Revenir à la page d'accueil … Accéder au Courrier précédent … Utiliser le Moteur de recherche … Accéder à nos archives …
...Pour commander le livre Dernières nouvelles du mammouth
...Pour commander le livre Sociologie du communisme ... ...Pour commander le livre Socialisme maçonnique ...Pour accéder au catalogue des Éditions du Trident
BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
LUNDI 27 MARS 2006
FACE À LA DÉGÉNÉRESCENCE DU MAMMOUTH
Il y a plus d'espoirs que nous ne le pensons trop souvent
À l'époque où Luc Ferry était ministre de l'Éducation nationale, Olivier Pichon publia un livre, Dernières nouvelles du mammouth pour tenter de répondre à la question : "Peut-on réformer l'Éducation nationale ?".
L'état des lieux, et notamment la description de ce que l'auteur appelle l'horreur pédagogique, demeure hélas parfaitement actuel.
À peine, depuis lors, pourra-t-on ajouter une évolution vers le pire, ou plutôt vers une conscience plus aiguë de l'opinion, de la nature des maux décrits et des crises annoncées par l'auteur.
En pratique on rappellera au besoin le caractère central, dans la crise actuelle, de la question de l'employabilité des jeunes. Issus des poubelles du système éducatif, ces jeunes souffrent d'un taux de chômage de 23 %. Nous nous trouvons toujours donc en présence d'une immense et coûteuse usine à produire à des mégots. Elle représente le principal budget de l'État dont elle emploie la moitié des fonctionnaires, et dont elle absorbe 22 % du budget. Cette question se trouve au cœur même du projet certes imparfait, certes technocratique, certes socialisant, de CPE. C'est pour répondre à cette situation, qu'il a cru apercevoir en arrière-fond, – toujours le "social" !, jamais le culturel !, jamais l'éducatif au vrai sens du mot, – de la flambée des banlieues de l'automne 2005, que le gouvernement a cru bon d'essayer, depuis le 16 janvier, de faire passer en force son texte aujourd'hui si mal fagoté, si mal compris et si controversé.
On a oublié Luc Ferry, on oubliera sans doute Gilles de Robien.
Cependant Luc Ferry avait été recruté en 2002, en tant qu'il était déjà directeur des programmes du Ministère de l'Éducation Nationale. Il était illustration même de cette technocratie que la Ve république aime tant. Robien, lui, demeure un indéfinissable animal politique. Le jour où il a déchiré devant sa carte de Démocratie libérale sous prétexte que ce parti ne s'était pas montré assez intolérant à l'endroit de Charles Millon et de Jacqueux Blanc, il a certes révélé sa vraie nature d'inquisiteur. J'avoue avoir beaucoup de mal à l'aimer. Reste que je trouve très méritoire sa volonté, affichée, probablement sincère, d'en finir avec la prétendue méthode globale d'enseignement de la lecture. Il s'agit là en effet d'un rouage de choix, sinon dans la "fabrique des crétins" (1), du moins dans celui de l'apprentissage de l'analphabétisme. On naît crétin, dans le cadre de la famille, on devient un cancre et un illettré, éventuellement même un communiste, par la grâce, par les peines et par les soins de la machine scolaire.
On peut donc faire état de certaines bonnes nouvelles, au moins virtuellement.
Parmi celles-ci je remercie Mme Catherine Rouvier d'être venue nous dire, à l'antenne de Radio Courtoisie (2) que l'UMP s'ouvre à un discours relativement nouveau sur la question scolaire. Au sein de cette coalition fourre-tout le prêt-à-penser ce révélerait dans cette hypothèse, que j'ai encore la faiblesse de croire optimiste, moins verrouillé qu'à l'époque du RPR.
Le paradoxe serait alors qu'à se commettre dans la promiscuité des Douste et des Blazy on s'expose à laisser libre cours à n'importe quelles opinions, y compris les bonnes : je n'ose encore y croire.
Une question emblématique est celle de la scolarisation des enfants intellectuellement précoces. Et, de ce point de vue, Catherine Rouvier fait le point (3) de cette question de "l'intelligence en trop". On y découvre alors que l'école est génératrice de "souffrance" pour de jeunes Français qui pourraient représenter une chance offerte à notre pays, et qui se retrouvent pour une partie notable d'entre eux en échec scolaire, victimes d'une bureaucratie niveleuse, charriant les mots d'ordre de l'idéologie égalitaire".
Ce très irritant problème n'est évidemment pas le seul.
Nous avons acquis la conviction que la grande préoccupation de nos maîtres et dirigeants n'est pas aussi "sociale" qu'ils le prétendent. Nous sommes en effet en présence d'une forme très particulière, très oblique et très fausse de "socialisme" qui a donné naissance à ce qu'on appelle la "gauche caviar". Mais celle-ci a été portée pendant des décennies par la "gauche cassoulet", c'est-à-dire pour appeler les choses par leur nom par l'élément laïciste et sectaire du grand orient de France, inventeur de la 301e forme de socialisme : le Socialisme maçonnique à la française. C'est bel bien dans ce milieu, dans le contexte des convents de l'obédience, que s'est forgé ce qui est devenu le plan Langevin-Wallon de 1944-1945. Celui-ci a été mis en place hypocritement et médiocrement par la Ve république. Il s'agit d'une utopie centenaire, prétendant figer la situation de la France, le "modèle français", qui demeurerait stupidement invariant dans un monde mouvant et évolutif
Remarquons aussi dans ce domaine l'un des enjeux essentiels, aux yeux de nos adversaires. Il est de savoir jusqu'à quel âge et dans quelle proportion on parvient à maintenir l'enfant sous le contrôle de l'État. C'est la conclusion du livre Socialisme maçonnique, telle que les textes de convents du grand orient nous le montrent.
C'est cette question qui est à l'origine de l'arrêt Boulloche de février 1959, inséré subrepticement par le dernier ministre de l'Éducation Nationale de la IVe république, au dernier jour de sa présence physique rue de Grenelle, avant le passage à la Ve par le gouvernement Michel Debré. De celui-ci on a prétendu qu'il fut le premier gouvernement de l'histoire de la république en France à ne comporter, dit-on, aucun franc-maçon. Et, cependant, les gouvernements successifs de la Ve république mettront bravement en place cette politique conçue par leurs adversaires les plus acharnés.
Je me souviens ainsi d'une forte déclaration d'Alain Peyrefitte sur Radio Courtoisie en 1991 reconnaissant que l'Éducation Nationale était "le grand échec de tous les gouvernements de la Ve république", insistant sur "tous les gouvernements".
J'en conclus personnellement, les 15 années écoulées n'ayant pas démenti ce constat, à la faillite quasi constitutionnelle du système présidentiel plébiscitaire dans ce domaine. J'observe en regard qu'on ne peut pas dire que les républiques parlementaires ayant gouverné la France, assez mal par ailleurs nous assure-t-on, de 1873 à 1940 puis de 1946 à 1958, aient échoué aussi piteusement, ni la monarchie de juillet, etc.
Nous sommes donc aujourd'hui plutôt convaincus, hélas, pour reprendre la terminologie et la conclusion actuelle d'Olivier Pichon que "le mammouth" est désormais irréformable.
Reste à partager bien sûr son examen fouillé, celui d'un professionnel (4) allant des folies démo-pédagogiques aux blocages syndicaux. C'est en fonction de tels décombres que se reconstruira un système éducatif pluriel répondant aux besoins et aux aspirations de la jeunesse et des familles françaises.
Aujourd'hui, l'une des grandes urgences, peut-être même la principale est d'obliger le système éducatif à tenir compte d'une indispensable concurrence.
À un tel titre, nous ne pouvons que reprendre la préoccupation affirmée courageusement par M. Frédéric Gauthier (5) :
"L’important aujourd’hui, c’est aussi de maintenir des espaces de liberté autres que ceux de l'Éducation nationale. Je pense que dans les années qui viennent, et compte tenu du contexte social actuel, l’une des revendications des syndicats du Public pourrait être de nous imposer la carte scolaire au titre de notre participation au service public. L’Éducation nationale me paraît irréformable aujourd’hui sans un choc social et culturel, au sens où il a fallu attendre le problème des banlieues pour que le Premier ministre ose proposer l’apprentissage à 14 ans… Faudra-t-il attendre d’autres traumatismes forts pour oser proposer les réformes nécessaires ?"
Sachant qu'une telle déclaration vient du directeur actuel de l'enseignement diocésain, ancien responsable du réseau des écoles de tradition jésuite, il est difficile de ne pas l'analyser de façon précise. Chaque mot compte.
Or, un mot nous choque : "maintenir" des espaces de liberté.
Nous pensons qu'avec une telle stratégie, tendant seulement à "maintenir", on ne répondra ni aux attentes, ni aux urgences, ni aux besoins à long terme.
L'important sera en effet, dans les années à venir, de développer ces espaces en s'appuyant sur un principe global de liberté scolaire, en multipliant les offres alternatives. Et, de ce point de vue nous apprécions beaucoup l'intervention de Mme Anne Coffinier et de son association au programme clair et net puisqu'il s'agit ni plus ni moins de "créer son école".
Les obstacles apparaissent immenses, immenses comme un mammouth. Mais au fond celui-ci n'est-il pas avant tout un dinosaure, à très petite cervelle, réflexes lents, attitudes serviles.
Allons, il y a plus d'espoirs que nous ne le pensons trop souvent.
JG Malliarakis
©L'InsolentApostilles
(1) Nous reprenons ici le titre, qui résume tout, du livre de M. Brighelli (Paris, Glawsevitch, 220 pages, 2005) sachant précisément que ce joli titre a de trompeur : l'analyse du camarade Brighelli, et Olivier Pichon l'a utilement rappelé lors de l'émission c'est que "la mort programmée l'Éducation nationale" est un projet pervers… du capitalisme. Ben voyons…
(2) libre journal de JG Malliarakis du 24 mars
(3) dans la livraison N° 32 hiver 2006 de la Revue Liberté Politique
(4) dans ses Dernières nouvelles du mammouth
(5) dans un entretien à La Nef N° 166 décembre 2005. ...Pour commander le livre Dernières nouvelles du mammouth
...Pour commander le livre Sociologie du communisme ... ...Pour commander le livre Socialisme maçonnique ...Pour accéder au catalogue des Éditions du Trident
Revenir à la page d'accueil… Utiliser le Moteur de recherche… Accéder à nos archives…
Vous pouvez aider l'Insolent ! : en faisant connaître notre site à vos amis en souscrivant un abonnement payant