Revenir à la page d'accueilAccéder au Courrier précédent Utiliser le Moteur de recherche Accéder à nos archives
• ...Pour commander le livre Sociologie du communisme ...• ...Pour commander le livre Socialisme maçonnique
• ...Pour accéder au catalogue des Éditions du Trident
Logo de l'Insolent

BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

JEUDI 19 janvier 2006

CONTRESENS ÉTATISTES SUR LA QUESTION DU CHÔMAGE

ChômeursSalariés de l'ANPE
Faut-il applaudir aux nouveaux types de contrats de travail ?

Nombreux auront été sans doute, dans le monde, les gens aux yeux desquels la véritable actualité parisienne du lundi 16 janvier concernait Mme Goodall, ambassadrice des chimpanzés, recevant simultanément la médaille d’or de l’Unesco et la Légion d’honneur de l’État français.

Pour d'autres la grande nouveauté des derniers jours aurait été le début d'une annonce, oh bien timide encore, de prise de distances de Mme Laurence Parisot, présidente du Medef, par rapport aux réseaux d'un pouvoir politique dont elle semblait tributaire depuis son élection.

Pour d’autres enfin, la grande affaire de la semaine est la soi-disant prise en main par l’État du problème de l’emploi des jeunes.

N’oublions jamais, en effet, quand nous évoquons ce genre de prurit interventionniste, la double responsabilité paradoxale de nos gouvernants.

1° Certes, ils portent en effet le fardeau des problèmes suscités par l’impéritie de l’éducation monopolistique étatisée.
L’État est grandement responsable du caractère inemployable de centaines de milliers de jeunes Français, [y compris bien entendu les jeunes issus de l’immigration]. À certains égards, il leur doit ainsi, en partie, réparation.

2° D’autre part, quand « Les Échos » (16 janvier) annoncent triomphalement, avant même le « dévoilement » du nouveau programme que « Villepin veut lever les freins à l’embauche des jeunes » toute personne sensée pensera aux charges sociales et aux contraintes du Code du Travail, c'est-à-dire à ce qu’on appelle habituellement le « modèle » social français.
Seulement voilà. Lancer l’idée d’un nouveau type de contrat de travail, un de plus, le doter d’un sigle CPE ne suffira pas à résoudre le véritable problème du chômage.

On se souviendra qu’après 30 années de tension permanente sur le marché du travail, sortant d'une période où l'on imaginait qu'un taux de chômage de 3 % produirait inéluctablement une « explosion sociale » [voir les manuels d'économie des années 1960], la France est entrée durablement dans l’ère du chômage massif dans la période 1974-1976 où un certain Jacques Chirac était Premier ministre.

Étrangement le même personnage avait été, quelques années auparavant le ministre responsable — ou irresponsable – de la mise en place du dispositif d’indemnisation des chômeurs, prévu pour un taux de chômage situé entre 1 et 2 %, mais qui demeure structurellement inchangé alors que celui-ci se situe depuis quelque 10 ans, aux alentours de 10 %.

Depuis 8 mois, il est vrai, le nombre des chômeurs recensés et indemnisés diminue régulièrement, tout doucement. Cette réalité statistique, que tout un chacun considère comme un mensonge statistique, a commencé en coïncidant avec le départ de Jean-Pierre Raffarin sans hélas que l'on puisse le moins du monde l'attribuer à des mesures radicales et efficaces (lesquelles ?) arrêtées pendant son passage à Matignon.

Comme personne ne veut le croire, personne non plus ne semble s’interroger sur la nature du phénomène. On insiste donc sur le traitement statistique, sur les « truquages », sans percevoir la scène réelle et, de la sorte, le chef du gouvernement le premier peut s’en donner à cœur joie, une fois de plus, avec un projet à contre-sens.

Sur un point on peut certes reconnaître que le sous-emploi des jeunes en France a quelque chose d’anormal, et donc de significatif : il est de 22 % contre 15 % en Allemagne et 8 % aux Pays-Bas.

Notons quand même que ces chiffres ne sont pas tout à fait comparables.

Il existe en effet, en France comme en Allemagne, de fortes disparités régionales. En Allemagne les taux records du sous-emploi des jeunes comme des vieux se situent à l’évidence dans les Länder de l’Est. En France, l’emploi est à peu près normal dans deux régions, l’Ile-de-France (où pourtant les « jeunes » sont nombreux) et la Bretagne. Les pointes de sous-emploi se situent dans des régions comme le Nord-Pas-de-Calais et le Languedoc-Roussillon.

La véritable question est alors celle du tissu entrepreneurial d’une part, combinée à celle des difficultés faites aux entreprises au plan juridique, fiscal, social, etc.

Résoudre vraiment en France le problème du chômage supposerait de commencer par faciliter le développement entrepreneurial, cesser de persécuter l’employeur, etc.

Comme rien n’est fait de ce point de vue, on ne doit pas s’étonner d’une autre caractéristique des « bonnes » statistiques de ces derniers mois : certes ce taux de chômage diminue, mais très lentement, et, surtout, le nombre des emplois salariés et des activités indépendantes n’augmente pas.

Cela traduit tout simplement le début d’un processus qui va s’amplifier dans les prochaines années : le départ à la retraite des enfants nés à partir de 1945. Or, quelle que soit la diminution faciale du taux statistique du chômage liée à cette évolution, leurs pensions pèseront économiquement sur les actifs.

Il est donc tout à fait sympathique de se préoccuper le 16 janvier de l’entrée des « jeunes » dans le monde du travail, et le 17 janvier d’annoncer, aussi, un nouveau type de contrat à durée déterminée pour les « seniors » de plus de 57 ans.

Cela ne changera rien, ou plutôt cela servira exclusivement à répartir la pénurie, tant que l’emploi salarié et le nombre des entreprises indépendantes ne se développeront pas.

Bien entendu, les politiciens pilotent ce type de problème exclusivement à court terme ou, quand ils raisonnent en prospective, ils agissent un peu, et communiquent beaucoup, en fonction des échéances électorales à venir.

Pourra-t-on dire en 2007 que le nombre de chômeurs a vraiment diminué ?

Aura-t-on gommé alors les « pointes » les plus visiblement choquantes ?

Voilà la perspective politicienne.

Mais comme la plupart de nos dirigeants n’ont strictement aucune expérience de l’entreprise, on ne peut pas compter sur eux pour libérer la vie professionnelle des entraves additionnées par 70 ans d’étatisme à la France. Eh ! oui, en effet, en 2006 la durée de l’ère juridique inaugurée en France par le Front Populaire correspondra bientôt à celle du système soviétique en 1991. Mais ne rêvons pas trop tôt de son effondrement inéluctable. Après tout, l'Union soviétique était étatiste à 90 %, la France ne l'est qu'à 55 %. Ainsi donc la survie de l'étatisme français peut durer proportionnellement plus longtemps.

Il faut même s’inquiéter de l’impact des nouvelles « mesures » en faveur des pointes extrêmes (« jeunes » et « seniors ») car, bien entendu, – et dans la mesure où elles ne seront pas systématiquement rognées – elles pèseront par définition sur la moyenne, elles appauvriront la France, abaisseront sa compétitivité, etc.

Le meilleur service que l’on pourrait rendre à l’emploi des jeunes, ce n’est pas de le subventionner, ce serait de cesser de leur mentir, et d’améliorer à la base leur employabilité.

JG Malliarakis
©L'Insolent
• ...Pour commander le livre Socialisme maçonnique ... • ...Pour accéder au catalogue des Éditions du Trident
Revenir à la page d'accueil Utiliser le Moteur de recherche Accéder à nos archives
• Vous pouvez aider l'Insolent ! : en faisant connaître notre site à vos amis • en souscrivant un abonnement payant