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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

JEUDI 24 NOVEMBRE 2005

L'ÉCHEC CÉGÉTISTE EST UNE BONNE NOUVELLE MAIS...

Manif CGT du 22 novembre

... l'hypothèque communiste sur la France demeure idéologiquement intacte.

Avant d'analyser l'échec des grèves SNCF et RATP organisées par la CGT ces 22 et 23 novembre, commençons par une remarque sur la privatisation EDF.

Plusieurs surprises ont en effet caractérisé, ce lundi 21 novembre, l'opération de « privatisation partielle » d'EDF lancée par le gouvernement.

La première surprise, il faut le reconnaître, portait sur le fait même que l'État central parisien s'engageât dans un tel processus. Il avait été « prévu » certes de très longe date, mais systématiquement retardé. Qu'on se souvienne seulement de « l'unanimité » conservatrice, à l'époque où le ministère de l'Industrie, en 1993, sous le gouvernement Balladur, cherchait à contrecarrer l'application en France des normes concurrentielles et l'Accès des Tiers au Réseau.

En 12 ans, beaucoup de chemin a été accompli.

En même temps, on doit se représenter les véritables raisons qui imposent à cet État déliquescent et capitulard de procéder de la sorte.

Ce ne sont pas seulement les directives européennes, c'est tout simplement d'abord la nécessité de boucher les trous de trésorerie. En dehors même des fameux 3 % de Maastricht les finances publiques se portent très mal : « il faut vendre ».

Or, deuxième surprise, plus de 5 millions de Français se sont précipités pour acquérir une part d'EDF (1). La raison n'est peut-être pas aussi saine que pourraient le croire les défenseurs de l'épargne privée, dont je suis. Beaucoup de « boursicotage » dans cet engouement.

Et, troisième surprise : « on » a dû manipuler les cours pour rester à 32 euros à la clôture. Manifestement, les marchés sont demeurés réticents. Très vite, le cours était descendu, dès le premier jour au-dessous de 26 euros, et il a fallu l'intervention artificielle des banques pour faire reculer cette tendance baissière.

Eh bien on comprend cette attitude des marchés.

En apparence, en effet, EDF dispose certes de nombreux atouts d'ordre technique. Sa position sur le marché intérieur français est très forte. Avec un taux de « PEON » pourcentage d'électricité d'origine nucléaire supérieure à 80 %, EDF est en position de force en Europe, par exemple en Allemagne, le prix de revient du Kw heure est supérieur, en moyenne, de 30 %. Et puis cet outil de production demeure globalement remarquable.

En contrepartie, EDF est à la pointe de ce qu'on appelle le « modèle social français », qu'on devrait appeler le délire social de notre pays.

C'est un bastion de la CGT qui notoirement rémunère ses permanents grâce au comité d'entreprise du groupe, dans des conditions largement scandaleuses mais encore impunies. Ce monopole historique y est très puissant.

Or, la grève SNCF du 22 novembre aura été, une fois de plus, l'occasion d'observer sur ce point la lâcheté vomitive d'un pouvoir où le « chef » de « l'État » vient une fois de plus de s'affirmer « garant » de la non-privatisation du chemin de fer (2).
De quelle vieillerie communiste M. Chirac n'est-il pas le garant ?
Cela, les marchés financiers le savent probablement mieux que les épargnants individuels et les communicateurs et autres docteurs Tant Mieux.

Parlant ce 22 novembre à 7 heures 22 dans sa chronique quotidienne de 3 minutes, à propos de la CGT, M. Jean-Marc Sylvestre, bien qu'il soit classé comme l'un des journalistes les plus « libéraux » (comparé aux autres, ce n'est pas difficile) des ondes publiques n'a pas cru bon de dire un mot, un seul mot, laissant entendre que la CGT a toujours été, et demeure plus que jamais un organisme communiste. La seule différence avec la période 1945-1991, c'est que désormais la direction n'est plus officiellement à moitié communiste : depuis que Bernard Thibault, « étoile montante » apparue en novembre-décembre 1995 au firmament syndical et médiatique, s'est trouvé « élu » en 1999, seul candidat, et à l'unanimité, successeur de Vianney, le PCF représente les 2/3 des membres de la direction cégétiste.

En effet, par la grève des transports publics, à Marseille depuis des semaines, la SNCF, la RATP, etc la CGT est en train d'atteindre son seuil maximal de détestation dans l'opinion. Mais il ne faut surtout pas rattacher son attitude à des consignes communistes : ce serait sans doute « faire le jeu de l'extrême droite ». (Quelle horreur !!!)

Cela, M. Sylvestre ne l'ignore pas : pourquoi ne le dit-il pas ?

Il est à remarquer, tout de même, malgré tout cela que les deux grèves, SNCF et RATP ont été des échecs piteux.

Oh certes elles ont encore empoisonné la vie de nombreux Franciliens, usagers du RER notamment, et par ricochet des automobilistes contraints de se déplacer de la sorte.
Mais les chiffres réels sont là.

Pour la SNCF, sur 96 628 personnes qui devaient travailler du 21 novembre 20 heures au 22 novembre à 11 heures (3) : 74 590 personnes travaillaient quand seulement 22 038 personnes étaient en grève, soit 22,8 %.
Quant à la grève de la RATP le 24 novembre, annoncée pour terrible et déposée comme reconductible, dès 7 h 45 on savait que seules 2 lignes de métro sur 14 étaient perturbées, que les autobus circulaient quasi normalement et les tramways normalement.

Autre échec significatif : le 30 septembre un accord d'intéressement avait été proposé par la direction de la SNCF et refusé par la CGT majoritaire, depuis le passage de Fitermann au ministère des Transports, au sein du comité d'entreprise. Il se serait traduit par une prime de 160 à 200 euros par salarié. Après la grève, généreusement, la direction a accordé une prime de 120 euros : débâcle et dérision du syndicalisme revendicatif.

Le recul du taux effectif de gréviste, à peine perçu par les grands moyens d'information (à croire que les journalistes des gros médiats n'empruntent pas les transports en commun) s'explique par plusieurs raisons, parmi lesquelles les dispositions du gouvernement Raffarin supprimant en 2003 le paiement "traditionnel", mais illégal, des jours de grève. (4)

Mais l'hypothèque communiste demeure intacte dans le pays légal, — et dans le paysage intellectuel français — car tout ce qui déplaît aux communistes fait honte à nos dirigeants qui s'excusent, qui mentent délibérément et qui ne privatisent que subrepticement.

L'hypothèque communiste est également développée dans la sphère idéologique ; il faut lire par exemple les 15 revendications totalement irréalistes et artificielles de la CGT en vue de la grève du 22 novembre à la SNCF. On croirait lire le journal Alternatives Économiques ; on croirait lire un communiqué de la Fédération syndicale unitaire de l'Éducation nationale dont on se demande si désormais elle n'a pas plus de poids que la CGT elle-même dans la sociologie des adhérents du parti communiste et d'Attac.

De ce point de  vue, le règne sans partage de l'idéologie « alter-mondialiste » demeure la plaie de ce pays, et on le sait en dehors de nos frontières.

L'hypothèque communiste on la voit par-dessus dans l'attitude de M. Chirac et de ses porte-coton.

Tant que cette hypothèque permanente pesant sur notre pays ne sera pas levée, il ne faut pas s'étonner de voir la méfiance, et parfois même l'injustice dénaturer et dévaluer l'image de la France à l'étranger.

.

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) Je répugne à en répercuter répercuter le « nouveau sigle » très laid, qui a dû coûter très cher.

(2) La dépêche AFP est de 13 h 54. À cette heure-là, une telle déclaration présidentielle ne servait plus à rien. Dès les 3 et 4 novembre le ministre à l'Assemblée nationale et le président de la SNCF M. Gallois étaient intervenus dans ce sens.

(3) Moment de l'évaluation officielle réalisée par la direction sur une base de comptabilisation instaurée il y a plusieurs années (et qui est favorable aux grévistes puisque ce taux ne comprend pas dans le nombre des personnes supposées travailler les « grippés administratifs ». On doit savoir que les bureaucraties syndicales n'ont aucune autre évaluation et que les chiffres qu'elles cherchent à faire accréditer auprès de journalistes complaisants sont totalement fantaisistes.

(4) Citons aussi la conjoncture des émeutes ethniques des jours précédents et n'oublions pas non plus le signe constitué par la courageuse mobilisation des jeunes militants de Liberté chérie à Marseille, ces la CGT les retrouveront désormais en face d'elle et elle sait leur impact dans l'opinion.

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