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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
MERCREDI 15 MARS 2006
De la Sardine À la Sorbonne
Quand les crises et les psychodrames de notre démocratie psysondagière, plébiscitaire et bureaucratique se multiplient.
Ne soyons pas dupes.
Ne soyons jamais dupes, d'abord, de la fermeté du p. de la r.
À Berlin, le 14 mars, Chirac apportait un « soutien total et sans réserve » à M. de Villepin.
Or, le lendemain 15 mars le même p. de la r., en Conseil des ministres à Paris, saluait et encourageait la volonté du Premier ministre « d'engager le dialogue social, d'améliorer ce qui peut l'être dans le contrat de première embauche ».
La nuance est perceptible. Même pour les journalistes.
Roseau peint en fer, Chirac a l'habitude de s'aplatir. Rappelons-lui quand même, et une fois de plus, que le pouvoir exécutif dans une démocratie, a pour fonction d'appliquer la loi, votée par la représentation nationale (hi ! hi !)
D'autre part, ne soyons pas dupes de la manœuvre politique : le p. de la r. cherche probablement plus à affaiblir le ministre de l'Intérieur, et à préparer l'éventualité du retour de M. Juppé comme candidat supposé « unificateur » et « sauveur » de la droite, qu'à relever le pays, qu'à soutenir le gouvernement ou même qu'à battre la gauche. Ne parlons même pas de l'emploi des jeunes. M. Juppé étant officiellement retraité de la haute fonction publique française et enseignant au Québec (pauvres étudiants ! pauvre Belle Province !), son employabilité est à peu près proportionnelle à sa jeunesse. De bons incidents, bien violents, bien psychodramatiques, voilà qui ferait l'affaire de ce scénario.
Ces incidents peuvent effectivement se développer quand on apprend que, ce 14 mars encore, 41 000 personnes, pour la plupart des étudiants et des lycéens, dit-on, ont manifesté contre la loi instituant le Contrat première embauche, dont 4 300 à Paris. Dans la nuit du 14 au 15, on apprenait encore que 2 000 personnes dont quelques vieux babacools nostalgiques de mai 1968 manifestaient au Quartier latin pour la réouverture de la Sorbonne, alors que 57 universités françaises sur 84 étaient « touchées par le mouvement », 32 bloquées partiellement ou en totalité, 7 présidents d'université réclamant le retrait de la loi.
Ces gens ne représentent pas le peuple français. L'illusion d'optique est totale.
Observons que le trompe l'œil a commencé par la manifestation de Marseille du 7 mars.
Or, dans la saga des Marseillais, symbole et légende, on fait mémoire du fait qu’une certaine sardine est supposée, au grand rire des gens du Nord, que je salue amicalement, avoir bouché un beau jour le port de Marseille. Rigolade. Galéjade. Exagération.
Et voici qu’une évaluation bien significative des manifestations contre le CPE à Marseille, où l’on a (aussi) la réputation d’être (un peu) feignant et (gentiment) râleur, est venue renforcer l’image de la belle cité phocéenne d’où le plébéien Marius a chassé, il y a très longtemps, l’élément grec fondateur.
Voici que les organisateurs de la manif nous parlaient de 100 000 personnes, là où la Préfecture de Police n’a pas su compter plus de 10 000 ou 12 000 piétons. Écart complètement ahurissant. Multiplication aberrante. On ne compte plus les têtes, on ne compte plus les pieds, on compte les doigts, les oreilles, orteils. Si Thibault, chef bien aimé de la CGT, a 40 ou 50 orteils à chaque pied, son bottier doit lui coûter plus cher encore que celui de Roland Dumas.
Or, selon qu’on adhérait ou non à cette multiplication par 8 ou 10 du nombre des manifestants marseillais supposés, allant des gamins rameutés par des syndicats démagogues aux intermittents du spectacle en passant par les permanents de la CGT salariés du comité d’entreprise EDF, on considérait dès le 7 mars que le gouvernement Villepin devait ou ne devait pas renoncer à sa « mesure » législative instaurant le CPE.
Je tiens à dire ici trois choses, sur le fond.
La première c’est qu’un emploi qualifié de précaire vaut toujours mieux qu’une indemnité de chômage de longue durée. Je me répète…
La seconde c’est, d’autre part, que si les bureaucrates rédacteurs des textes de loi avaient été, en cette occasion, si peu que ce soit, à l'écoute du peuple, à l'écoute des jeunes et de leurs inquiétudes, ils n'auraient pas présenté leur nouvelle invention comme un contrat au rabais mais comme une amélioration, une revalorisation du système déprimant de ces stages parkings désespérants qui ne cessent de se développer.
La troisième c’est, enfin, que toutes les fadaises de « dispositifs » tendant à répondre aux conséquences du chômage sont absurdes tant qu’on ne s’attaque pas aux causes du chômage.
Or, nous vivons dans un pays où il n’est même pas permis de s’interroger sur ces causes. Comment remédier à un mal quel qu'il soit, le chômage comme les autres, sans établir un diagnostic.
Je rappelle ici qu’en 1993 on avait, plus précisément on a durablement interdit, à l’un des rares économistes français de stature internationale, Pascal Salin, de poser cette question dans le cadre institutionnel où le gouvernement Balladur l’avait invité à débattre.
Cette question des causes du chômage étant plus que jamais interdite, le gouvernement Villepin, clairement pire que celui de Balladur, ne la résoudra pas.
Ne soyons d'ailleurs pas dupes, non plus du caractère de la « réforme », de la « mesure » baptisée du sigle technocratique CPE. J’ai le regret de le dire, mais le 12e dispositif légal inventé, bricolé, pour « permettre » à des jeunes Français de trouver un emploi n’est guère plus enthousiasmant que les 11 systèmes bureaucratiques avec lesquels il entrera en concurrence.
Je ne chercherai pas à communiquer un enthousiasme que je ne partage pas. Je le partage d’autant moins que je constate les effets monstrueux de l’idéologie française, certes d’abord sur la France, 25e taux de croissance sur 25 au sein de l’Union européenne, mais aussi sur les importateurs du « modèle français » répandu dans le monde, depuis les ex-Khmers rouges, élèves de la Sorbonne probablement les pires assassins communistes au détriment de leur propre pays jusqu’à Madagascar et Haïti, où on n'en finit pas de se guérir des « modèles » Ratsiraka ou Duvalier, etc.… Même l’Algérie qui croit n’être plus « française » s’est inoculé à elle-même une maladie pire que la grippe aviaire, mélange de jacobinisme et de cet arbitraire administratif arrogant qu’on appelle aujourd’hui à Paris « patriotisme économique ».
Aimer son pays c’est tout faire pour le guérir, ce n’est pas faire semblant d’ignorer sa maladie. Si vous pouvez sauver votre Mère, sauvez-la. Ne la laissez pas mourir en lui disant faussement que tout va pour le mieux.
Or de nombreuses plaies rongent notre démocratie.
Non seulement le parlement continue d’être considéré comme une chambre d’enregistrement, y compris par le président de l’Assemblée nationale interrompant un député hier, 7 mars (prenons date) au bout de 2 minutes en lui rappelant qu’il dispose de 5 (cinq) minutes pour s’exprimer.
Non seulement le nombre trafiqué de manifestants manipulés sert désormais de représentation du peuple.
Mais les médias veulent à tout prix nous faire ravaler notre propre opinion personnelle sous le matraquage des sondages.
Ainsi du Premier ministre. Personnellement, j’ai beaucoup de mal à l’aimer et n’y parviens guère. Si l’on me « sonde », je lui fais certes confiance sur un point : celui de poursuivre la désastreuse ligne et la calamiteuse carrière de son maître Chirac.
Mais enfin, cet homme si qualifié, ce gendre parfait, comment se fait-il que soudain il ait vu sa popularité baisser de 8 points (fin février), devenus 11 points (la première semaine de mars) ?
Prend-on les Français pour des imbéciles, veut-on les faire passer pour des girouettes ?
Non, nous ne pouvons plus appeler démocratie un régime où la représentation de la nation serait remplacée par les bureaucraties syndicales et, pire encore, par les instituts de sondage.
Non, nous ne pouvons pas appeler régime de liberté ce régime plébiscitaire déliquescent.
Non, nous ne pouvons pas non plus appeler nouvelle jeunesse ce retour en force de l'idéologie la plus poussiéreuse du monde, le marxisme version soixante huitarde.
JG Malliarakis
©L'Insolent
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