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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
VENDREDI 21 avril 2006
L’extrÊme gauche ne renoncera jamaiS
Le 33e Congrès du parti communiste a préparé les troupes de Mme Buffet à l’entente entre le PCF et la LCR
La satisfaction avec laquelle certains croient avoir acheté, une fois de plus la paix civile, ne doit pas faire illusion.
On a capitulé devant la rue, et certes cela met en cause d'abord, la méthode technocratique de gouvernement. Il faut tenir cette façon d'exercer le pouvoir et de légiférer pour la première responsable de la crise dite du CPE. On n’oubliera pas, en même temps, le caractère essentiel de la loi annoncée le 16 janvier par Villepin, destinée à assurer « l’égalité des chances » : en elle-même, dans son ensemble, cette production bureaucratique voulait, et elle prétend encore, car une seule disposition en est abrogée, répondre à la « crise » précédente, c’est-à-dire aux émeutes dites « des banlieues » de l’automne 2005.Là où la presse étrangère dans son ensemble voyait des émeutes « ethniques », les équipes chiraquiennes et les médiats conformistes ont prétendu n’avoir perçu que le désarroi de « jeunes » touchés par un chômage moyen de 23 %, taux atteignant dans les zones sensibles des valeurs statistiques de 40 %, etc. Le problème était perçu par les équipes chiraquiennes comme purement matériel et quantitatif, elles prétendent toujours le résoudre par plus de redistribution, plus d'assistanat, et plus de subventions, lors même que les moyens financiers n'existent plus.
Non seulement la capitulation devant l’émeute doit chronologiquement être datée du commencement même de la crise du CPE, non seulement elle doit être mise au débit de l’équipe Chirac-Villepin, mais surtout elle doit être analysée en termes méthodologiques. Les équipes dirigeantes de notre pays, incapables de comprendre l’évolution du monde, croient toujours acheter la paix en injectant plus de « moyens », c’est-à-dire plus d’argent public extorqué aux contribuables et aux épargnants dans des « programmes » totalement périmés, totalement inadaptés aux populations des nouveaux bénéficiaires.
En eux-mêmes ces programmes suintent toujours la vieille idéologie marxiste. En cela, déjà, ils alimentent un mécanisme dont certains pays occidentaux n’ont pas su se débarrasser à l’occasion de l’effondrement de l’Empire soviétique : de ce fait ces pays eux-mêmes sont devenus de nouveaux sanctuaires de l’impunité idéologique du communisme. On peut citer, certes, nos voisins allemands dont l’effort si remarquable de réunification de 1989 a laissé de côté l’héritage de l’Est — ou plutôt ils ont dangereusement baissé la garde devant lui. On disait alors que l’absorption de l’ancienne RDA prendrait 20 ou 30 ans et la machine économique et sociale allemande patinera donc sans doute jusqu’en 2010 ou 2020. Mais au moins MM. Kohl et Genscher auront-ils réussi à réunifier pacifiquement leur pays.
En France, où l’impunité idéologique du marxisme est encore plus frappante, nous n’avons même pas cette excuse.
Nous sommes peut-être en train de construire une nouvelle « Algérie française », une petite AFN, une petite AOF et une petite AEF, prélevées et rassemblées sur 551 000 km2 de territoire métropolitain. J'ignore à vrai dire si cette constatation est vraiment de nature à enthousiasmer tous les Français. Après tout, il me semble avoir vu 90 % de mes concitoyens, au référendum de 1962, applaudir ce qui leur était présenté pour un soulagement, la fin du poids coûteux des colonies. Et cette mince consolation, châtiment du gaullisme, prend plutôt des allures de désolation.
Le fait fascinant, d’ailleurs, est de voir les continuateurs de la technocratie gaullienne continuer à produire les mêmes élucubrations qui avaient conduit au plan de Constantine de 1959 « comme c’est grand, comme c’est généreux, la France ! » s’écriait déjà le fondateur de la Ve république… On appellera cela désormais « plan Marshall pour les banlieues », cela fait plus américain, « plan Borloo », digne héritier de la « politique de la Ville » inventée par son vieux pote Bernard Tapie, ou enfin « loi pour l’égalité des chances », slogan de Villepin : c’est toujours la même chose.
Au bout du compte ce n’est pas par hasard, si, plombées par l’assistanat et l’endettement, les gros États de la zone euro, France et Allemagne en tête, ou plutôt en queue se traînent avec de misérables taux de croissance de l'ordre de 1 ou 2 % quand le monde entier tourne autour de 5 %, la Chine et l’Inde nouveaux géants avoisinant 8 ou 10 %.
Car le pire des boulets traînés par nos peuples et nos économies, c’est le boulet de l’idéologie.
Et cette idéologie dispose toujours d’armées, plus conquérantes qu’on ne veut le voir.
L’erreur, de ce point de vue, consiste à se focaliser sur les scores électoraux, effectivement « décevants » (décevants pour les équipes dirigeantes) du seul parti communiste, à moins de 4 % à la présidentielle de 2002. Observons quand même, si l’on s’en tient au score du 21 avril 2002 que l’ensemble des « héritiers de Lénine » totalisait ce jour-là 15 % des voix, sans même tenir compte des Verts dont la composante d’extrême gauche est pourtant tout sauf anecdotique.
Ce jour-là, les Français auraient pu découvrir que l’extrême gauche était désormais représentée par Besancenot, c’est-à-dire par le mouvement de Krivine. Et depuis lors, la tendance dominante est à l’entente entre le PCF et la LCR et c’est cette perspective à laquelle le 33e Congrès du parti communiste préparait les troupes de Mme Buffet : si elle n’obtient pas des équipes chiraquiennes la certitude d’avoir un allié à l’Élysée, continuateur sur ce point du gaullisme, comme c’est le cas depuis 1995, eh bien rien ne retiendra ni Mme Buffet, ni les nombreuses forces satellites dont elle dispose encore avec la CGT, avec la FSU, avec Attac, sur la voix d’une candidature unique « à la gauche de la gauche » qui pourrait fort bien créer la surprise au premier tour de 2007 – ceci, certes, rejetterait Mme Royal vers l’alliancecentriste, toujours promise par Mitterrand mais jamais réalisée, et cela demeure aussi la grande idée « jésuitique » de M. Bayrou.
Alors les manœuvres autour du « mouvement étudiant » et de la Coordination réunie à Nancy le 16 avril porteront leur fruit.
Besancenot l’a clairement expliqué à l'usage des auditeurs pressés de France Info, le même jour : cette candidature unique de la « gauche du non » demeure le vrai projet d’une extrême gauche qui n’a jamais capitulé et qui fait de l’antilibéralisme son cheval de bataille comme elle a pu fabriquer d’autres concepts par le passé : « antifascisme » « anticolonialisme », « antiracisme », « anti-impérialisme »… toujours avec des guillemets. Aujourd’hui toute mesure de réforme, même technocratique, sera systématiquement dénoncée comme « libérale », voire « ultralibérale » : ainsi de la réforme Fillon de 2003, destinée pourtant à sauver la « retraite par répartition » et son monopole ; ainsi de la loi Villepin de 2006 « pour l’égalité des chances », etc.…
Les forces d’extrême gauche organisées ont remporté une énorme victoire avec la crise du CPE.
Il serait non seulement naïf mais même d’une complaisance criminelle d’imaginer qu’elles vont désarmer comme de grands singes que l’on entendrait calmer en leur jetant des cacahuètes.
L’extrême gauche, comme l’islamisme, ne renoncera jamais.
Il est grand temps de comprendre la nature du double danger qui ronge la France.
JG Malliarakis
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