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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

Lundi 9 janvier 2006

PARMI Les hommes les plus dangereux du monde

Chavez et CastroChavezChavez et WalidMorales et Castro
On reçoit à Paris Morales les bras ouverts comme on a reçu son mentor Chavez, l'un des hommes les plus dangereux du monde.....

La tournée européenne du nouveau président bolivien, le camarade Morales revêt un caractère étrange.

Tout d’abord, on doit souligner son caractère officieux : élu au suffrage universel il n’entrera en fonction que le 22 janvier et s’il se rend aujourd'hui à l’Étranger c’est sans doute pour amadouer et endormir l'Europe afin de mettre en place une politique extérieure.

En fait tout se passe comme si l’élu « indien » n’était jusqu’à présent qu’une marionnette entre les mains du couple révolutionnaire formé entre le vieux dictateur cubain Fidel Castro (chez qui il était accueilli le 1er janvier) , et son allié, maître du Vénézuela le démagogue parachutiste Hugo Chavez.

Cette satellisation est tellement claire qu’elle a donné lieu à un canular révélateur monté à Madrid par un humoriste de la chaîne catholique espagnole, Catena Cope, se faisant passer pour le Premier ministre Zapatero. (1)

Le faux Zapatero félicitait le vrai Morales de son ralliement à « l’axe » La Havane-Caracas. Il en était très content jusqu’au moment où, la supercherie ayant été dévoilée, les congratulations se sont transformées en incident diplomatique où tout le monde s’excuse.

Il est de fait qu’en Bolivie, les intérêts espagnols sont considérables notamment dans les secteurs bancaire et énergétique, ce petit pays andin étant le second producteur d’hydrocarbures (gaz naturel) après le Vénézuela, en Amérique du sud. On va donc savoir très vite quelle part le nouveau régime fera à la démagogie « nationale » et respectivement, à la stratégie « continentale » de ses inspirateurs Chavez et Castro jouant la naïveté complice de certaines pays capitales européennes, Paris étant en bonne place (2), contre les États-Unis.

Spécifique au nouveau pouvoir bolivien, l'idée de « l’indianisme » sera une composante révolutionnaire fort dangereuse pour l’avenir de l’Amérique Latine. Un Fidel Castro pouvait difficilement s'en prévaloir (3).

Or, on doit bien se représenter la dimension de cette dialectique du délire et du « ressentiment historique ». Il ne faut pas se méprendre sur l’indianisme en Amérique Latine. Ce n’est pas seulement le relais du Bon Sauvage du XVIIIe siècle, pas seulement non plus l’écho du New Age nord-américain, pas seulement le réceptacle des sectes douteuses voire satanistes (santaria, vaudou, candomblé etc.) circulant entre Mexique, Caraïbes et Brésil. Tout cela n’est en définitif que l’écume faussement spirituelle et clairement hallucinogène du phénomène.

Nous sommes en présence de l’écho latino-américain, si lointain en apparence, telle la nova d’un astre mort, du mot d’ordre lancé par Radek et le Komintern avec le Congrès (« des peuples de l’Orient ») de Bakou de septembre 1920. C’est très exactement l’origine d’un « tiers-mondisme » dont le congrès de Bandoeng ne fut en 1955 que la prolongation (4).

Par « indianisme » il faut comprendre un certain discours sur l’Amérique latine l’incitant à rendre impossible tout véritable progrès économique, toute culture d’entreprise, tout développement concret des libertés et des propriétés.

Les vrais spoliateurs n’hésiteront pas à faire sur une grande échelle ce que Chavez a commencé à faire au Vénézuela comme le FLN a fait en Algérie, comme une certaine nomenclature l’a fait en Russie : abaisser le niveau de vie réel des populations (5) tout en passant des accords entre les maîtres locaux de l’État « révolutionnaire » et ceux des marchés mondiaux de matières premières, dans des conditions finalement plus défavorables encore que celles des républiques bananières les plus caricaturales. Fidel Castro l’a fait avec le sucre à Cuba (6).

Ceci s'accompagnera de campagnes « sociales poudres aux yeux » destinées à présenter de trompeuses vitrines en direction des gogos du monde entier : par exemple, le vice-président au Vénézuela, José Vicente Rangel annonçait triomphalement en juin 2005 à La Havane que « 1 500 000 Vénézueliens des quartiers défavorisés de Caracas » avaient bénéficié d'une campagne d'alphabétisation entreprise grâce aux grands frères Cubains (7). On se situe dans une caricature et un mauvais remake du Bloc soviétique d'il y a 50 ans ou de l'Albanie maoïste d'il y a 30 ans.

L’indianisme ajoutera aussi, aux ingrédients systématiques de la dialectique marxiste traditionnelle, la culture de la coca et de ses dérivés.

L’oppression, la violence et la misère progresseront inéluctablement.

Le véritable maître du jeu international en Amérique du sud ne sera pas plus Morales que ne l’est désormais le vieillard Castro, encore relativement isolé du fait de l’embargo nord-américain contre Cuba et privé de ressources substantielles, hormis le tourisme des bobos, des cocos et des gogos, et la prostitution et le trafic de drogue qui vont avec.

Le danger central est constitué par le vénézuélien Chavez, installé depuis maintenant longtemps, après un putsch en 1992, appuyé par une structure para-militaire ayant usurpé le béret rouge des carlistes et des parachutistes, « élu » avec 60 % des voix depuis décembre 1998, débarassé de nombreux opposants réduits à l'exil, toujours présent sur la scène internationale et bénéficiaire de la rente pétrolière, son pays étant allié aux émirs islamiques au sein de l’OPEP.

En octobre 2002 nous indiquions d’ailleurs que le danger latino-américain dont il est le fer de lance, soutenant avec plus ou moins de discrétion les opérations de guérilla en Colombie, au Pérou et au Mexique constituait alors une très sérieuse objection, quant à la pertinence du projet irakien qui de dessinait et qui fut concrétisé quelques mois plus tard en mars 2003. Sans sous-estimer l’importance stratégique du Proche-Orient nous maintenons ce point de vue : on voit mal comment maintenir la pression dans la lointaine Mésopotamie, et laisser se développer un incendie continental dans l'arrière cour sud-américaine, sans décrédibiliser l’empire nord-américain.

La dictature d'Ugo Chavez est partie pour représenter durablement une menace qu’aucune crise politique, dénoncée dramatiquement, et régulièrement, comme attentatoire au prétendu « pouvoir du peuple » n’est parvenue à abattre au plan interne. Appuyé sur la force des baïonnettes, truquant systématiquement les élections, il jouit d’une marge de manœuvre financière inespérée du fait d’un prix du pétrole qui paraît, lui aussi, aux yeux de certains, comme durablement installé à des records historiques.

Or, en France on perçoit encore le régime et son chef comme une sorte de sympathique réformateur populaire, alors que sa rhétorique est on ne peut plus clairement communiste.

Il faut lire, par exemple, son discours prononcé pour la veille de Noël, le 24 décembre 2005 au Centre Manantial de los Sueños.

« Plus que jamais nous avons besoin de Jésus-Christ. Il y a suffisamment pour satisfaire tous, mais quelques minorités, les descendants de ceux-la même qui ont crucifié le Christ... une minorité s'est emparée des richesses du monde... (Cette minorité) s'est emparée de l'or, de l'argent, des minéraux, de l'eau, des bonnes terres, du pétrole, des richesses, et les richesses se sont concentrées dans peu de mains... Moins de 10 % de la population mondiale possède plus de la moitié des richesses mondiales. Nous sommes décidés à changer l'histoire, et chaque jour, des chefs d'État et des leaders nous rejoignent ». Il a conclu en récupérant « le Christ, le Christ rebelle, le Christ révolutionnaire, le Christ socialiste. »

On ne peut pas se situer plus ouvertement à l’extrême gauche – en réhabilitant de surcroît le plus vieillot des discours antisémites : dans un pays où l’exégèse moderniste à la Bultmann, ou la réécriture du procès de Jésus à la Varaut ne sont guère popularisées (quel dommage), le passage sur « les descendants de ceux qui ont crucifié le Christ » ne vise pas, sauf erreur les héritiers de Ponce-Pilate. Qui osera même, simplement, le remarquer à Paris où, curieusement, ce discours semble, ma foi, de plus en plus toléré et même bien porté, quand il est supposé venir de la gauche, et ceci en dépit d’un arsenal répressif théorique « que le monde nous envie » — dont la stupide loi Gayssot constitue la clef de voûte. Relayant les rodomontades officielles parisiennes, le matamore Chavez est présenté pour une sorte de grand ami de la France.

Glissons sur le fait qu’à Paris on fait aussi semblant de « se mobiliser » pour Mme Bettancourt, dans le sens voulu par ses ravisseurs des FARC colombiennes.

Or, ces sanglantes et criminelles FARC colombiennes sont les obligées de Chavez : que ne relâchent-elles pas la belle Ingrid ?

Mais non : nous nous refusons en France à poser ainsi le problème, à dire que les ravisseurs sont par définition des salopards, parce que nous sommes en plein « syndrome de Stockholm ». Nous applaudissons ceux qui se préparent à nous égorger.

« Mon pays me fait mal » écrivait il y a 60 ans un poète maudit, qui a payé, lui, ses erreurs et ses engagements « unzeitgemäßig » au prix fort, et qui posait la question : « quand sera-t-il guéri ? ».

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) Ce n’est pas en France qu’une telle opération serait concevable, évidemment, où le seul « humour » toléré est celui du mauvais goût, systématiquement anticlérical et antinational, et où le style permis aux radioteurs catholiques est celui de la langue de buis.

(2) La démarche a beau être indécente et stupide, elle n'est pas totalement innocente. Le Figaro du 7 janvier indiquait ainsi avec gourmandise : "Alors qu'Evo Morales devait rencontrer [le 6 janvier»] le ministre français de la Coopération, son conseiller économique Carlos Villegas s'est entretenu avec des dirigeants de Total".

(3) Rappelons ici que le vieux guérillero ringard, hâbleur et sanguinaire de la Sierra Maestra est un pur espagnol "gallego", et même que son mouvement a revêtu au départ un caractère gobiniste assez évident contre le régime afro-caraïbe de l'excellent Batista, à l'époque heureuse où l'on dansait librement à La Havane...

(4) La décolonisation ne fut qu’une conséquence accidentelle de cette politique. L'empire communiste était lui-même strictement « colonialiste ». Rappelons en effet que l’Union soviétique fut constituée, après Bakou par la ré-annexion néo-coloniale de la chaîne des territoires allant du Caucase au Kirghizstan, qui s'étaient émancipés en 1917, et que Lénine a reconquis à partir de 1921 avec l'appui de la Turquie kémaliste. En 1945, au moment de Sétif, le parti communiste français était du côté de la répression. Les émeutiers du 8 mai 1945 étaient présentés par L'Humanité comme des hitlériens manipulés par le grand mufti de Jérusalem  : si la rupture de 1947 ne s'était pas produite, et si le PCF fût demeuré au pouvoir, l'Algérie et l'Afrique noire fussent probablement demeurées dans le giron d'une France communiste. Là aussi, « l’anticolonialisme » a toujours été à sens unique, et l’Asie Centrale n’a obtenu son indépendance qu’après la chute du communisme à Moscou.

(5) L’Amérique latine fait cela « brillamment » depuis Bolivar. C'est peut-être ce qui amène Chavez à lancer l'étiquette de la Révolution « bolivarienne ».

(6)  N'oublions pas que le départ de Che Guevara, dont on nous fait une sorte de héros immortel, était essentiellement la conséquence de l'échec total et déshonorant de son passage au ministère de l'Industrie à La Havane. Le 26 juin 1961, alors que le régime cubain n'était pas encore officiellement complètement marxiste, Guevara avait déclaré que « les travailleurs cubains doivent petit à petit s’habituer à un régime de collectivisme. En aucune manière les travailleurs n’ont le droit de faire grève. » Il rêvait d’une industrialisation rapide de Cuba, sur le modèle que Peron avait tenté en Argentine, et qui avait d'ailleurs lamentablement échoué. Quand les grèves éclatèrent pour protester contre la baisse des salaires décrétée par l'immortel Guevara, les syndicats cubains furent purgés de leurs dirigeants et l’appareil syndical fut confié aux communistes. Ceci n'empêcha pas la stagnation, et même la régression, industrielle du pays. Guevara procéda à l'étatisation des tanneries de l'industrie et même de l'artisanat de la chaussure, qui représentait une filière locale active et vivante. Ceci aboutit évidemment à une pénurie. L'immortel Guevara acheta alors toutes vieilles machines qui étaient au rebut dans les pays frères (Tchécoslovaquie, Pologne, Bulgarie, etc) ; le résultat désastreux, prévisible, entraîna Castro à rechercher un débouché subventionné par les Soviétiques pour sa canne à sucre et à renoncer à développer l'exploitation des énormes ressources de nickel de l'île. Au bout du compte le ministère de Guevara fut liquidé en 1964. Et en 1965 le héros immortel va jusqu'à accuser l'URSS de néo-colonialisme. C'est la grande époque de la rivalité sino-soviétique au sein du mouvement communiste international, issu du stalinisme, et de réapparition de leurs vieux ennemis trotskistes. Les pays amis deviennent alors la Chine, le Vietnam du nord et la Corée du nord. Guevara disparaît, part pour l'Afrique, et c'est en fait un personnage totalement discrédité qui s'engage en 1966 dans l'aventure imbécile et sanglante où il laissera la vie en Bolivie sous prétexte de « créer deux ou trois Vietnam » en Amérique latine. Quand cessera-t-on de nous bassiner en France avec cette icône aventuriste ?

(7) cf. AIN agence d'information de la dictature communiste cubaine, dépêche du 4 juin 2005. Prenant la parole à La Havane devant plus de 500 délégués venus de 60 de pays sous prétexte d'une prétendue "Rencontre contre le Terrorisme" (destinée, en fait, à mettre en accusation les exilés cubains de Miami) le vice-président vénézuélien José Vicente Rangel a fait semblant de considérer que l’« ingérence » cubaine au Venezuela réside « dans l’envoi d’enseignants et de médecins qui travaillent dans les quartiers populaires et les régions les plus reculées de ce pays, si bien que presque un million et demi de Vénézuéliens ont déjà appris à lire grâce à la coopération cubaine ». Plus c'est gros plus ça marche !

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