon la police, le nombre de manifestants avoisinait les 470 000, un chiffre en baisse par rapport au 10 mars (578 000 personnes). » Sauf erreur passer de 578 000 à 470 000 personnes c'est perdre 1 manifestant sur 5 ou 6, ce n'est pas progresser.

(5) que l’on dit médiatique mais qu’on n’entend pas beaucoup.

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