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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

VENDREDI 23  DÉCEMBRE 2005

NOËL, NATIVITÉ ET natalitÉ

Nativité par La Tour

L'illusion en matière de natalité c'est le natalisme d'État.

Noël, fête de la nativité, il est remarquable que la société actuelle de consommation veuille en faire une fête, non de la famille, valeur supposée ringarde, mais de l'Enfant-Roi, conditionné par les modèles et les slogans publicitaires, tyran de parents soixante-huitards à genoux…

Noël nous offre donc une excellente occasion de réfléchir à cette lancinante question de ce qu'on appelle la "peste blanche", c'est-à-dire le déclin démographique du monde occidental industriel, confronté à la pression dramatique et à la surpopulation de continents entiers.

Découpé il y a quelques semaines, dans les excellentes petites notices Quatre Vérités, l'une d'elle indique sur la famille française les chiffres suivants : 42 % des couples français ont un enfant de 0 à 24 ans ; 37,8 % ont deux enfants ; 14,7 % ont trois enfants ; 3,6 % ont quatre enfants.

Dans le même temps, il est indiqué une évaluation que je qualifie de sondagière mais qui me semble vraisemblable, « 3 % des couples souhaiteraient avoir un enfant ; 47 % deux ; 38 % trois et 12 % quatre enfants et plus… »

Si l'on retient ces chiffres on réalise donc que le modèle souhaité par les Français correspond à un taux dit de fécondité probablement supérieur à 2,5, alors que dans la réalité on évalue ce taux actuellement aux alentours de 1,6, la natalité dans l'hexagone étant largement sauvée, du moins statistiquement, par les familles issues de l'immigration.

Au moment où l'on cherche, dans toute l'Europe, à convaincre à tout prix, au prix de ce que les politiciens nomment « pédagogie » et de ce que les populations ressentent de plus en plus comme du bourrage de crâne, des bienfaits de l'immigration, du point de vue de la dynamique démographique quantitative, on peut s'interroger avant d'en arriver à une situation explosive difficilement réparable, s'il n'existe pas d'autres voies pour « sauver nos retraites ».

L'illusion en matière de natalité c'est le natalisme d'État, — on parlait autrefois de "populationnisme".

Certes l'État peut, par une législation plus ou moins favorable à la famille, encourager ou décourager le dynamisme démographique d'une nation.

Ainsi, en 1938, un gouvernement radical, présidé par Édouard Daladier mit-il en place une première législation de redressement, qui se prolongera dans le chaos et le maquis des expériences politiques et des drames de la France des années subséquentes. Sur ce terrain comme sur tant d'autres, le Front populaire, Vichy et la Libération mirent en pratique des préoccupations convergentes.

Il serait cependant erroné de confondre ces politiques et ces interventions de l'État avec la défense des valeurs familiales. Ces dernières ont beaucoup reculé du fait de la société française, dont les législations successives n'ont fait qu'accompagner la dissolution : il serait sans doute erroné de voir dans la loi Neuwirth de 1967, dans la loi Veil de 1975, dans les lois successives instituant le divorce par consentement mutuel en 1975, l'égalité parentale à partir de 1970, les diverses avancées d'un "féminisme" désormais excessif (1), les subventions accordées à la famille dite monoparentale (2), etc. les causes du recul de la famille traditionnelle. C'est au contraire le recul de celle-ci qui a permis à ces législations de s'imposer sans beaucoup de résistances.

Nous souhaiterions de ce point de vue rappeler aux tenants du nationalisme français qu'ils auraient tort de s'enfermer dans l'illusion étatique, en imaginant qu'une subvention systématique restaurée en faveur des familles nombreuses restaurerait un modèle familial contre le courant actuellement dominant de la société permissive de consommation. On nous dit par exemple qu'en Europe le taux des naissances hors mariages est très variable selon les pays : 54 % en Suède contre 3 % en Grèce. Mais le fait est que la société européenne évolue actuellement vers le "modèle" suédois et non vers le "modèle" grec, et une observation de la société grecque prouve qu'elle évolue vers les schémas de l'Europe du nord avec une vitesse surprenante, comme ont évolué, avant elle, les sociétés italiennes puis espagnoles.

Pour les libéraux la chose est évidente.

Pour les néomaurrassiens d'aujourd'hui, qui croient devoir combattre le libéralisme (3) nous les renvoyons à un texte de Charles Maurras lui-même, sur l'étatisme, qui pourrait les faire réfléchir.

Toute doctrine de l'État dispensateur et distributeur de droits sera dissoute par cette simple observation que la société, tant spirituelle que temporelle, est antérieure, tant logiquement qu'historiquement, à l'État.

L'État et la société sont choses distinctes. La société commence à la famille, sa première unité. Elle se continue dans la commune, l'association professionnelle et confessionnelle, la variété infinie des groupes, corps, compagnies et communautés, faute de quoi toute vie humaine dépérirait. L'État n'est qu'un organe, indispensable et primordial, de la société.

L'État, quel qu'il soit, est le fonctionnaire de la Société.

L'État, quand il est bien institué, n'a presque pas affaire aux individus. C'est sur les sociétés dont il a la charge, et c'est aussi sur leurs rapports mutuels que s'exercent ses principaux attributs.

Seuls, les criminels, avec les héros et les saints, personnalités d'exception, ont des rapports avec l'État qui a le droit de connaître ces anomalies, ou pour les honorer, ou pour les châtier. Ajoutons à la liste des personnes en commerce direct avec l'État, le petit nombre des fonctionnaires, y compris les armées de terre et de mer. Pour tout le reste, un État normal laisse agir, sous son sceptre et sous son épée, la multitude des petites organisations spontanées, collectivités autonomes, qui étaient avant lui et qui ont chance de lui survivre, véritable substance immortelle de la nation. (4)

On peut considérer en effet que c'est bien cette "doctrine de l'État dispensateur et distributeur de droits", et c'est la réglementation qui en est issue, et c'est le financement de ces politiques, qui font peser sur les individus le poids le plus nocif, le plus contraire en définitive au renouveau de la famille française. Nous finançons certes la famille polygame : nous le faisons au détriment, aux frais, des Français actifs, et nous le faisons du fait de l'intervention de l'État.

Quand le droit de la famille sera repensé en termes de libertés, et non de droits sociaux, alors on sera reparti sur une pente ascendante, celle d'une famille renaissante, en dehors des contraintes étatistes.

Et aucune de ces considérations sociales et profanes ne m'empêchera, non plus, de souhaiter ici à TOUS un joyeux Noël chrétien...

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) Excessif dans la mesure où ce nouveau féminisme revendique non pas l'égalité juridique, mais la "parité" artificielle obligeant par exemple les électeurs, et les électrices, à voter pour des listes "convenables".
(2) incluant d'ailleurs la deuxième épouse des couples polygames…
(3) Quant aux lecteurs superficiels de Nietzsche, qui aimeraient bien faire de Nietzsche un socialiste et un étatiste, je les renvoie bien sûr au chant de la Nouvelle idole dans Zarathoustra.
(4) cité in "Histoire de l'Action française" par Robert Havard de La Montagne, Paris, 1950 p. 9

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