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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

LUNDI 10 JUILLET 2006

M. SARKOZY NE SE VEUT “NI THATCHER NI REAGAN”

Sarko entre une militante et un courtisan

Il va quand même falloir qu’il nous dise à quel camp il appartient.

Pendant la crise des émeutes de l’automne 2005, nombreux auront été les Français favorablement impressionnés par les déclarations du ministre de l’Intérieur.

Et c’est un fait également que depuis son accession à la présidence de l’UMP, M. Nicolas Sarkozy a fait enregistrer à ce parti une vague d’adhésions nouvelles sans précèdent à droite depuis 10 ans, singulièrement depuis l’époque où Alain Madelin cuisina son soufflé, vite retombé, appelé Idées Action en 1994, mouvement réinvesti dans Démocratie libérale en 1997, parti lui-même fondu en 2002 dans cette fameuse UMP.

Il est cependant un autre fait, non moins avéré. Ce courant de ralliements et d‘engouements de sensibilités libérales et nationales n’a pas été exempt d’interrogations à partir de l’hiver, et notamment au moment de la crise du CPE. Certains ingénus se sont étonnés alors de voir le même ministre se démarquer assez visiblement de la solidarité gouvernementale. De bonnes et opportunes raisons ont toutefois su calmer les états d’âme des plus inquiets : le CPE était indéfendable ; le chef du gouvernement s’enferrait maladroitement, etc. Pas possible par conséquent de plomber les immenses espoirs de myrifiques réformes dans un petit combat mesquin de cette nature pour une minuscule mesure technocratique elle-même vouée à l’échec.

En ce début de l’été, pourtant, le questionnement semble devenu plus profond et plus large.

Le 7 juillet, par exemple, dans Les Quatre Vérités, M. Alain Mathieu, président de Contribuables associés publiait ainsi un article remarqué sous le titre : « Nicolas Sarkozy est-il réformateur ? » dont la conclusion tombait, terrible : « Après 25 ans de pratique de l’étatisme chiraquien, Nicolas Sarkozy est-il partisan de la « rupture » avec le chiraquisme ? On peut de plus en plus en douter. »

Le 30 juin, sur autre terrain, intervenant dans mon libre Journal sur Radio Courtoisie, Henry de Lesquen, président de La Voix des Français et dirigeant du Club de l’Horloge, était allé plus loin encore. Il évoquait le domaine où précisément Sarkozy passe pour un « dur à cuire », celui de l’immigration sauvage et de la lutte contre l’islamo-terrorisme. Dans un réquisitoire implacable, méthodique et ininterrompu de 45 minutes, Henry de Lesquen dressa la liste des complaisances systématiques, des concessions et même des connivences lourdes de l’action ministérielle et des propositions politiques de M. Sarkozy avec les deux dangers qu’il passe ordinairement pour avoir vocation et faire profession de pouvoir conjurer.

Pour ma part, et me situant sur un terrain peut-être artificiellement distancié, je me suis permis d’invoquer seulement une observation des évolutions de l’opinion, à commencer par celle des messages envoyés de manière surabondante à la radio. Je l’ai fait indépendamment du cours du débat où, courageusement Mme Catherine Rouvier, professeur de Sociologie politique à l’université de Paris-Sud XI Sceaux, et par ailleurs membre de l’UMP s’efforça de défendre son président.

Ma question en effet se formule de la sorte :
- depuis l’hiver 2005 tous les politologues, tous les sondeurs, tous les vaseux communicants raisonnent comme si les 3/4 de l’électorat identitaire et sécuritaire (soit les votes qui depuis 20 ans se portent sur MM. Le Pen, Villers ou Mégret et qui semblent bien, représenter durablement 15 à 20 % sinon 25 % des Français) devaient inéluctablement se rallier en 2007 à M. Sarkozy dès le premier tour, hypothèse à partir de laquelle on l’estime appelé à dominer largement tous ses concurrents à droite.
- qu’a-t-on fait, qu’ont vraiment donné à cet électorat les divers gouvernements où M. Sarkozy s’est trouvé en vedette américaine depuis 2002 ?

Je crois pouvoir répondre moi-même à ma propre question : on ne leur a pas donné grand-chose.

Certains parlent de « lepénisation » des esprits. D'autres décrivent l'action gouvernementale comme « ultralibérale ».

Certains prétendent qu’on aurait fait d’importantes concessions langagières et symboliques et que cela suffirait à séduire une population jugée très manipulable.

Certains demandent même que toute revendication libérale ou identitaire se taise dans la période actuelle afin de permettre aux grandes consciences agréées et grandes intelligences diplômées de débattre sereinement dans leurs enceintes protégées, aseptisées et insonorisées, à l’abri des bruits de la rue et des odeurs de l’escalier.

Le drame est, hélas, que cette stratégie ne réussit, de toute manière, jamais.

« On », c’est-à-dire le ministre de l’Intérieur, avait ainsi l’occasion, le 5 juillet dernier, de donner une toute petite bouffée d’air respirable, à très peu de frais, aux Français nationaux. Ils ont « failli » être autorisés, pour la première fois depuis 1962, — ou plus précisément ils l’ont été, puis ils se sont vus notifier au dernier moment leur interdiction – d’honorer les morts de la tragédie occultée des centaines de Français assassinés ou enlevés, et torturés, par le FLN, après les accords d’Évian et singulièrement les victimes de la tragédie d’Oran du 5 juillet 1962. (1)

Peut-on rappeler à ce sujet que l’hommage au Soldat Inconnu n’avait jamais été empêché jusqu’alors et que les Français d’Algérie ont quelques titres à s’y rendre (2).

Sans doute est-il nécessaire de faire ici trois remarques :

1° Certains modernistes écervelés croient, ou affirment en feignant d’y croire, qu’il serait définitivement nécessaire de renoncer à toute évocation du passé. On ne construit pas l’avenir, soutiennent-ils, avec un rétroviseur. Il ne s’est rien passé, disait l’un d’entre eux, avant l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Répondons-leur qu’en effet nous serions plus heureux sans le matraquage permanent des mensonges historiques : par conséquent, que les marxistes et autres tribus de coupeurs de têtes commencent.

2° D’autre part, on ne saurait conduire une automobile pas sans une observation de certains dangers venant précisément de l’arrière, d’où l’utilité, et même l’obligation de l’équipement automobile dénigré par les modernistes écervelés.

3° Dans l’affaire évoquée, précisons aussi que depuis quelque temps ce sont les algéro-cocos, M. Bouteflika et ses relais de complaisance en France, qui agissent et redoublent d’initiatives et de discours agressifs. Ils attaquent à nouveau la France et les Français, dans le but évident de faire payer les contribuables hexagonaux pour retarder la faillite de l’économie algérienne.

La manifestation de l’Étoile du 5 juillet était organisée par l’Allo, Association strictement apolitique des anciens du lycée Lamoricière d’Oran, dirigée par M. Jean-Pierre Rondeau (3). Celui-ci est un ancien élu local UDF de Seine-Saint-Denis.

Or, qui a mis en branle les réseaux de l’interdiction ?

- Rosa Moussaoui, 28 ans, membre de la Direction du Mouvement des Jeunes communistes, membre élu du Congrès du Parti communiste, journaliste à l'Humanité et correspondant d'un journal algérien (Le Soir d'Algérie).

- Mouloud Aounit, président du Mrap qui a cru pouvoir demander l’interdiction d’une manifestation dans une lettre menaçante (4) écrite au ministre Hamlaoui Mekachera.

C’est à ces gens-là, c’est-à-dire en clair à l’appareil du parti communiste que M. Sarkozy a cédé le 5 juillet.

Le 6 juillet, lors d'un meeting de plein air à Ballan-Miré aimable bourgade  à la lisière de la Touraine et du Poitou M.Sarkozy déclarait : "Je ne suis pas un idéologue. Je ne suis l'otage de personne. J'ai une mission de rassemblement. Rassembler les libéraux, les gaullistes, les centristes, les Européens, les souverainistes. Je dois assurer la cohérence de l'ensemble. (...)”. Et il déclarait plus significatrivement encore "Je ne suis ni Mme Thatcher ni M. Reagan, je suis Nicolas Sarkozy."

De cela, certes, personne ne doute.

Mais il va falloir très vite qu’il précise à quel camp il appartient, celui du marxisme étatiste ou celui de l’économie de liberté, celui des journalistes de L’Humanité, des flics de Bouteflika et des potes de Pol Pot, ou celui des Français.

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) Lire à ce sujet les divers travaux de l’historien Jean Monneret.

(2) Sur l’excellent site de M. Jean Viala consacré à la guerre d’Algérie on trouvera les indications suivantes :

La population d'Européens d'Afrique du Nord étant à cette époque de 1 076 000 personnes, l'effectif sous les drapeaux en représentait donc 15,6 %, soit une personne sur six ou sept, hommes, femmes, enfants et vieillards compris.
Pour prendre conscience de ce qu'a représenté un tel effort de mobilisation (ou d'engagement volontaire), on peut évaluer ce que donnerait ce même pourcentage, s'il était appliqué aujourd'hui à l'ensemble de la population française : 56, 6 millions d'habitants x 15,6/100 = 8,82 millions de soldats. Jamais, à aucun moment de notre histoire, un tel chiffre n'a été approché. En 1944 et 1945, en Afrique du Nord, pratiquement tous les Européens en état de porter les armes ont été appelés. Rapidement instruits, équipés par les Etats-Unis, entraînés suivant des méthodes aussi proches que possible du combat réel ils sont débarqués ou parachutés sur l'autre rive de la Méditerranée afin d'aller libérer leur patrie. Aussi, quand le 8 mai 1945, le jour même de l'armistice, éclatent les émeutes de Sétif, il ne reste pratiquement plus dans la population européenne d'Algérie que des femmes, des enfants, des hommes ayant dépassé la cinquantaine, quelques invalides, des blessés en convalescence et des jeunes recrues en formation. La gendarmerie, comme toutes les autres armes, a été projetée au-delà du Rhin. On ne peut pas comprendre la panique qui s'est emparée des autorités gouvernementales et militaires françaises, ni la brutalité de la répression qu'elles ont improvisée, si on ne sait pas qu'il n'existait plus à ce moment-là sur le sol de l'Algérie aucune force de l'ordre organisée pouvant être opposée aux émeutiers.
En 1914-1918, les Français d'Algérie avaient perdu une première fois 22 000 morts (ou 25 000, les chiffres varient suivant les sources). Entre fin 1942 et mai 1945, ils en ont perdu une deuxième fois plus de 20 000. Leur population étant environ cinquante fois moindre que la population française totale, c'est comme si la France, après avoir perdu 1 357 000 morts au cours de la première guerre mondiale, en avait perdu à nouveau pratiquement autant durant la seconde.

(3) Voici le texte de Jean-Pierre Rondeau situant la manifestation :

Dans un souci de modération et afin de respecter le caractère non politique de notre cérémonie, j'avais souhaité de ne pas vous faire part de l'origine des ennuis qui nous sont faits et des pressions que je subis, afin de nous interdire, en tant que Français d'Algérie, d'honorer la mémoire de nos Compatriotes disparus le 5 juillet 1962, dans les conditions les plus atroces. Il s'agit simplement d'honorer leur Mémoire à l'Arc de Triomphe, comme celle de l'ensemble des Français Morts pour la France.
Mes précautions, comme le fait de vous demander de venir sans pancarte, ni slogan ne suffisent pas. J'avais même accepté que l'on ne chante pas "le Chant des Africains".
Chant que certains d'entre nous ou nos parents "portaient" quand ils participèrent à la libération de la "Mère Patrie" (composant la moitié de la seule Armée française de libération; 27 classes d'âges, plus qu'en 14/18 en Métropole, 80 000 femmes engagées). Chant qui émerveille médias et classe politique, quand il s'agit des seuls artistes d'origine musulmane.
Toujours par précaution, j'avais de même ôté toute mention à d'autres organisations qui depuis quelques années étaient les premières à nous apporter leur soutien, sachant que la plupart d'entre elles appelaient ensuite à notre cérémonie. Même si l'autorisation était donnée à la seule ALLO, il me paraissait injuste de taire le nom de ceux qui, parfois depuis plusieurs années, avaient maintenu avec nous, la flamme de la Mémoire.
Et bien cela n'a pas suffi.
Il est demandé, par le MRAP, la Ligue des Droits de l'Homme et l'ARAC, au Président de la République, au Premier ministre,  au Ministre des Anciens Combattants, au Général Président du Comité de la Flamme de nous interdire cette cérémonie en hommage à des Français, victimes civiles (mais il y eu quelques militaires en permission ce jour là). Il m'a été demandé de renoncer. On m'a fait savoir, et cela apparaît dans l'article de l'Humanité, qu'il pourrait y avoir une interdiction venant du plus Haut niveau de l'État. J'ai, bien entendu, refusé. On pourra nous empêcher de déposer une gerbe, on ne nous interdira pas d'être présents.
Comme vous le verrez dans les deux documents ci-joints, Madame Rossa MOUSSAOUI de l'Humanité se fait l'interprète de Monsieur Mouloud AOUNIT, président du MRAP, pour sa lettre à Monsieur Hamlaoui MEKACHERA, Ministre aux Anciens Combattants.
Mensonges dans l'amalgame que font le MRAP comme l'Humanité de ALLO, l'ADIMAD, l'OAS et de tous les sites Pieds Noirs amis qui ont eu 'l'outrecuidance" de diffuser notre information!
Mensonge prouvé (j'ai enregistré Madame MOUSSAOUI) quand elle précise que " je me flatte de la possible présence d'élus UMP", alors que j'ai au contraire indiqué "qu'un président d'association Pieds Noirs ayant invité des politiques, nous n'y étions pas favorables, nous ne pouvions pas nous y opposer, mais leur présence se ferait à titre uniquement personnel ". Certes, après cet avertissement indirect de l'Humanité aux élus UMP, il risque d'être bien déçu!
L'Humanité, pour qui les victimes ne peuvent être que d'un seul camp et qui porte mal décidément bien mal son nom , ne fait aucune référence au drame du 5 juillet 1962. Elle n'explique pas à ses lecteurs les quelques centaines à 3000 victimes civiles d'une barbarie inhumaine (3000, selon les sources, la dernière étant les Autorités militaires de l'époque). L'Humanité n'a, comme le MRAP, la LDH, l'ARAC, aucune compassion pour ces victimes, pourtant françaises, de toutes confessions et de toutes conditions, parfois anciens électeurs du PC. Aucune compassion pour les familles qui, depuis 1962, vivent une "double peine". Celle de savoir que leur père ou mère, frère ou sœur, cousin ou oncle a été assassiné, sans savoir comment (dans des conditions toujours horribles), à quel moment exactement, entouré de qui?
Face à cette campagne, vous ferez face par votre simple présence et en toute dignité, en venant le 5 juillet dès 17H45 (la cérémonie est à 18h45) au pied de l'Arc de Triomphe. Merci de diffuser au plus grand nombre.
Jean-Pierre RONDEAU

(4) Voici la Lettre ouverte de Mouloud Aounit à Monsieur Hamlaoui Mekachera Ministre délégué aux Anciens Combattants

Monsieur le Ministre délégué aux Anciens Combattants,
Le 5 juillet 2006, à l’Arc de Triomphe de Paris, l’association ALLO (« Anciens du Lycée Lamoricière d’Oran »), couverture de l’association ADIMAD-OAS, a obtenu l’accord de raviver la flamme du soldat inconnu.
Le Président de l’ADIMAD-OAS, Jean-François Collin, appelle à cette manifestation d'une haute importance symbolique  en déclarant : « Les discours ne sont pas autorisés sur place. Mais qu’importe ! Ce geste est bien plus important que tous les discours. »
Ce même Jean-François Collin, le 7 juin 2005, assimilait le Général de Gaulle à Hitler, propos en accord avec le projet de l'ADIMAD-OAS, association de nostalgiques de l'Algérie française qui se glorifie d'honorer  notamment Jean-Marie Bastien-Thierry, Roger Degueldre, Claude Piegts, et Albert Docevar, condamnés à mort et fusillés pour avoir perpétré les attentats contre le Président de la République, des hauts fonctionnaires, des milliers de civils et  de policiers. Nous ne pouvons qu'être révoltés.
Etant donné  la gravité des faits, nous souhaiterions, Monsieur le Ministre, que soit annulée une  manifestation  insultante pour  les familles  des victimes , et contraire aux valeurs de la République, en ce sens qu'elle ravive la mémoire des crimes au lieu de chercher le chemin de l'apaisement nécessaire  aux mémoires blessées. La flamme du soldat inconnu doit briller pour nous rappeler les vies perdues au service des grandes causes. Ne dévoyons pas son message de clarté !
A défaut, nous serions contraints, Monsieur le Ministre, d’appeler près de l’Arc de triomphe à une manifestation silencieuse de dignité, porteuse de notre révolte face à l'affront d'une manifestation revancharde sur le lieu de paix que représente le cénotaphe du soldat inconnu.
Nous restons bien entendu à votre disposition pour une rencontre et nous vous prions de bien vouloir agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de notre très haute considération.
Paris, le 30 juin 2006 signé "Mouloud Aounit Président"

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