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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
MERCREDI 21 DÉCEMBRE 2005
AU LENDEMAIN DE L'ACCORD BUDGÉTAIRE EUROPÉEN
Il était temps que Mme Merkel fasse entendre la voix du principal contributeur.
L'heureuse mais laborieuse conclusion des affrontements budgétaires au sein de l'Union européenne est intervenue seulement à l'aube du 17 décembre. Il n'est pas trop tard pour en parler, puisqu'elle engage l'Europe pour plusieurs années.
Elle suscite une très forte critique à Londres, notamment de la part des gros journaux conservateurs comme le Daily Mail et le Daily Telegraph.
Ces journaux parlent de « capitulation » et le porte-parole des tories fustige des concessions disproportionnées arrachées par Chirac et « les Français » sur la question de la ristourne britannique.
C'est peu dire que d'employer, à propos du spectacle donné par les membres du Conseil européen, l'expression de « marchands de tapis ». C'est une première et triste impression. C'est un des aspects inéluctables de l'Europe « intergouvernementale ».
Notons d'abord l'asymétrie de la négociation.
1° Du côté de Londres.
Au moins le gouvernement anglais s'accrochait, et continue en très grande partie à le faire, à des positions nationales tangibles et quantifiables. La redoutable négociatrice qu'était Margaret Thatcher a obtenu en 1984, dans un contexte totalement périmé, un avantage considérable, dont les bases ne se justifient pratiquement plus aujourd'hui. Au moins grâce à cela le contribuable britannique paie moins d'impôts pour ce projet européen sur lequel son opinion demeure si réservée.
2° Du côté des défenseurs de la PAC.
Au contraire, la position franco-chiraquienne est absurde. Car le Chirakistan s'accroche à une politique agricole commune (PAC), dont la première version remonte à 1962, et dont les effets ont été désastreux pour des campagnes françaises dévastées, des villages dépeuplés, une paysannerie pratiquement détruite, surendettée, gorgée d'une propriété foncière dévaluée – mais disposant d'une sureprésentation parisienne. Il existe plus de 300 organisations agricoles à Paris, c'est-à-dire sensiblement plus qu'on ne dénombre de congrégations religieuses à Rome.
Pour maintenir cette PAC, ses mécanismes de subventions et de charges tant financières et sociales énormes, ses interventions foncières absurdes et généralement mafieuses (pardon : « syndicales »), ses réseaux de pouvoirs et son lobby social (pour plus de 5 000 000 de « ressortissants » d'une Mutualité sociale agricole subventionnée à 85 %) – pour identifier cette nuisance globale à l'identité nationale le gouvernement de Paris développe une politique qui réussit le tour de force de léser, à la fois, l'Afrique, l'Europe, l'Amérique et l'Océanie. Pas mal pour un pays en perte de vitesse ! « Nous existons encore puisque nous pouvons encore détruire » disaient les gaullistes sous la IVe république dont ils déstabilisaient, sans trop de difficulté, les « gouvernements de rencontre ». Un demi-siècle plus tard cette politique continue d'indisposer le monde.
Il était donc temps que Mme Merkel fasse entendre la voix du principal contributeur au budget européen.
On avouera en effet entrevoir une lueur de ciel bleu, dans cette grisaille, au gré de la réaffirmation d'une influence allemande en la personne de Mme Merkel la trop courte victoire, presque un match nul, obtenue par elle et son parti aux élections du Bundestag semblait, depuis plusieurs semaines, être de nature à décourager les espérances attachées au retour à la tête du gouvernement de Berlin des équipes de droite. Tout cela, conjugué au « non » référendaire en France et aux Pays-Bas, obscurcissait sérieusement les perspectives européennes.
Dès 1992, on pouvait percevoir que l'Europe évoluerait d'une domination franco-allemande vers un accord des deux pays « moteurs » de la construction européenne avec la Grande Bretagne (1). La maladresse et l'arrogance de M. Chirac et de ses premiers ministres successifs Juppé (1995-1997) puis Jospin (1997-2002), l'un comme l'autre aussi psychorigides, ont considérablement ralenti cette nécessaire évolution. Aujourd'hui encore le style « bonapartiste » tant de M. Chirac que de son Villepin transforme le dialogue franco-anglais en combat de coqs.
L'Allemagne joue donc nécessairement le rôle de conciliateur. Elle le fera d'autant mieux qu'elle se trouve débarrassée de Schroeder (2).
Bien entendu, les souverainistes qui se félicitent de la victoire, le 29 mai, de « l'Europe des nations » sur l'émergence d'une Union supranationale ne devraient que se réjouir de la réaffirmation de ce type de jeux « intergouvernementaux ».
Ils ne devraient pas perdre de vue que dans un tel paysage, hélas, tant vaut la pertinence du gouvernement français, tant vaudra la gestion des intérêts réels du peuple de France et de son économie dans de telles négociations.Il se trouve en effet, malgré tous les discours dirigés contre « les technocrates de Bruxelles » que, dans un nombre considérable de cas leurs directives tant critiquées (et dont certaines sont évidemment critiquables) sont moins contraires, finalement, à l'intérêt des peuples, que les prétendues « décisions souveraines » des États-Membres, c'est-à-dire des gouvernements.
L'exemple de la politique agricole que Paris est parvenu à maintenir pour encore une dizaine d'années peut-être est, globalement, le plus éclatant. Il est loin d'être unique : cet acharnement dans la PAC, qui absorbe la moitié des dépenses du budget de l'union européenne, résulte des pressions nationales des pays qui s'en croient bénéficiaires.
On s'est battu depuis des mois, entre les deux présidences successives luxembourgeoise et britannique sur une « fourchette » finalement assez mince entre 1 et 1,06 % du PIB européen pour finalement s'accorder à 1,045 soit 862 milliards d'euros échelonnés entre 2007-2013. Le point décisif est que 157 milliards seront « redistribués » de l'ouest vers l'est de l'Europe. Espérons que ce sera pour le bien des pays subventionnés.
Mais il reste toujours à poser le vrai problème : dans tout cela, quelle place pour la défense européenne ? Aucune !
L'Europe semble toujours une grosse patate molle incapable de voir les dangers qui l'encerclent et au sein de laquelle 25 petits nains se chamaillent en attendant, bien tranquillement, l'entrée de la Turquie.
Il est donc temps de réveiller en Europe le sens de l'identité et des libertés, de se préoccuper de la situation démographique aussi désastreuse au sud qu'au nord, désormais, et d'écarter toutes les délirantes suggestions tendant à faire appel à plus d'immigrés supposés « sauver nos retraites »…
JG Malliarakis
©L'Insolent(1) Celle-ci était alors gouvernées par les tories.
(2) Le chancelier sortant menait un jeu étrange, personnel et dangereux, non pas avec "la Russie", mais avec les oligarques russes, étrangement, scandaleusement, récompensé par son récent « pantouflage » à Gazprom.
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