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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

lundi 2  janvier 2005

UN VŒU QUI SE RÉALISERA PEUT-ÊTRE EN 2006...

naissance d'athena

La remise en cause de l'angélisme politiquement correct occidental sera stratégiquement indispensable.

Je commencerai d'abord par adresser mes vœux les plus sincères à mes lecteurs pour l'année 2006.

Mais, il ne faut jamais tourner trop vite les pages des agendas.

Certes, ce matin les journaux français parlent déjà d'une élection présidentielle de 2007, légalement prévue dans 16 mois. Il est vrai qu'une impression de vacance du pouvoir semble accompagner ces derniers temps la vacuité des propos élyséens. La classe politique et médiatique française, de culture bonapartiste, n'aime pas cela. On en vient à regretter Mitterrand, découvre avec ravissement Libération, qui se voit déjà rajeuni de 25 ans...

Cependant d'autres tournants se négocient dans le monde. Et certains, plus cruciaux qu'une simple rotation du pouvoir parisien, se préparent plus discrètement.

Deux nouvelles appréciations, apparues à l’automne 2005 pourraient bien annoncer, en effet, pour l’année à venir d’importants changements dans la politique de l’Occident.

Le premier texte a été publié par M. Laurent Murawiec, le 14 décembre l’un des porte-plumes les plus connus en France des  « néo-conservateurs » américains, sur le site israélien Mena (1). C’est une critique en règle de la politique menée par le président Bush. Elle porte aussi bien sur la tentative de réforme des retraites que sur la guerre d’Irak. Et de ce point de vue on en vient à se demander dans quelle mesure beaucoup de choses ne seraient pas amenées à changer si, par exemple, les élections intermédiaires de novembre 2001 donnaient, au sein du Congrès des États-Unis, de nouveaux rapports de forces.

On ne perdra pas de vue, en effet, que la plupart des « néo-conservateurs » américains sont d’origine trotskiste (ce n'est pas, je crois, le cas de M. Murawiec) et ne se sont trouvés alliés à la masse de droite américaine, conservatrice et religieuse, celle mobilisant notamment le fondamentalisme protestant, que de manière superficielle et conjoncturelle.

Un deuxième signe d’évolution, de la plus haute importance, est venu de ce qu’on peut appeler le Pentagone. Celui-ci peut être considéré, au contraire du précédent, comme l'expression beaucoup plus claire des vœux des véritables partisans de la Liberté.

Il s’agit en l'occurrence plus exactement de conclusions provenant d’une institution militaire discrète, la CIFA (2) employant quelques centaines d’enquêteurs et d’analystes à scruter les informations recueillies « sur le terrain », aussi bien aux États-Unis que dans le monde par le contre-espionnage américain. La CIFA travaille notamment pour le Northcom, « commandement Nord », installé dans le Colorado au lendemain du 11 septembre 2001 dans le but de coordonner la lutte militaire contre le terrorisme. Elle est bien évidemment l'objet de critiques très fortes de la part des bonnes consciences de gauche (3).

Ce que la CIFA et le Northcom mettent en cause, en effet, n’est pas autre chose que le « PC » (« politiquement correct ») et le discours artificiel repris pratiquement par tous les politiciens occidentaux à propos du terrorisme et de l’islam.
Les conclusions de la CIFA ont été divulgués par Frontpage Magazine le 14 décembre 2005 et elles commencent à circuler discrètement en France, remettant en cause de nombreux clichés.

Au milieu des années 1980, en effet, à la faveur de la guerre civile libanaise et de la lutte des maquisards afghans contre l’occupant soviétique, un phénomène apparemment nouveau est apparu dans le monde entier.

On a commencé par parler alors d’un « Islamisme radical ». Cette appellation est celle retenue, par exemple, par M. Bruno Étienne, spécialiste universitaire français très favorable à la religion de Mahomet (4).

Or, deux ans auparavant, en 1985, deux autres chercheurs islamologues français, Alexandre Benningsen et Chantal Lemercier-Quelquejay avaient rédigé un rapport sur l’islam en Union Soviétique, à la demande du Département d’État américain (5) incitant fortement à s’appuyer sur les forces musulmanes souterraines en Asie centrale, et particulièrement dans le Nord Caucase, afin de déstabiliser Moscou, et également son alliée l'Inde. Et cette politique a été effectivement suivie.

On ne doit donc pas s’étonner si, globalement, et bien au-delà du conflit afghan, les politiciens occidentaux ont persisté depuis maintenant 20 ans à faire l’éloge de l’islam, malgré quelques signaux inquiétants, notamment dans le monde arabe.

Après tout, avant de donner naissance à une guerre civile atroce, même l’apparition du FIS algérien pouvait être perçue (au départ) comme celle d’une force de contestation d’un odieux régime archéo-marxiste et anti-occidental.

On a ainsi pu entendre, systématiquement répétées, venant de personnalités autorisées et réputées sensées, les sottises les plus conventionnelles à propos de « religion-de-paix-et-de–tolérance-qu’il-ne-faudrait-en-aucun-cas-confondre-avec-sa-version-radicale ». Non, nous a-t-on assuré, les terroristes n’avaient « rien-de-commun-avec » les prédicateurs enflammés, venus de pays lointains et financés, par exemple, par l’excellente Arabie Saoudite avec laquelle les relations financières sont si bonnes.

Au départ d’ailleurs on s’est focalisé sur 2 ou 3 pays, comme la Libye du fantasque Kadhafi et comme l’Iran dont on découvrait depuis 1979 l’appartenance « chiite », — remontant pourtant au XVIe siècle. Cette dernière étiquette était d’autant plus opérationnelle que, mal comprise des journalistes, elle permettait d’opérer une distinction dialectiquement très utile. Les chiites étaient les méchants ; les sunnites étaient bons, très bons, voire excellents.

Étrangement, cette distribution des rôles n’a pas empêché le terrorisme de se développer, avant tout, chez des ressortissants de l’islam « sunnite », chez les sunnites du sous-continent indien, chez les sunnites de Palestine ou du Caucase, chez les sunnites d’Indonésie ou d’Égypte, avec l’argent des sunnites d’Arabie saoudite ou l’appui logistique des sunnites du Pakistan.

Il semble aujourd'hui plus proche de la réalité de s’interroger sur les mouvances qui se proclament elles-mêmes « salafistes », sur les wahhabites au pouvoir en Arabie, sur les frères musulmans d’Égypte, sur l’école dite dehobandi de l’Inde.

Or, ces mouvances, souvent qualifiées de « réformatrices », se considèrent plus précisément comme « rénovatrices », « restauratrices », « refondatrices », car elles se veulent basées sur le retour à la foi des « pieux ancêtres ». Et tout le problème vient de ce qu'elles sont perçues comme la légitimité interne à la religion de Mahomet. Elles parlent de l'intérieur de la Mosquée, elles s'appuient sur une lecture autorisée de la foi.

Et en cela, il est heureux que des cercles militaires américains, même s’ils sont actuellement discrets (CIFA, Northcom) posent la question de savoir si le salafisme, loin d’être une excroissance aberrante, ne correspond pas tout simplement à des racines explicitement et ouvertement repérables dans le Coran lui-même et dans les hadiths de la Sunna.

Certes cela ne remet pas en cause l’aspect « coutumier » de l’islam, qui pourra bien être toléré dans nos sociétés précisément tolérantes. Mais cela s’écarte du relativisme, et même de cette conception nord-américaine selon laquelle, au fond, toutes les religions peuvent cohabiter sans critère de discernement : les sectes se sont engouffrées dans cette ouverture, l’islam même radical souhaiterait progressivement y parvenir.

Il semble politiquement incorrect en Occident de remettre en cause cette absence de discernement.

Le discernement est-il politiquement incorrect ? Sans doute.

Le discernement est-il stratégiquement indispensable : probablement aussi.

Le dilemme est là.

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) Ména, "de son nom complet la Metula News Agency, est dirigée au plan rédactionnel depuis le village israélien de Métula qui lui donne son nom."
(2) Counterintelligence Field Activity
(3) Voir par exemple le Washington Post du 26 novembre 2005.
(4) Son livre a été publié par Hachette en 1987, puis en Poche.
(5) Ce rapport a été édité en France sous le titre « Le Soufi et le Commissaire » (Seuil 1986).

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