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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
MERCREDI 4 janvier 2005
DE L’ÉTAT D’URGENCE
à l’urgence psychiatrique d'État de la droite suicidaire.
Il n’est pas toujours facile de s’en tenir aux bonnes résolutions. Elles se révèlent parfois presque inapplicables. C’est ainsi que j’avais résolu pour l’année 2006 de citer le moins possible les patronymes de 2 ou 3 personnages dont on parle généralement en vue du scrutin présidentiel républicain, – ou plus précisément bonapartiste, – prévu pour 2007 : au vrai leurs personnes me sont indifférentes et je les tiens pour essentiellement fongibles.
Et puis survient cette affaire de levée surprise de « l’état d’urgence ».
Le recours à cette situation, recours prévu par la loi du 3 avril 1955, avait été décidé le 8 novembre pour répondre à la situation des émeutes de banlieues et le parlement en avait décidé la prorogation pour trois mois à compter du 21 novembre.
Si l’on s’en tient au strict plan technique et administratif, on doit rappeler que ce dispositif donne, contre les voyous, quelques avantages non négligeables aux structures de maintien de l’ordre. Elle leur permet d’instaurer le couvre-feu dans des endroits déterminés pour des périodes de 3 à 11 jours, de procéder à des perquisitions domiciliaires de nuit, de poursuivre les auteurs de violence à l’intérieur des immeubles, etc…
Au-delà de ces facilités pratiques, on doit surtout prendre en compte l’effet psychologique de fermeté.
Comme pour la question du foulard islamique, — absurde (1) en elle-même puisqu’elle — ne concerne que les établissements publics d’enseignement, comme pour l’hymne national, etc.. Le symbole compte souvent plus que le fait concret. Il faut être d’une singulière mauvaise foi ou d’une incroyable inconséquence pour faire semblant de ne pas le comprendre.
Eh bien cette conjonction d’hypocrisie et de sottise également présomptibles n’a pas fait reculer le chef de l’État qui, sans doute pour nous rappeler son existence en démontrant sa capacité de nuisance, a d’abord annoncé proprio motu le 2 janvier puis imposé au conseil des ministres le 3 d’entériner la décision symbolique de baisser le pantalon de la république devant la voyoucratie.
Ah ! dira-t-on, mais la situation est redevenue calme.
Pardon : les médiats titrent de la sorte, c'est leur commentaire. Les gros titres sont une chose, la substance de l'information en est une autre. Car le simple bilan chiffré de la nuit du 31 décembre, le bilan officiel, parle de lui-même.
En termes d’incendies de voitures : 425 véhicules incendiés sur toute la France malgré un dispositif policier de plus en plus imposant (25 000 hommes mobilisés) contre 333 l’année précédente, la même nuit de la Saint-Sylvestre : + 27 %.
Et, plus significatif encore, le nombre des communes touchées par ces départs d’incendie s’est trouvé multiplié par 2, passant de 132 à 267, elles-mêmes réparties désormais dans la majorité des départements, soit 53 contre 42 l'année précédente. On n'arrête pas le progrès, la France rurale en bénéficie de plus en plus.
Faut-il préciser que sur 362 individus interpellés, la plupart ont été relâchés dans les 24 heures.
On ne peut décemment pas mettre l’évolution de ces chiffres au crédit des 100 jours ou des 200 jours du gouvernement.
On ne peut pas saluer non plus ce + 27 % comme le signe d’une « croissance retrouvée ».
On est certes parfaitement fondé à estimer l’état d’urgence insuffisant.
Interdire dans 23 départements la vente au détail des carburants ou autres matières inflammables dans des récipients transportables, ou interdire dans 7 départements la circulation de nuit aux mineurs non accompagnés, c’est, au bout du compte, bien peu de chose par rapport aux quelque 1 000 personnages les plus dangereux.
Je rappelle que ces individus sont parfaitement connus et identifiés. Mais on les laisse parader impunément. Or, contre la plupart d'entre eux, existent des charges suffisamment sérieuses pour délivrer à leur encontre, de manière simultanée des mandats permettant (très légalement) un matin vers 6 heures de les cueillir et de les transférer tous en un lieu déterminé. On pourrait les installer alors confortablement à Saint-Maurice-l’Ardoise comme les gaullistes le firent (mais illégalement) sous le nom d’internement administratif à l’encontre des partisans de l’Algérie française…
La devise d’alors était : « Le pouvoir ne recule pas », car il s’agissait de frapper haut et fort, de frapper les patriotes français.
Nous ne disons donc pas : l’état d’urgence résout tout. Le plus gros des bistouris entre les mains d’un charcutier maladroit ne sert à aucune chirurgie.
Constatons simplement que le pouvoir encourage, une fois de plus, le moins « islamiste » des excités de banlieue à considérer le projet de transformer les Français (2) en futur « dhimmis », contraints de marcher à l’ombre et de payer tribut.
Symboliquement d’ailleurs on constatera que, face à la charge fiscale, on habitue aussi les rentiers et bénéficiaires de la redistribution sociale à l’idée que le seul débat possible porte exclusivement sur le « financement », le moins douloureux possible, le moins repérable – jamais sur le fond de ce que le « cochon de payant » doit payer.
Il existe ainsi un jeu pervers institutionnel entre les politiciens et la clientèle des assistés.
Gare à l’homme politique, fût-il élu du peuple dans une commune voisine, comme M. Raoult, qui vient à rappeler que ce sont précisément les cités les plus subventionnées d’où partent les explosions de « colère », comme à Clichy-sous-Bois où on mobilise maintenant les délicieux « jeunes » pour venir au secours du subventionnisme.
Non, de tout ce système, il est difficile d’espérer une étincelle de salut.
Non, il n’est guère envisageable d’en dissimuler la gravité à des observateurs étrangers de plus en plus inquiets de la faiblesse française.
Non, il n’est pas possible de sourdre ici la légitimité du mécontentement et du désarroi tragiques du peuple de France.
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JG Malliarakis
©L'Insolent(1) Je veux dire par là : le texte et l'objet cette loi sont assez dérisoires, MAIS il faut l'appliquer puisqu'elle a été votée à la suite d'un vrai débat dont l'enjeu dépassait évidemment la matérialité de ce foulard appelé « voile ».
(2) Faut-il dire « les fromages » pour désigner ceux que l’argot anglais appelle, plus gentiment, les « frogs » ?
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