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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

MARDI 4 avril 2006

Si l'Antiracisme Étatique et monopoliste est en crise

Incidents du 29 marsIncidents du 29 marsIncidents du 29 mars

... sauvons la crise ?

Le journal le mieux diffusé en Ile-de-France, c'est, comme chacun devrait le savoir, le quotidien « 20 Minutes ». C'est par lui que les Parisiens sont informés. Or, en première page de ce quotidien gratuit, le 3 avril (1), exit le CPE, exit son imbroglio juridique, exit le gâtisme présidentiel, exit l'intrigue de sérail, place au portrait de la mère affligé de la malheureuse Chahrazad défigurée le 13 novembre à Neuilly-sur-Marne par son soupirant le jeune Amir. Cette horrible affaire couvre aussi la page de 2 de « 20 minutes ». En page 3 de « 20 minutes » apparaissent les débats des Assises du Val-de-Marne du 31 mars, où le jeune Jamal (2) est accusé d'avoir brûlé vive, en 2002 à Vitry-sur-Seine, la malheureuse Sohane. En cette même page 3 de « 20 minutes » on apprend aussi les démêlés surprenants de l'acteur Samy Naceri, si attachant dans Taxi, arrêté en état d'ivresse le 30 mars, etc.

Certains s'inquiètent d'une remontée des opinions qualifiées de racistes. (Peut-être serait-il plus précis de parler en l'occurrence d'islamophobie.) On la dit inexplicable, dans cette Chiraquie si bien portante. Évidemment les menus incidents survenus à l'automne 2005, aux alentours de divers grands ensembles de notre belle Ile-de-France n'y sont absolument pour rien.

Et la maladresse, — on pourrait même dire : la lourdeur, — du discours antiraciste de nos dirigeants si géniaux, si habiles, si proches du sentiment populaire, ne saurait être invoquée.

Monsieur de Villepin et le président de l'UMP, l'assistant de plus en plus, ne s'occupent pas seulement en effet de gérer à leurs manières respectives la crise provoquée par les maladresses bureaucratiques du 12e modèle étatique de contrat type intitulé CPE.

Les hommes de l'État protègent aussi les braves gens, qu'on se le dise, ils appliquent la loi et ils la renforcent chaque jour.

Libération (3) surnommait Villepin « le forcené de Matignon » en raison de son apparente obstination dans cette affaire, à peine démentie par d'inutiles membres de phrases échelonnées depuis le 12 mars.

Mais ni Libé ni 20 Minutes ni personne ne reprochent ni aux chiraquiens, ni aux socialistes, ni à aucun des représentants agréés de l'idéologie politiquement correcte, leur acharnement, non moins remarquable pourtant, à faire avaler de l'antiracisme larmoyant, laïc et obligatoire à tous les Français à leur petit-déjeuner même en période de carême. Et quand les Français ne veulent pas de cette potion magique, on renforce la réglementation et on subventionne derechef les associations.

Le 21 mars, ainsi, la Commission nationale consultative des Droits de l'homme, machin officiel désigné du sigle CNCDH, remettait au Premier ministre son rapport annuel. Comme la facture représentative des dépenses nécessaires à l'établissement de ce précieux document n'est pas jointe à son emballage, on réservera la question budgétaire de ces galanteries à un examen ultérieur.

La grande affaire du jour, pour cet organisme para-étatique, consiste à s'inquiéter de la poussée de l'opinion ouvertement raciste (en fait : islamophobe). En 2004 les Français ne s'avouaient eux-mêmes racistes qu'à 25 %. En 2005, ils seraient 38 %.

Cela paraîtra évidemment terrible, si on rapporte cette évolution, non pas des mentalités effectives, mais des sondages, à la quantité constante, et même en constante augmentation, de la « pédagogie » - premier qui dit : « bourrage de crânes » est un homme mort ! Personne ne le dit, tant pis pour lui, c'était pour rire ! — des médiats et des politiciens et du taux et des tarifs de répression de cette opinion, nauséabonde et cependant proliférante.

Singulièrement la même CNCDH se félicite du recul de ce qu'elle recense, en additionnant très grossièrement des carottes et des navets (antiracisme oblige) pour des « actions et menaces racistes, xénophobes et antisémites ».

Cette addition s'effectue sur la base de la règle arithmétique : une bombe dans une synagogue plus un graffitum dans une pissotière d'autoroute égalent deux « actions ».

Le résultat est passé en un an de 1 574 à 974 « actions » officiellement recensées.

Mais, fait-on semblant de croire, le recul le plus sensible serait celui des « violences antisémites » qui, au nombre de 504, serait en baisse de 48 %. En regard, les actes « non antisémites » auraient reculé seulement de 22 %, l'ensemble de 38 %.

Au sujet de ce différentiel statistique apparent, peut-être dû seulement à l'évolution dans la promptitude du recensement, le 21 mars, le Nouvel Observateur a cru bon d'interroger le camarade Mouloud Aounit, secrétaire général du MRAP.

On doit rappeler un petit détail au sujet de cette indispensable officine subentionnée. Lorsque le parti communiste créa cette « courroie de transmission », scission de la LICA, en 1949, le sigle originel adopté était celui de Mouvement « contre le racisme, l'antisémitisme et pour la paix ». Les staliniens en confièrent, alors, la présidence à André Blumel, qui était en même temps un des dirigeants de l'association France-Urss. Il n'y a aucune raison de penser qu'une rupture véritable soit intervenue depuis entre le MRAP et son appareil constitutif. Seul le sigle a évolué. Et il a évacué notamment toute référence à la lutte contre l'antisémitisme : le MRAP est désormais « pour le rapprochement des peuples », ceci après un stade intermédiaire où il se réclamait de « l'amitié entre les peuples », appellation jugée sans doute à la fois trop utopique et trop ouvertement stalinienne. « La mode c'est ce qui se démode ». (4)

Donc Mouloud Aounit en bon apparatchik socialo-communiste, évite de développer trop cyniquement, trop ouvertement les « distinctions humaines ». Il opère tout de même un distinguo entre deux types d'antiracisme. Et il ose reprocher implicitement aux pouvoirs publics de favoriser un seul type de victimes : « il y a, dit-il, une très bonne mobilisation des institutions, de l'État, de la police, de la justice en ce qui concerne l'antisémitisme. Mais les autres formes de racisme ne sont pas autant dénoncées… » (5)

De tels propos,(6) sonnent assez curieusement.

Ou bien nous nous trouvons en présence d'un professionnel de la langue de bois, ou bien on l'a aidé, en définitif peu importe, mais l'expression « bonne mobilisation » n'est pas très naturelle en français courant. On serait plutôt enclin à écrire « forte mobilisation », car si l'interviewé dit ici « bonne », au moins officiellement, on se demande s'il ne la pense pas, en définitive plutôt « mauvaise ». Il est terrible, n'est-ce pas, M. Aounit, de se voir, quelque part, suspecté d'arrière-pensées discriminatoires.

Il n'existe aucune raison de privilégier telle forme de racisme par rapport à telle autre, c'est vrai : pourquoi occulter l'esclavage pratiqué en Afrique par des Arabes, à Madagascar par des Hovas, etc. ? Pourquoi oublier que, quantitativement, la colonisation a permis d'augmenter par le progrès médical la population de pays entiers qui se trouvaient au XIXe siècle en voie de dépeuplement ? Etc.…

La seule diffrénciation que l'on peut faire nous semble d'ordre, hélas, statistique.

On doit préciser ainsi, tant auprès des journalistes du Nouvel Obs, que des rares adhérents cotisants du MRAP, que les intéressés n'analysent pas du tout la situation de la même manière. Ainsi la communauté juive, pour être clair, ne manifeste pas du tout le sentiment d'être en présence d'un recul quantitatif de l'antisémitisme, dont il nous semble pouvoir souvenir que les victimes se comptent en millions quand celles du racisme anti-arabe ou anti-noir en Europe s'évaluent sur des quantités tout de même plus clairsemées. Se comptent, elles aussi, en millions, les victimes arméniennes, ukrainiennes, russes, chinoises, cambodgiennes, etc. des révolutions kémalistes, léninistes, maoïstes, etc. au XXe siècle. M. Aounit et le MRAP ne semblent guère sensibles à cette dernière réalité historique, pourtant guère contestable.

Ajoutons finalement que toute distinction entre les diverses victimes de racisme peut être tenue elle-même pour raciste.

Dans l'affaire atroce du gendarme Clin aux Antilles, le racisme anti-blanc est parfaitement perceptible.
M. Aounit et le MRAP demeurent à ce sujet étrangement silencieux.

Autre point essentiel : ce qui progresse c'est l'opinion de gens se reconnaissant pour « raciste ». Il ne s'agit pas des lecteurs de Gobineau (7). Mais ce ne sont pas, non plus, les auteurs « d'actions » racistes.

Or, cette progression dans l'opinion intervient alors que chaque jour on invente un nouveau gadget idéologique antiraciste ou une opération de discrimination positive ou un matraquage médiatique. Citons la prétendue « obligation » des CV anonymes (interdira-t-on les candidatures spontanées nominatives ?), la prétendue « première nomination » d'un préfet « musulman » ou d'un journaliste « noir », etc. Faut-il évoquer le nouveau règlement ubuesque de la FIFA prétendant bannir les sentiments racistes (ou chauvins ?) dans les stades à l'occasion des spectacles de podosphère (8).

Rappelons, incidemment, que le CPE lui-même était supposé, dans le cadre d'un projet de loi gouvernementale sur « l'égalité des chances », de « répondre à la révolte des jeunes de banlieues. »

Comme on le voit d'ailleurs le CPE c'est comme Félix Potin : « On y revient », et pourtant comme Félix Potin, le CPE est en liquidation.

C'est donc bien aussi de la faillite de l'antiracisme officiel étatique, obligatoire, moraliste, imbécile, monopoliste (en un mot : chiraquien) qu'il faut prendre acte.

Et rapidement.

JG Malliarakis
©L'Insolent

Apostilles
(1) 20 minutes N° 940
(2) Le jeune Jamal nous est dépeint comme un jeune doté d'une personnalité qualifiée de « duale » : « caïd incontrôlable, arrogant, violent » mais reconnu comme doté de « bonnes capacités intellectuelles ». Un parfait salaud, en somme.
(3) dès le 22 mars
(4) Jean Cocteau.
(5) On retrouve une fois de plus ce discours dans la bouche des parents de Chahrazad rapportés par « 20 minutes ». Aveuglés par leur malheur ces gens en arrivent à dénoncer la disproportion entre le traitement de leur drame et celui de l'affaire Ilan-Fofana. Sans chercher à remuer aucun couteau dans aucune plaie soulignons tout de même que ces affaires ne sont pas de même nature. Le parallèle est impossible, Chahrazad n'est victime d'aucune forme de racisme.
(6) Recueillis par Julie Coste et rapportés par le Nouvel Obs le 21 mars.
(7) Arthur de Gobineau était un auteur essentiellement ethno-différencialiste, que l'on pourrait considérer comme parfaitement non-raciste selon les critères modernes. On se reportera au besoin à la livraison N° 245, février 1934, de « La Nouvelle Revue Française » ou, à défaut à ma (modeste) notice sur « La Révolution gobinienne » en introduction à une réédition de l'Inégalité des races, provisoirement indisponible.
(8) En français : « matches de football ».

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