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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
MARDI 8 NOVEMBRE 2005
UN CAUCHEMAR PEUT EN CACHER UN AUTRE
La carte soi-disant « réconciliatrice » que l’Élysée tient en réserve pour contrer Sarkozy ... Est-ce à de tels jeux que l’on peut jouer quand plusieurs centaines de milliers de Français sont déjà plongés dans l’horreur ?
Pourquoi donc ne pas rester tranquillement dans son fauteuil quand le monde entier est en furie ? Ce matin, 8 novembre, je pourrais en effet constater avec satisfaction, si j'étais boursicoteur, que la Bourse est plutôt bonne. L'indice CAC 40 est à 4 529, en hausse de 0,57 %. M. de Villepin annonce de son côté une mesure que je trouve d'ailleurs excellente : la possibilité de recourir à l'apprentissage dès 14 ans. J'ai suffisamment critiqué le plan Langevin-Wallon de 1944, expression du Socialisme maçonnique, et leur mise en place subreptice par l'arrêté Boulloche de 1959, et la continuité des néo-gaullistes et des néo-marxistes pour ne pas soutenir (sur ce point) le Premier ministre. Le camarade Aschieri proteste au nom de la Fédération Syndicale Unitaire de l'Éducation nationale : c'est toujours très bon signe.
On ne peut que féliciter surtout l'homme de Matignon de s'aligner, — au moins provisoirement, c'est hélas vraisemblable —, sur les positions de fermeté représentées par son collègue et néanmoins concurrent le ministre de l'Intérieur.
Ne soyons pas totalement dupes : d'abord il n'est pas tout à fait établi que la réactivation du dispositif de 1955 permettant aux préfets de décréter le couvre-feu soit entièrement suffisante, et, d'autre part, le contexte dans lequel cette annonce est faite lui donne un caractère de minimum vital de l'unité gouvernementale. Ceci intervient aussi à un moment où l'Europe commence à s'inquiéter.
Car, bien évidemment les émeutes ethniques barbares des deux dernières semaines constituent légitimement la préoccupation prioritaire des Français. Et je n’imagine personne de sensé plaçant le débat politicien, ou même diverses « contradictions » d’ordre social, devant l’apparition d’une menace sans précédent, même depuis le VIIIe siècle. Car, je le rappelle, quand l’armée franque de Charles Martel arrêta l’envahisseur entre Tours et Poitiers, probablement à Sainte-Maure de Touraine, celui-ci ne disposait pas, selon ce que nous en savons, d’une véritable cinquième colonne au sein de la société mérovingienne finissante.
Plus probablement d’ailleurs, les traîtres, les renégats et les faisandés (sous couvert, notamment, des idées propagées par l’arianisme) n’ont pas alors été assez forts pour permettre en Gaule franque un scénario analogue à celui de l’Ibérie wisigothe 20 ans plus tôt. Très clairement, les forces de résistance, incarnées par la dynastie montante des « maires du palais », d'où sortira Charlemagne, l’ont emporté alors sur les forces de décadence représentée par la dynastie certainement légale des « rois fainéants », descendants de Clovis, dont la légitimité nationale s’est trouvée balayée.
En face du cauchemar de l’effondrement définitif d’une France dévastée, livrée aux pillages et à la barbarie, chacun rêve, et c’est bien normal, sinon d’un nouvel « homme providentiel », du moins d’un gouvernement, quel qu’il soit, qui fasse son vrai boulot.
Cela conduit évidemment aussi à considérer la priorité des tâches d’un tel gouvernement ; Celles-ci paraissent aujourd’hui relever de l’ordre du salut public. Elles constituent, en définitive, les vraies missions du pouvoir politique ; Elles l'invitent à se recentrer sur le maintien de l’ordre, sur la défense du territoire et sur l’administration de la justice.
Or, c’est bien parce qu’on a multiplié par 10 le budget naturel et classique de l’État régalien, que l’on a d’abord appauvri économiquement le pays, mais également que l’on a faussé toute la vie politique. On en est arrivé au point que les forces de l’ordre sont prioritairement affectées à l’encaissement des contraventions, aux retraits de permis de conduire et à la répression du tabagisme ; parallèlement, l’armée elle-même se voit dépourvue de tout respect de sa propre fonction guerrière, en même temps que son identification nationale se trouve pourchassée idéologiquement ; quant à la justice, on la voit s’acharner à défendre non pas la société mais le droit prioritaire des ennemis et des destructeurs de la société.
Tendez tant soit peu l’oreille à ce qui monte du fond de notre peuple comme un bruit de la mer, inarticulé, indistinct et pourtant indiscutablement grandissant.
C'est un murmure puissant, il vient du fonds des âges de la conscience historique de tout un peuple. Cela inquiète terriblement nos manipulateurs et nos grands habiles, les communicateurs et les politiciens, les « glorieux de la décadence » comme les appelait déjà Beau de Loménie. Oui, nous devons être certains qu’ils feront tout pour entraver l’espérance, de ceux qui en ont assez de monter dans des transports en commun bondés et de s’y faire maltraiter par des sauvageons, qu’en plus nous entretenons, à ne rien faire et à menacer « nos filles et nos compagnes ».
Je ne me donnerai pas la peine de vous rappeler le refrain. Je ne crie jamais : « aux armes. » Mon arme à moi, c’est mon stylo.
Mais, pour une fois, j’aimerais que le réveil viril de ce qui demeure intact, au fond de nos mémoires, serve à autre chose qu’à figer devant leur poste de télévision les spectateurs passifs de joutes sportives plus ou moins truquées. Oui : « Réveillez-vous, vieille race, et reprenez possession de vous-même puisque vos maîtres défaillent. ». On se remémore ainsi le mot d'ordre que lançait Maurice Barrès, il y a un siècle.
Mais si je regarde froidement les pires gnomes de la IIIe république, ès-Panama, ès-Affaire des Fiches, ès-Affaires Stavisky, etc… permettez-moi de les trouver infiniment plus convenables que les gouapes diplômées accapareuses du pouvoir, flottant dans les habits trop larges taillés pour le général De Gaulle, grâce à ces faux-semblants autoritaires, bonapartistes, pseudo-présidentiels de la Constitution de 1958.
Et c’est précisément ce cauchemar que je voudrais exorciser.
Il se situe en vue de l’échéance 2007 du scrutin présidentiel, dans l’hypothèse où le gouvernement Villepin, faussement uni, parvenait à surmonter ces émeutes certes ignobles dans leurs méthodes mais encore limitées dans leur impact. Remarquez comment, depuis la réunion du Comité de sécurité intérieure réuni à l’Élysée le 5 novembre, le pouvoir a fait semblant de s’aligner « unanimement » sur la ligne de fermeté représentée jusque-là grosso modo par M. Sarkozy et disons-le précisément : par le ministre de l’Intérieur seul, sans même que celui-ci ait reçu le moindre encouragement de ceux dont la fonction même serait de le soutenir, par-delà les clivages du passé ou les options programmatiques divergentes.
Sans doute, ni M. Chirac ni M. de Villepin ne ressentent la moindre sincérité dans ce ralliement à la fermeté. Ils incarnent la division chronique des droites.
Eh bien prenons garde.
En 2006, un homme réapparaîtra sur le marché de la pseudo-réconciliation comme le sauveur, le restaurateur de l’union des droites. Cet homme a été le fondateur de l’UMP. Nous voulons parler de l’exécrable Alain Juppé, tireur de ficelles dans l’ombre, dès la constitution du gouvernement Raffarin en 2002. Il s’est fait tout petit quelques mois, après une sanction de justice jugée « non infamante » puisqu’elle ne le rendait inéligible que jusqu’en 2006. Il paraît qu’à cette date ce roquet condamné lors du procès de première instance à Nanterre en raison de son arrogance (M. Je-sais-tout ne savait rien...) sera redevenu honorable, crédible, fiable et fréquentable.
Voilà la carte soi-disant « réconciliatrice » que l’Élysée tient en réserve pour contrer Sarkozy, quand les insuffisances de Villepin seront devenues éclatantes. La robe sans couture du gaullisme se trouvera à nouveau, éclatante de lin… Quelle blague !
Est-ce à de tels jeux que l’on peut jouer quand plusieurs centaines de milliers de Français sont déjà plongés dans l’horreur désormais quotidienne, leurs lieux de travail et leurs moyens d’existence pillés, face aux écoles dévastées de leurs enfants effrayés et en larme, face à la carcasse de leurs pauvres instruments de transports.
N’est-ce pas un cauchemar que cet arrogant scénario politicien, n'est-ce pas une aggravation de l’autre cauchemar, bien visible et déjà scandaleux ?
On doit là aussi déjouer cette hypothèse et la dénoncer par avance.
Je considère comme mon devoir de le faire.
©L'Insolent
(1) Je me permets de renvoyer aux divers articles que j'ai été amené à écrire pour rappeler le bilan politique de M. Juppé, et au-delà de son procès. Qu'on me pardonne de me citer moi-même, et de renvoyer au besoin à notre Moteur de recherche où l'on peut taper impunément "juppé".
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