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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

VENDREDI 21 OCTOBRE 2005

VOUS DISIEZ : DÉPÔT DE BILAN ?

Combien de temps va-t-on continuer à considérer en France qu’on rend service au public en étouffant l’offre concurrentielle privée.

Avec l'arrivée des pluies d’automne nous arrivons à oublier la sécheresse chronique et la baisse dramatique des nappes phréatiques.

Avec certains débats budgétaires nous en arriverions aussi à oublier les vraies questions de la France.

Elles ne sont pas dans la crise des chiffres mais dans celles de principe.

À force d’avoir éduqué les masses dans l’idée que rien d’important n’a existé avant la mort de John Fitzgerald Kennedy on est parvenu à en convaincre les fausses élites qui nous gouvernent. Le principal journal économique français, à l’occasion du 60e anniversaire de la fondation de l’ENA n’invite pas cette enfant adultérin du « baby boom » à prendre bientôt sa retraite. Au contraire il convie les lecteurs ébahis à un exercice d’auto admiration.

On n’évoque pas les chiffres calamiteux de MM. Bon, Meyssier et tutti quanti, précisément parce que les ressorts intellectuels dont ils sont le produit, l’État jacobin dont ils sont les courtisans, les institutions fausses dont ils sont les profiteurs sont demeurés impavides, impunis et indemnes.

Or, dans les conflits des derniers jours une idée très importante, une hypothèse, jusqu’ici incroyable, a été avancée : celle que les chiffres mêmes de la SNCM pourraient entraîner un dépôt de bilan.

Bien entendu les chiffres de la SNCM, c’est-à-dire ses pertes, les subventions, les passe-droits, les aides, représentent une réalité accablante.

Le plus accablant est à peine lisible dans les comptes officiels : je veux parler de la réalité mafieuse greffée sur cette couverture étatique de la contrebande douanière entre Corse et Continent. Oui, en subventionnant la SNCM, on paye tranquillement, avec l'argent des contribuables pour les bandes armées insulaires et pour la crapule cégétiste hexagonale ;

Mais, à tout prendre, par rapport aux autres gouffres de la gestion étatique tout cela n’est que broutille, hors d’œuvre, amuse-gueule.

Et si l’on a évoqué l’hypothèse d’un dépôt de bilan pour cette entreprise publique là, pourquoi pas pour la SNCF, pourquoi pas pour les caisses de retraite, pourquoi pas pour l’assurance-maladie, pourquoi pas pour les hôpitaux, etc.

Certains répondront : service public.

Mais s’ils avaient le moindre sens juridique, ils se demanderaient de quand date exactement cette fameuse conception du service public à la française.

J’ai eu la curiosité de relire les cours de Georges Vedel – pardon, il faut sans doute dire : « le doyen » Vedel, comme on dit aussi « l’abbé » Pierre, un seul est doyen, un seul est abbé. Et j'y redécouvre combien la notion du Droit administratif a évolué depuis 1963.

Car le temps n’est pas si lointain où certains prétendaient faire de la non-concurrence entre service public et secteur privé un « principe général du droit ». Balivernes bien entendu que ces « principes généraux du droit ».

Combien de temps va-t-on continuer à considérer en France qu’on rend service au public en étouffant l’offre concurrentielle privée.

Mais au fait, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas obliger les Français à acheter des ordinateurs français par exemple ces excellentes machines de la société Bull ? Voilà qui rendrait certainement nos entreprises encore plus compétitives.

Le dépôt de bilan d’une entreprise comme la SNCM serait évidemment un soulagement pour les finances publiques.
Mais c’est surtout le précédent qu’il faut envisager.

On découvrirait enfin que l’État central français n’offre aucune des garanties sur lesquelles comptent les bénéficiaires actuels du système.

Quand il était jeune, M. Devedjian aimait à dire : « Une parole à un moujik n’engage à rien ». Au moins c’était clair. Et sous un prince dont « les promesses n’engagent que ceux qui les entendent », on pourrait méditer sur le sort de certains boyards d'autrefois devenus, au gré des vicissitudes de l'Histoire chauffeurs de taxi. Au moins se sont-ils battus, et probablement, pour la plupart d'entre eux n’ont-ils jamais pensé la phrase apocryphe de leurs diffamateurs d'opérette. La comparaison avec les princes qui nous gouvernent s'arrête ici, car ceux que j’ai pu croiser dans ma jeunesse étaient des hommes d’honneur et de culture, de parole et d'élégance dans leur pauvreté.

J’ai même l’impression que l’histoire est en train de leur accorder leur revanche, je m'y associe avec émotion.

Mais aux technocrates et aux énarques français il ne restera rien.

Sans doute, des « dépôts de bilan » ils ne connaîtront que la rumeur, pas la moindre trace de ce qu'endurent les entrepreneurs réels, véritables morts civils quand ils sont en liquidation. Nos princes devineront à peine, quelques instants, la brise fugace d'une impression de déshonneur. Mais qu’est-ce, d’ailleurs, de perdre la face quand on s’appelle Trichet, Villepin, Haberer, Chirac, Juppé, j’en passe et des pires. Pour descendre d’une échelle encore faut-il y être monté – Où étaient-ils quand le communisme écrasait la moitié de l’Europe ? Où seront-ils quand le terrorisme islamique et/ou l'ascendante puissance ottomane entreprendront vraiment de submerger l’Occident.

En les regardant, je ne puis m’empêcher de songer à ce qu’André Chénier, en 1794, disait des jacobins : « Ils proclament chaque jour la patrie en danger. En cela ils ont raison. Elle le sera tant qu’ils existeront ».

JG Malliarakis
©L'Insolent
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