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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

mardi 29 AOÛT 2006

L'ANNONCE FAITE PAR CHIRAC

BaalbeckBaalbeckBaalbeck

Quand il n'est pas excessif de marteler le parallèle historique entre islamo-terrorisme et marxisme-léninisme est-il sérieux de "demander des garanties" à la prétendue "communauté internationale" ?

L'annonce par M. Chirac, ce 24 août de sa décision d'envoyer au sud du Liban, une force militaire française de 2000 hommes ne peut en aucune manière nous laisser indifférents.

Soyons précis : la mission de cette force, sera, même si on ne le dit pas au départ, d'empêcher, ou au moins d'entraver sérieusement les activités des milices chiites et des réseaux palestiniens.

Nous voici donc tous engagés, ouvertement désormais, comme citoyens, comme contribuables et comme cibles civiles du terrorisme.
Depuis 1995 et les attentats aveugles et meurtriers du GIA sur le territoire français, depuis 2001 en Afghanistan, la France était certes déjà en guerre avec l'islamisme radical. Mais ce conflit demeurait en quelque sorte  à l'abri du débat public. Il était géré par quelques spécialistes.

Il restait à l'abri des voltes faces des médiats et de l'opinion : c'en était au point que notre irresponsable et indécrottable "parti intellectuel" pouvait se permettre de l'ignorer.

Désormais les choses seront plus claires. La France au Liban sera, comme l'ensemble des pays de l'Union européenne participant peu ou prou au dispositif, engagée
- comme l'est la Russie au Caucase depuis la fin des années 1990,
- comme le sont l'Amérique et la Grande-Bretagne en Irak depuis 2003,
- comme l'est également et depuis longtemps l'Inde dans le conflit du Cachemire,
- comme l'est aussi la Chine au Sin-kiang.

Tous ces pays sont, en vrac et sans véritable coordination, impliqués dans des conflits ouverts avec des réseaux internationaux de poseurs de bombes fanatisés, réseaux ne professant aucun égard pour la population civile, les vieillards les femmes ou les enfants. "Pas d'innocents chez les bourgeois" disaient autre fois les terroristes révolutionnaires ; "pas d'innocents chez les infidèles" pensent leurs continuateurs se réclamant (abusivement nous rassure-t-on) de l'Islam.

Il n'est d'ailleurs pas excessif de marteler le parallèle historique : les révolutionnaires d'extrême gauche sont par définition de charmants utopistes voués au bonheur de l'Humanité ; de la même manière, les islamistes prêchent, nous dit-on, une religion d'amour, de tolérance et de paix : oui, exactement de la même manière, celle de Staline, de Pol Pot et d'Oussama bin Laden. Dès 1949 Jules Monnerot, à l'inverse de tous ceux qui prétendaient y voir une doctrine scientifique, qualifiait génialement le communisme d'islam du XXe siècle. L'islamo-terrorisme apparaît légitimement, au moins (1) depuis 2001, comme le marxisme-léninisme du XXIe siècle.

Dans une mise au point du 26 août, M. Kofi Annan précisait cependant que "la mission de la Force internationale d'interposition n'est pas de désarmer le Hezbollah" (2).

Or, ceci contrevient explicitement aux "décisions" votées par le Conseil de sécurité dans le cadre de la résolution 1 559 du 2 septembre 2005 (3).

La règle du jeu n'a donc hélas guère changé : la "force internationale", – c'est-à-dire aussi bien le contingent français de 2000 soldats que le contingent italien de 3 000 hommes, que l'ensemble des troupes européennes soit aux estimations actuelles 7 000 hommes – le tout venant au secours de 15 000 soldats déployés par l'armée libanaise, pour la première fois depuis 1970 sur son propre territoire – tous devront boxer avec une main dans le dos.

Or, un événement essentiel s'est produit en juillet 2006 : pour la première fois depuis 1948, l'armée israélienne a été mise en échec, au moins en échec relatif, par le Hezbollah. Il était prévu, prévu par les experts, que 7 à 10 jours lui suffiraient pour liquider cette milice, soutenue par la Syrie et l'Iran, à la frontière israélo-libanaise. Les opérations ont commencé le 12 juillet. Les victimes collatérales ont été importantes : plus de 1 300 morts. Mais au 12 août, date du dépôt de la résolution 1 701 "le canard était encore vivant".

On a donc objectivement eu affaire avec le Hezbollah à l'adversaire le plus coriace rencontré par l'armée de l'État hébreu depuis 60 ans. Il a par ailleurs été évalué que le commandement et la stratégie d'Israël ont été très au-dessous de ce à quoi le monde est habitué depuis la renaissance d'un État juif en Palestine.

Pense-t-on donc sérieusement, à l'Élysée et au Quai d'Orsay, que l'armée un peu hétéroclite franco-italo-libano-européenne, de 20 000 ou 30 000 hommes, aidée d'un contingent népalais fera mieux, sous contrôle de Kofi Annan, que celle d'Israël agissant sans guère de censure de la part du grand frère américain ?

Il est vrai que le gouvernement de Paris a introduit un petit délai, entre le 12 et le 24 août, pour faire semblant de remettre en cause son engagement, en demandant des "garanties".

Mais qu'est-ce à dire ? M. Chirac avait-il manifesté les mêmes scrupules en 1999 quand il s'était agi de bombarder Belgrade ?

Est-ce la "communauté internationale" qui apporte des garanties aux forces armées ? Est-ce le droit qui garantie les armes ? N'est-ce pas plutôt le contraire ? Le discours officiel français n'est-il pas toujours dans l'erreur de la "sécurité collective" qu'il a lui-même bafouée dès le traité de Locarno en 1925 ?

La conclusion n'est hélas que trop claire : ou bien l'Armée française et l'ensemble des Européens s'émancipent complètement de ce que le général De Gaulle appelait "le Machin", ou bien nous risquons fort d'avoir à repartir du Liban, comme nous l'avons fait il y a plus de 20 ans, après l'attentat du Drakkar et ses 58 morts.

58 parachutistes français des 1er et 9e RCP trouvèrent la mort ce matin du 23 octobre 1983 à 6 h 42 cependant que 241 de leurs camarades américains, aux aussi soldats de la Paix, aux ordres imprécis et fluctuants de la "communauté internationale" étaient, simultanément, eux aussi, assassinés pendant leur sommeil.

Espérons qu'on ne pourra plus jamais être tenté de penser qu'ils seraient morts pour rien.

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) Je confesse humblement avoir eu sur ce point plusieurs années d'avance (c'est un grand tort d'avoir raison trop tôt) sur les experts américains et sur M. Chirac, puisque la chose m'avait paru très claire dès le début des guerres de Yougoslavie.
(2) cf. Dépêche Novosti du 26 à 14 h 15
http://fr.rian.ru/world/20060826/53168591.html
(3) La résolution 1 559 du 2 septembre 2004 votée par le Conseil de sécurité déclare notamment : "Réaffirmant qu’il appuie vigoureusement l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance politique du Liban à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, notant que le Liban est déterminé à assurer le retrait de son territoire de toutes les forces non libanaises, gravement préoccupé par la persistance de la présence au Liban de milices armées, qui empêche le gouvernement libanais d’exercer pleinement sa souveraineté sur tout le territoire du pays, (...) demande que toutes les milices libanaises et non libanaises soient dissoutes et désarmées".

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