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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
JEUDI 17 NOVEMBRE 2005
FAUT-IL DIRE MERCI À M. BARROSO ?
Faut-il remercier le président de la Commission européenne de nous proposer une aumône de 50 millions d'euros ou de nous faire toucher du doigt la réalité ?Il était difficile de trouver les mots pour commenter, au lendemain du 14 novembre, l'intervention, particulièrement lamentable, du p. de la r., prétendant intervenir au 19e jour des émeutes ethniques parties de la Seine Saint Denis. Seul Bossuet en donne la mesure. L'aigle de Meaux le constate, en effet : « Le Ciel se rit des prières qu'on lui fait, pour détourner de soi des maux dont on persiste à chérir les causes. ».
Plus riches m'ont semblé, la veille, les indications résultant des propos tenus le 13 novembre (1) par M. Jose Manuel Barroso.
Le président de la Commission européenne ne s'exprime pas assez sur les médiats français (2). C'est assurément fort dommage car, d'abord, son poids dans les grandes décisions est sans doute supérieur à celui des dirigeants parisiens.
D'autre part, en dépit de certaines réminiscences d’une turbulente jeunesse maoïste, M. Barroso se révèle largement plus sérieux que la plupart de nos politiciens hexagonaux, eux-mêmes trotskistes de salon et qui le sont demeurés.
Quand, donc, le président de la Commission considère que le problème de l’immigration en général, et celui des banlieues en émeutes de l’Hexagone en particulier, prend une dimension européenne, il souligne une double évidence.
D’un côté, bradant la nationalité française comme il le fait, le pouvoir parisien compromet, aussi, la citoyenneté de l’Union comme il fait bon marché des accords de Schengen.
Bientôt, si ce n’est déjà fait, le passeport français sera observé par nos partenaires avec la même réticence que celui de certains États balkaniques ou est-européens. De soupçonneux et injustes cerbères aux frontières inclineront à considérer les passeports à l'enseigne de la république française avec la circonspection, si injuste, dont on pénalise, dans les aéroports d'Europe centrale, les détenteurs de passeports albanais. Il entre dans la fonction moment des contrôleurs et autres douaniers de s'interroger, de soupçonner : s’agit-il d’un mafieux ? D’un gitan ? Voire d’un terroriste ? Dans les aéroports américains on signale déjà certains incidents dont se plaignent nos concitoyens.
Plus généralement, la libre circulation au sein de l’Union européenne confère une réalité continentale aux flux démographiques.
À vrai dire d’ailleurs, jusqu’à une date récente on avait tendance en Europe à considérer, en gros, une ligne partageant entre l’Europe catholique du sud et l’Europe protestante du nord, et répartissant aussi les mêmes pays du point de vue du taux de natalité. À la fin des années 1980, cette division a disparu. Les pays méditerranéens sont devenus, eux aussi, des peuples en voie de disparition lente. La peste blanche s’est étendue au sud et à l’est du continent.
En même temps, le fait migratoire est devenu progressivement, non plus un appoint conjoncturel de main-d’œuvre mais une perspective de la démographie interne. On parle tranquillement aujourd'hui, de faire payer la retraite des Allemands ou des Français, dite « par répartition » (ce qui n’est rien d’autre que du communisme) par des « jeunes » issus du Maghreb, de l’Asie mineure ou de l’Afrique subsaharienne. (3)
Ainsi donc, l’immigration peut être pensée, gérée, digérée de manière continentale, voire « globale » par des technocrates raffolant d’une gestion quantitative des populations. 30 % de jeunes arrachés au plateau anatolien transférés dans les länder industriels de la République fédérale plus 70 % d’Allemands, cela fait donc encore … 100% d’Allemands. Curieuse arithmétique. C’est celle des technocrates.
M. Barroso n’entre pas, il est vrai, dans de telles considérations.
Les idées les plus pernicieuses seraient, en général, plutôt le fait de nos monopolistes hexagonaux, des « sauveurs de la Répartition », des « chasseurs de toute discrimination » et autres « pourfendeurs de l’ultra libéralisme » (4).
Au niveau où se place la Commission de Bruxelles, il s’agit surtout de se préoccuper de choses très concrètes et de tenir compte d’une vague montante de gouvernements à participation « populiste » : après l’Autriche, les Pays-Bas, l’Italie et le Danemark c’est maintenant au tour de la Pologne de rompre le cordon sanitaire. Il va devenir de plus en plus difficile au sein des conseils européens de faire comme si de tels gouvernements n’existaient pas, d’autant plus que certains autres gouvernements politiquement beaucoup plus « corrects » comme celui de Zapatero en Espagne sont amenés, précisément pour éviter le retour de la droite alliée aux éléments dits « populistes », à adopter une politique plus ferme vis-à-vis de l’immigration.
La préoccupation de M. Barroso, et celle de l’Europe, c’est enfin de ne pas voir le désordre français bloquer certains aspects de la vie matérielle européenne.
Depuis plusieurs années les axes autoroutiers ont été placés dans l’obligation de fonctionner, l’Hexagone étant sur le passage de Barcelone à Rotterdam : que MM. les Français, nos amis, fassent ce qu’ils veulent, qu’ils grognent, etc.. dans les limites de leur patrimoine, qu’ils « redistribuent » chez eux, mais qu’ils ne touchent pas à la prospérité des partenaires.
Or, ce 13 novembre, le président de la Commission européenne est allé plus loin et je m’étonne que personne ne l’ait remarqué.
En proposant un concours européen de 50 millions d’euros pour les banlieues françaises, il nous a signifié deux choses. La première résume toutes les considérations exprimées plus haut, la seconde est d’ordre quantitatif.
Cette somme est en effet dérisoire. Nous en sommes au 20e jour de dommages, à 9 000 véhicules brûlés. Après 15 jours la Fédération française des sociétés d'assurance évaluait à 200 millions les sinistres que les assureurs français vont rembourser dont 20 millions, à peine 10 % pour les automobiles incendiées.
Rapporté à 8 000 voitures, cela fait environ 2 500 euros par véhicules. Autrement dit, des milliers de ménages modestes vont subir une perte sèche, devoir s'endetter encore plus, etc.. Et ceci ne porte, comme on vient de le noter, que sur une faible partie des dégâts puisque tout y est passé, dans la sauvagerie des voyous, même les églises et les écoles maternelles.
Si la France a besoin de 50 millions d’euros de fonds européens pour ce qu’on appelle pompeusement un « plan Marshall pour les banlieues », c’est qu’elle est exsangue. Au moment du plan de Constantine de 1959, j’étais un gamin de 15 ans et je me souviens de l’émotion que faisait en nous vibrer cette exclamation, un peu pompeuse, du général De Gaulle, disant alors, car il s’agissait alors de concrétiser l’Algérie française : « Comme c’est grand, comme c’est généreux, la France ! »
Aujourd’hui, on prétend faire en quelque sorte un plan de Constantine aux dimensions de la métropole mais on ne peut plus dire la même chose.
Il est devenu bien petit, bien rabougri, bien égrotant ce cher et vieux pays.
Or, même atteinte de la maladie d’Alzheimer comme 800 000 vieillards le sont déjà en France, une mère reste une mère.
Mais on ne peut plus compter sur elle, comme quand nous étions enfants et bien au-delà, pour nous consoler et nous aider : c’est aujourd’hui à nous, de la porter, de la protéger et de la sauver.
©L'Insolent
(1) Sur Europe n° 1 et TV 5.
(2) Ainsi, M. Chirac, ordinairement assisté de sa fille Claude, s'est-il employé à écarter de la campagne référendaire en vue du 29 mai les deux personnalités, MM. Barroso et Giscard d'Estaing, autant dire les plus représentatives, du projet dont, par ailleurs on sollicitait la ratification par les Français. On se souvient du résultat.
(3) L’expression Afrique « noire » serait ici mal venue, elle suggère que l’Europe serait « blanche » et ce Maghreb arabo-berbère : qu’allait-on imaginer ?
(4) À ce sujet le glissement sémantique se poursuit. Au départ le préfixe « ultra » avait pour but de récupérer l’adjectif libéral perçu positivement par les usagers de la langue française. Le voici désormais largement contaminé. Alternatives Économiques titre sa dernière livraison « 25 ans de libéralisme ».
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