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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
LUNDI 12 DÉCEMBRE 2005
HYSTÉRIES ANTIFRANÇAISES et RÉMINISCENCES COMMUNISTES
"De quoi souffre l'hystérique ? il souffre de réminiscences." Sigmund Freud (Introduction à la Psychanalyse).
D'une affaire Finkielkraut qui ne fait que commencer à cette décolonisation qui n'en finit pas de s'achever.
Entre deux déplacements qui paralysent la rédaction et plus encore la mise en place de ce libre bulletin, j'éprouve en ce moment le sentiment d'avoir à récapituler diverses manifestations de l'hystérie franco-française, — où la tonalité anti-française prend d'ailleurs et de plus en plus un tour consternant.
Je m'interrogerai donc moins aujourd'hui sur les errements économiques de la pensée dominante que sur l'autodestruction masochiste d'une nation. L'état de l'économie, et son degré de liberté, ne sont en général que les reflets des rapports de droit et des respects réciproques unissant entre elles les diverses composantes de la société (1).
L'hystérie anti-française s'est vue il y a quelques jours avec la première phase de l'affaire Finkielkraut, laquelle reprendra à la première étincelle, c'est-à-dire à la prochaine déclaration de l'intéressé.
Pour commencer, on doit admettre ici que les propos de M. Alain Finkielkraut sont habituellement et depuis plusieurs années, très supérieurs en qualité à ceux de ses adversaires. Quand il prend lui-même la parole c’est de manière élégante et mesurée pour exprimer ce que pensent la plupart des Français de bon sens.
Pour résumer sa pensée, nous retiendrons par exemple, cette objection fondamentale entendue il y a quelque 20 ans lors d’un débat radiophonique « il est interdit d’interdire, ce programme de mai 1968, mais ce n’est pas la devise de la liberté, c’est celle de la goujaterie ». Tout était dit. Après un tel direct au foie, KO définitif, impardonnable assurément, la pensée soixante-huitarde avait besoin de prendre sa revanche.
Elle croit la tenir grâce à un entretien publié, de manière provocatrice et falsificatrice, par le journal de la gauche caviar israélienne, le post-sioniste Haaretz daté du 16 novembre. On y fait tenir à Finkielkraut des propos qui, coupés de leur contexte et savamment raccourcis pourraient sans difficulté porter la signature d’un Bruno Gollnisch ou même de Jean-Marie Le Pen (horresco referens).
À vrai dire, c’est bien l’une des caractéristiques de la diabolisation ambiante : seules certaines personnes ont, à Paris, le droit de constater qu’il fait jour à midi. Et si certaines autres font quoi que ce soit pour les approuver, de telles convergences sont polluantes. Et c’est toujours le parti communiste, ou sa succursale prétendument « antiraciste » du MRAP qui demeure, en l’occurrence l’arbitre des élégances.
Haro par conséquent sur le Finkielkraut apparent, le Finkielkraut artificiel fabriqué par l'interview d'Haaretz. Le MRAP va jusqu’à menacer de porter plainte sous prétexte, par exemple, que M. Finkielkraut aurait osé dire que l’équipe de France de football serait plus « black, black, black » que vraiment « black, blanc, beur ». Mais cette évidence, d’autres ont pu la constater à la télévision.
Il est vrai que le même Alain Finkielkraut aurait osé, au moment des manifestations lycéennes de ce printemps, dénoncer le « racisme anti-Blancs » de certains commandos de « jeunes » infiltrés dans les monômes de gamins.
Racisme anti-blanc ? Haine des Français ? Pas possible ! nous affirme-t-on sentencieusement. La haine et le racisme cela ne saurait exister que chez les grands dolichocéphales blonds, auxquels un Jean-Paul Sartre adjoint quelques « salauds latins » comme le général Franco, les héritiers de Sartre se focalisant désormais aussi sur Ariel Sharon.
Tout le monde, ou presque, est donc tombé sur Finkielkraut. À commencer par lui-même qui, dans une réponse au Monde du 25 novembre s’excuse pour le personnage auquel on fait dire que…, et dans lequel « il ne se reconnaît pas. »
Étrangement, personne ne semble l’avoir pris à partie pour les propos « réservés » à l’égard des Français et de la France qui ont pu sembler être les siens, au titre d’un « rapport de haine avec ce pays » que pourraient entretenir légitimement les victimes de l’holocauste. Après des années d’un discours liturgique, — discours sans doute excessif, mais dans lequel on nous a élevés, nous les petits Français de l'après-guerre, — discours selon lequel la France unanime aurait été gaulliste, résistante, protectrice des Juifs, etc. un autre discours relayé par M. Chirac en 1995 rend, au contraire, la France elle-même, non pas ses gouvernants jugés illégitimes du temps du malheur, mais la France en tant que telle, responsable des crimes imputés jusque-là essentiellement aux Allemands, ou plus exactement à ceux des Allemands que l'on désigne comme nazis. Nous nous garderons bien de polémiquer.
La question centrale de l'affaire Finkielkraut n'est pas là.
En effet, nous sommes en présence d’une question journalistique essentielle : que vaut une « interview » dont la personne questionnée n’a pas accès à son propre texte ? C’est une œuvre de l’esprit, certes : c’est l’œuvre des journalistes et, en l’occurrence, une œuvre de mauvaise foi.
Si nous comprenons le texte et la pensée de M. Finkielkraut, qui est Français et non Israélien, nous comprenons cette évocation du rapport « de haine » (a-t-il même employé ce mot ? haine est un mot très fort en français et qui nous choque, quand nous lisons la Bible, Évangile compris encore « le monde vous haïra ») Nous comprenons que M. Finkielkraut « pourrait » éprouver du ressentiment. Et de même les victimes de la Turquie, de l’Union soviétique ou de l’Algérie pourraient, en France, éprouver, non moins légitimement, un ressentiment analogue à l’encontre de la turcophilie officielle française, de la soviétophilie française, de l’arabophilie française.
Il serait compréhensible, sinon toujours légitime (par exemple, on peut avoir de la sympathie pour la cause arménienne, on ne pouvait guère approuver les attentats de l’ASALA commis sur le sol français).
Pourtant, en France, ni les Juifs, ni les Arméniens, ni les Grecs, ni les Russes, ni les Pieds-Noirs (dont la moitié n’étaient pas Français de souche) n’ont jamais manifesté cette haine de la France qu’on a pu mesurer lors des émeutes de novembre.
Cette haine c’est l’école post-1968, l’école noyautée par les marxistes, c’est le monde des municipalités socialo-communistes, c’est le monde des médiats branchés qui la véhicule depuis 20 ans.
Un petit Français d'origine juive polonaise, un petit Français d'origine arménienne, un petit Français d'origine grecque, un petit Français d'origine russe, un petit rapatrié d’Algérie qu’il soit d’origine aveyronnaise ou espagnole, lorraine ou maltaise a été élevé par des instituteurs et des maîtres qui lui ont appris à aimer la France, à gommer la question des origines, au point bien souvent, peut-être trop souvent, à rompre avec ses racines. De même un petit Antillais, Français depuis plus longtemps qu'un Savoyard, un Niçois ou même un Franc-Comtois, comme chacun devrait le savoir.
Ce n’est donc ni une question de pigmentation de la peau ni même une question de religion, puisque dans les exemples cités on voit bien qu'il n'y a pas que des catholiques.
Un petit Malien ou un petit Algérien, aujourd’hui, se trouve dans une situation inverse. L'école d'État lui apprend à détester la France, elle lui apprend à faire d'un ressentiment, le plus souvent fabriqué, contre le pays qui l'accueille, la base de son jugement sur ceux qui ont vocation à devenir ses concitoyens.
C’est donc d'abord l’école d’État, et secondairement le souffle sur les braises entretenues par certains secteurs de l’islamisme radical, et peut-être la sous-culture hip-hop (?) qu’il faut accuser (2).
Et c’est M. Finkielkraut qu’il faut défendre.
Or, nous avons vu, entre la pitoyable réunion de Bamako, les déclarations ahurissantes de MM. Chirac et Villepin, y compris sur Austerlitz et la campagne autour de la loi de février 2005 enjoignant de présenter aux élèves les aspects positifs de la colonisation, combien l'État lui-même était psychologiquement fragile face à son passé (dé)colonisateur.
Nous nous posons, désormais, de plus en plus la question : la France est-elle indépendante de ses anciennes colonies, et parmi celles-ci de celle dont le gouvernement est le plus vénéneux, le plus paléo-stalinien, le plus malfaisant pour son propre peuple : celui de l'État barbaresque généreusement gratifié en 1962, par De Gaulle, du Sahara et de son pétrole.
Dans son édition du 8 décembre, Le Monde qui met désormais des photos en première page, publie celle d'une manif arborant la citation indécente de Frantz Fanon, '"C'est au nom de l'Esprit, - de l'esprit européen s'entend, - que l'Europe a justifié l'esclavage".
On entre alors dans le délire rétrospectif total.
En tant que descendant (en partie) d'un peuple qui ne supporte guère le souvenir d'avoir été l'esclave des Turcs pendant plusieurs siècles, je n'éprouve évidemment aucune sympathie pour l'esclavage et en aucune circonstance je n'ai envie d'en prendre la défense. Je laisse au remarquable Que Sais-je n° 667 le soin de rappeler, scientifiquement, que l'esclavage des vaincus est cependant un progrès par rapport à l'anthropophagie.
Ne nous interrogeons même pas sur ce qu'implique la référence à Frantz Fanon. Évaluons la sottise proférée sans nous attarder sur son auteur de référence.
Posons-nous d'abord la question : quel autre continent que l'Europe, et quelle autre religion que le christianisme, s'est employé à abolir l'esclavage ? Où sont, par exemple, les Bartholomée de Las Cases et les Victor Schœlcher ou les Lincoln (plus tardif) saoudiens, chinois, turcs, indiens, malais, amérindiens, persans, javanais, etc. ? Comme je serais heureux de pouvoir visiter une exposition de l'Institut du monde arabe ou du Musée des Arts premiers dès lors qu'elle serait (qu'elle sera bientôt, je ne peux pas en douter) consacrée à la gloire de tels bienfaiteurs méconnus venus des mondes extra-européens en général, et en particulier du monde islamique.
Et curieusement aussi, quand on fait, en occident et en occident seulement, de retentissants procès contre les cas d'esclavage moderne, il y a certes quelques cas d'occidentaux, et je milite volontiers pour une sévérité maximale à leur encontre. mais en Europe même ces cas très rares et scandaleux, que jamais personne ne cherche à justifier, — et surtout pas au nom de "l'esprit européen" ! — me semblent très minoritaires pour ne pas dire exceptionnels par rapport à ceux de diplomates ou d'hommes d'affaires venus de pays qui prétendent nous juger.
Il faudrait également ajouter deux choses :
1° l'esclavage au XXe siècle a pris des proportions considérables grâce au communisme et à son travail carcéral du Goulag. Et dans la Chine communiste affairiste actuelle je voudrais être certain que les conditions de travail de la classe ouvrière ne s'apparentent pas à l'esclavage.
2° enfin de tous les continents celui qui porte la plus grande responsabilité dans la traite des Noirs c'est très probablement le continent africain et ses roitelets indignes qui vendaient leurs sujets aux marchands d'esclaves.
Quant à la loi chiraquienne de 2005 visant à rétablir un équilibre dans l'enseignement démentiel de l'Histoire tel qu'il fonctionne malheureusement, elle appelle évidemment divers commentaires.
Certes une telle loi paraît superfétatoire : on devrait s'en tenir, pour le moins, à la circulaire de Jules Ferry qui se voulait fondatrice de la neutralité scolaire. Il est de surcroît insensé d'avoir à légiférer sur le contenu de l'enseignement de l'Histoire : mais ne l'a-t-on pas fait depuis des années ? Ceux qui protestent aujourd'hui n'ont-ils pas usé et abusé du droit d'insulter la France aux frais des contribuables français et au risque des citoyens français ?
Quand un personnage répondant au nom de Villepin se dérobe pour le deuxième centenaire d'Austerlitz au nom d'une Histoire recomposée, on se prend à regretter qu'un tel crétin n'ait pas appris une véritable Histoire française de la France qui lui eût permis de savoir, par exemple, que Napoléon a d'autres titres de bassesse, par exemple l'assassinat du duc d'Enghien.
Je comprends donc, au travers de cet exemple risible, celui d'un enfant tard venu, produit de la société giscardienne, mal dans sa peau de Français, élevé dans le rêve d'un monde sans guerre et d'un pays sans ennemi, que l'enseignement historique soit nécessaire pour éclairer les citoyens sur les conflits qui les attendent demain.
Je comprends aussi, sans y applaudir nécessairement, que la représentation nationale, - à laquelle M. de Villepin n'a jamais appartenu faut-il le souligner ? - ait voulu rétablir par la loi un minimum de l'équilibre rompu entre les points enseignés aux élèves au frais du contribuable, relatifs à la colonisation. Celle-ci, dois-je le rappeler, a bel et bien entraîné, de toute évidence, beaucoup de bienfaits, éducatifs, culturels ou médicaux, etc. Sans elle, par exemple, le problème démographique africain serait différent de ce qu'il est, de nos jours !
Je comprends moins à quel niveau de légitimité pourrait bien se référer le complaisant délire entretenu là contre par les faiseurs d'opinion.
On dirait qu'il n'y a pas de limite, en France, à l'hystérie antifrançaise. Je considère de plus en plus qu'elle prend racine à la fois sur l'ancienne dialectique et qu'elle redonne vie aux anciens réseaux, toujours impunis, du communisme. Dites-moi si je me trompe…
JG Malliarakis
©L'Insolent(1) J'enrage d'autant plus de ne pouvoir encore à renvoyer qu'à un livre à paraître fin janvier, les Harmonies économies de Frédéric Bastiat qui développe cela très bien.
(2) Sans chercher en quoi que ce soit à prendre la défense ni des islamistes dont je redoute les folies criminelles ni des rappeurs dont j'exècre les scansions, je tiens à préciser que je ne classe pas, sur ce point, les responsabilités dans le même ordre que ne le font les journaux bien-pensants. Interdire le rap en tant que tel est aussi idiot que de l'avoir subventionné pendant des années au titre de la chanson "francophone". Il existe des textes de lois sanctionnant les excitations à la haine : il suffirait de les appliquer, dans certains cas trop évidents.
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