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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

MERCREDI 12 avril 2006

UNE VICTOIRE DES BUREAUCRATES SUR LES TECHNOCRATES

Les dirigeants des bureaucraties syndicales

On s'est essuyé les pieds sur les textes constitutionnels de 1958 comme sur le plus vulgaire des paillassons

La crise du CPE aura été riche de nombreux enseignements. Et comme d'habitude personne en France, sans doute, n'en tiendra vraiment compte. Ce 11 avril, sur France-Culture, le juriste socialiste Olivier Duhamel s'efforçait de démontrer, non sans talent, que la Ve république n'est pas en crise : la seule victime expiatoire du jour serait, selon lui, M. de Villepin. Et l'entretien publié par le Figaro le même jour avec le ministre de l'Intérieur, soutenant son ex-rival comme la corde soutient le pendu, lui donne le coup de grâce.

Toutes ces galanteries font évidemment bon marché des textes constitutionnels de 1958 sur lesquels on s'est essuyé les pieds comme sur le plus vulgaire des paillassons.

Citons à ce titre  :

L'article 3 du texte misérable de 1958 proclame pompeusement : « Aucune section du peuple, ni aucun individu, ne peut s'attribuer l'exercice de la souveraineté nationale. » Bien clairement, au contraire, ce sont les minorités manipulées qui, faisant obstacle à la représentation nationale théorique, ont triomphé des procédures constitutionnelles.

L'article 4 de l'imprimé jetable de 1958 déclare ingénument : « les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie. » Les partis de gauche et l'UDF, soutenant les manifestants minoritaires manipulés, se sont pourtant disqualifiés par rapport au respect dû aux mécanismes républicains.

L'article 16 de l'édifice démontable de 1958 dispose tristement : « Lorsque les institutions de la République et le fonctionnement régulier des pouvoirs publics sont menacés ou interrompus, le président de la République prend les mesures exigées par les circonstances. » Le chef de l'État, au contraire, a pris les dispositions inverses.

L'article 21 du tract risible de 1958 assure apparemment : « Le Premier ministre dirige l'action du gouvernement, il assure l'exécution des lois. » À partir d'un certain moment, et de manière irréfutable à partir du 5 avril le chef du gouvernement n'a plus rien conduit du tout.

La constitution républicaine semble donc dans les faits, par la grâce des « princes qui nous gouvernent » [1] aujourd'hui, bel et bien ramenée désormais à ce statut périlleux de « tract risible », « d'imprimé jetable », de « texte misérable », « d'édifice démontable » : un écrit périodique médiocre, comme ceux que l'on distribue quotidiennement dans le métro.

Au moment où ces lignes sont écrites, M. de Villepin n'est toujours pas démissionnaire et son intervention du 10 avril sur TF1, au soir de sa capitulation, n'allait absolument pas dans le sens de son remplacement plausible par un quelconque Borloo zozo.

Si Villepin part, ce sera, clairement, contre son gré.

En évoquant toutes ces violations des règles fondamentales d'une Constitution démocratique, je ne me fais nullement le défenseur paradoxal du texte malencontreusement et hâtivement rédigé par MM. Debré et Capitant pendant l'été 1958. Je ne défends pas non plus la prétendue « loi pour l'égalité des chances » dont la philosophie globale est irrecevable, et pas seulement son article 8 mort-né.

La sortie de crise se solde, une fois de plus, par une rallonge purement monétaire. On l'évalue dès le départ à 450 millions. Ceux-ci se verront saupoudrés sur 3 formes de contrats aidés destinés aux jeunes de 16 à 26 ans. On pourrait tout de même remarquer, qu'après plusieurs années de fonctionnement, ces 3 dispositifs, le CIVIS (160 000), le CJE contrat jeune en entreprise (270 000) et le contrat de professionnalisation (92 000) ont recruté beaucoup moins de clients que le seul CNE, en seulement quelques mois (plus de 500 000). Or, le CNE ne coûte rien au Budget de l'État.

Il est vrai que le CNE concerne « seulement » les petites entreprises. Pffuit !!!

Ce pitoyable transfert, décidé par Chirac, ne « créera » littéralement aucun « emploi » et chacun le sait [2].

Les subventions détruisent des ressources productives : elles ne suscitent aucun poste de travail durable.

Or, cette sortie de crise signifie, une fois de plus, que les technocrates donnent un gage aux bureaucraties syndicales, aux frais des contribuables futurs : rappelons que les 450 millions n'existent pas dans les caisses de l'État. Ils seront donc financés par un emprunt alourdissant la dette publique et détournant à nouveau, vers des gaspillages démagogiques, l'épargne des Français.

Les technocrates de l'appareil chiraquien ou de l'inspection des Finances n'ont pas plus de considération pour cette réalité qu'ils n'en avaient manifestée pour l'hypothèse d'une confrontation avec les organisations étudiantes et lycéennes. Il suffisait d'écouter Villepin au soir du 10 avril pour mesurer à quel point son incompréhension demeure totale.

Les douze bureaucraties syndicales associées, et les organisations socialo-communistes noyautant l'éducation nationale, peuvent crier victoire : leurs directions savent bien cependant ce qu'a d'illusoire leur représentativité.

Si la crise qui vient de se produire, et le dénouement qui s'annonce, ont bien un effet démonstratif ce sera certainement celui de la fragilité du système et de l'aveuglement des pouvoirs publics. L'encouragement donné aux fauteurs de trouble est considérable.

Si nous avions oublié la nuisance du système instauré par l'élection plébiscitaire du chef de l'État et la nocivité du réseau de courtisanerie imposé aux représentants du peuple, le comportement du président du groupe parlementaire UMP, le majordome gominé Accoyer, est venu nous le rappeler.

Les hommes de l'État ont réussi un exploit dans cette affaire. Ils sont parvenus à descendre un peu plus bas, encore, dans notre estime : c'est une assez belle réussite.

JG Malliarakis
©L'Insolent

Apostilles

(1) Rappelons que l'expression remonte précisément à ce Michel Debré dont le fils moron Jean-Louis Debré préside actuellement l'Assemblée nationale.

(2) Même parmi ceux qui persisteraient à ne pas lire Frédéric Bastiat.

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