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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

MERCREDI 20 JUILLET 2006

LES DÉFAITES SONT RAREMENT ÉTRANGES

le chef de guerre Chiracl'historien Marc Bloch

Et les invasions sont le lot des pays désarmés et communautarisés.

Il me faut d'abord saluer ici le professionnalisme de mon libraire de quartier, l'un des derniers ou des premiers, à exercer ce métier avec intelligence, passion et dévouement. Je voulais me procurer le fameux livre de Marc Bloch "L'Étrange Défaite", et rien de plus. Introuvable ! Après plusieurs demandes, de guerre lasse, j'ai fini par accepter d'acquérir le volume de la collection Quarto Gallimard, dont je ne voulais pas et qui contient, pour un prix abordable sur 1 178 pages, outre le texte désiré, de nombreux écrits et témoignages autour du cofondateur des Annales.

Évidemment j'ai dévoré ces pages non désirées. Elles se révèlent bigrement plus stimulantes que le constat poignant, mais hélas connu, de l'effondrement de la France en 1939-1940.

Quant aux causes de celui-ci, le grand historien, patriote, combattant du 7e RI, Croix de Guerre 1914-1918, républicain et citoyen se trompe entièrement !

Le célèbre introducteur du facteur économique dans l'Histoire, outre qu'il n'entendait rien à l'Économie, succombe à la plus plate "théorie du complot" !

Dois-je dire à quel point le Marc Bloch découvert par cette lecture m'est apparu dans sa double réalité : celle d'un homme extrêmement attachant à de nombreux égards, mais aussi celle d'un intellectuel aux idées radicalement fausses (1).

Faut-il parler d'une influence particulièrement pernicieuse ? Au fond, je n'irai pas jusque-là. Lorsque apparaît le fameux CVIA, Comité de vigilance des intellectuels antifascistes en mars 1934, et Lucien Febvre et Marc Bloch en trouveront le manifeste passablement ridicule (2). Ce texte était l'œuvre de Paul Langevin. À cet homme-charnière entre le grand orient et le parti communiste (3) on doit le fameux plan Langevin-Wallon de 1944, plan écarté par la IVe république de 1946 à 1958, mais plan finalement réalisé dans la pratique par la Ve république depuis 1959. Or, malgré le ridicule du manifeste, et Febvre et Bloch donneront leur adhésion. Certes, ils ne seront jamais intégrés à "l'église marxiste" comme ils disent. Ce sont des "hommes du seuil" (4), des suiveurs naïfs. Leur revue, éditée par Gallimard, sera lue seulement pendant les 10 premières années avant 1939 par 300 ou 400 Français "plus une centaine d'Italiens"; elle deviendra au contraire, après 1968, une sorte de référence officielle : il n'est pas certain que la démarche même de Bloch, magnifiée par Braudel, soit sortie indemne de ce glorieux changement de statut.

Certes, mort tragiquement, en déportation, Marc Bloch n'aura pas eu le loisir de mesurer, en 1944-1945, le retournement cynique et complet de l'imposture communiste avec le retour de Thorez, accompagné d'un invraisemblable déferlement de chauvinisme du parti communiste, devenu agressivement et ostensiblement "français".

Mais pourquoi cherche-t-il dans "L'Étrange Défaite" à mettre celle-ci au débit du seul "commandement", et à quel "commandement" pense-t-il vraiment ? À celui de Gamelin que Daladier puis Reynaud ne surent pas débarquer (5) ? En fait le sous-entendu vise essentiellement Weygand "rappelé de service" alors que tout était perdu, et finalement Pétain. C'est le mythique "complot Pétain"

Telle sera d'ailleurs la trame de l'Acte d'accusation du procureur Mornet au procès du Maréchal en 1945. Or, tout le procès démontre au bout du compte, au fil des débats, l'inanité de cette rhétorique accusatoire artificielle. Il n'y a pas eu de complot.

Non, la défaite française de 1940, si douloureuse fut-elle, n'est absolument pas étrange. Elle est arithmétiquement, mathématiquement, totalement, logiquement inéluctable. Elle n'est le produit d'aucun complot, elle est celui du désarmement de la France et de la défaillance des alliances.

J'ai le regret d'avoir à le souligner : la lecture des minutes du Procès du Maréchal Pétain est à cet égard passionnante, puisque tous les points de vue, tous les témoignages y sont confrontés. Ce n'est pas pour les avoir publiées in extenso que je l'écris : c'est au contraire parce que je crois ce document, cette mine énorme et sans équivalent d'informations, si l'on veut comprendre ce qui s'est réellement passé depuis 1939 que j'ai procédé à cette volumineuse édition. Oui, les historiens et les patriotes attachés aux libertés françaises seront reconnaissants de ce travail, œuvre du sympathique Institut voué aux recherches historiques, indépendantes et objectives autour du Maréchal Pétain (6).

En effet, la rhétorique accusatoire se fonde sur l'idée de "L'Étrange Défaite" et elle est articulée pratiquement sur le mythe du "complot synarchique" – tel qu'on le décrivait après-guerre.

S'il a existé un arrière-plan secret de la guerre européenne entre 1939 et 1941, il a d'abord tenu à la question de la place de l'URSS et aux intrigues criminelles de Staline s'alliant avec Hitler. C'était évidemment à cela que pensait Winston Churchill lorsqu'il prononça la phrase qu'il aurait dite à Truman en marge de la conférence de Potsdam : "nous avons tué le mauvais cochon".

Cet arrière-plan explique probablement à la fois l'envoi du Maréchal Pétain comme ambassadeur en Espagne par le gouvernement Daladier, avec les chaudes approbations de Léon Blum, en vue de s'assurer la neutralité future du gouvernement nationaliste ; puis, l'échec de l'entrevue de Hendaye entre Hitler et Franco du 23 octobre; et enfin toute la politique d'attente de l'intervention américaine.

Expliquer "l'Étrange de Défaite" ?

Pourquoi ne pas d'abord s'interroger sur les politiques d'affaiblissement militaire (7) de la France et sur ses alliances ?

Au moins voilà qui nous ramènerait à une considération affreusement actuelle sur ce qu'il advient des pays désarmés et communautarisés..

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) En dehors de sa spécialité, l'Histoire médiévale. Rappelons qu'il restera l'auteur des Rois thaumaturges, grand classique de l'Histoire de France. Le propre des intellectuels est de prendre parti de manière très naïve en dehors de leurs spécialités. Cela est particulièrement courant chez les scientifiques. L'école des Annales prétend attacher la plus grande importance aux faits économiques, mais elle ignore tout de la Théorie économique.
(2) cf. page 37.
(3) Voir "Socialisme maçonnique" par AG Michel chapitre VIII pages 215 à 245 "La Stabilité du régime par l'Éducation".
(4) Voir "Sociologie du communisme" Tome Ier chapitre VIII pages 169 à 179.
(5) Voir "Les Responsabilités des Dynasties bourgeoises" Tome V "De Hitler à Pétain". Reynaud surtout, et Daladier, constituant les pièces maîtresses du dispositif accusatoire lors du procès du Maréchal Pétain, leur rapport à la chose militaire est systématiquement occulté.
(6) IRHMP BP 228 75264 Paris Cedex 06.
(7) Car ces politiques continuent. Dans un article du 14 juillet 2006 Le Monde soulignait encore que "La défense est menacée de servir de variable d'ajustement budgétaire". Et dans sa préface à L'Honneur des vaincus, petit livre consacré aux combats de mi-juin 1940, le colonel Bernard Moinet soulignait et annonçait dès 1996 les conséquences dramatiques de la réforme chiraquienne de l'armée.

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