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Ah certes il est des moments de morosité : il ne faudrait jamais succomber à cette tentation suggérée par une fin d'été trop pluvieuse, par la rentrée et par la chute, habituelle à l'automne, des feuilles d'impôts, les plus tristes, les plus douloureuses, les plus drues…
Mais quand même, sans se complaire dans "l'acédie", comment faut-il donc regarder le retour des deux Premiers ministres de 1995-1997, et de 1997-2002, tous désavoués sans appels par le suffrage universel, par la démocratie…
Vous avez dit : démocratie ? Mais dans un régime démocratique normal, le chef du parti battu chassé du pouvoir disparaît discrètement et même définitivement de la vie politique et d'abord de la direction de son parti.
En France au contraire, ils s'accrochent tous, comme des arapèdes sur le rocher, et ils restent là, increvables, incorrigibles, insubmersibles.
Faut-il donc revenir en arrière, rappeler les épisodes précédents ? Faut-il rabâcher encore qu'en avril 2002, pour la première fois en un demi-siècle de Ve république, la gauche avait été absente du second tour de l'élection présidentielle, alors qu'elle venait de gouverner pendant 5 ans, qu'elle était contente de son bilan, des lois Aubry et tout ça, l'œuvre de l'inusable cabinet Jospin ? Ce tremblement de terre du 21 avril 2002 était quand même dû, aussi, en dehors de la méchanceté (incontestable) des électeurs du Front national, au moins en partie à la médiocrité de sa campagne, de son candidat, de ses fausses pudeurs, etc. Certes, l'existence d'une multiplication de petits concurrents sur sa gauche, Chevènement, Taubira, Besancenot, etc. est pour quelque chose dans l'échec de Jospin : mais précisément si Chevènement, Taubira, Besancenot ont pris plus de voix que prévu à Lionel Jospin, c'est, d'une part qu'il n'était pas convaincant le Lionel, et d'autre part, s'ils se sont trouvés dans la course c'est aussi parce que le grand stratège de la gauche et son brillant état-major socialiste l'ont bien voulu et l'ont en partie programmé.
Vous pensez peut-être : "balle dans le pied" ? Cela nous en rappelle une autre, celle de l'autre grand vaincu qui réapparaît, déjà presque triomphant ; le vaincu de 1997, auquel la France est redevable des 5 années de socialisme qui ont suivi.
Pas si vite, me dira-t-on. L'addition de 1997 est à partager. Elle n'incombe pas seulement à Juppé Premier ministre, impopulaire et désastreux. Soyons honnêtes et reconnaissons que cette brillante opération de dissolution résultait du concours de trois grands esprits : celui de Juppé, certes, mais aussi celui de Jacques Chirac qui a accepté de signer, et celui du conseiller génial, "proche du peuple", presque aussi proche que l'était l'autre grand génie, le Giscard (1). Le Villepin, pour récompense de sa grande idée de 1997 a été propulsé à l'hôtel Matignon et on nous menace de la rétablir comme candidat plausible en vue de la prochaine élection présidentielle. Et malgré le gentil surnom de "Néron" (allusion à l'incendie de Rome) que lui a donné Bernadette Chirac il n'est pas encore candidat au principat.
Certains me diront encore que rien n'interdit de penser que le président puisse avoir en tête de briguer un 3e mandat. Triste perspective, l'hypothèse d'un tel "combat de trop" pour vieux boxeur en fin de carrière n'était pas écartée par Le Monde, lu furtivement courant août. Mais à vrai dire le président sortant a surtout annoncé que "sa décision" serait prise au dernier moment, début 2007.
Sa décision ? C'est-à-dire son choix entre
- un 3e mandat ("délire", dites-vous ? mais l'homme en est capable !),
- un soutien à Sarko (hum ! ? Ce serait alors "comme la corde soutient le pendu"),
- ou à un autre candidat : mais alors lequel ?
- Villepin, après un effondrement qu'on a pu croire irréparable, fait actuellement de la gonflette sondagière avec du "social" à l'esbroufe ;
- ou enfin, hypothèse déprimante entre toutes mais qui aurait certainement sa préférence : Juppé ! L'enfant chéri ! La surprise du chef !Or Juppé est précisément en train de réapparaître, modestement, humblement dit-il. Ce n'est qu'un test. Local (2). À Bordeaux… non loin de la "cité des violettes". À Bordeaux… où il a quand même obtenu la démission collective de ses colistiers de 2001, pour provoquer une élection anticipée à 18 mois de l'échéance légale. Mais au fait que se passera-t-il entre l'automne 2006 et le printemps 2008 ? "Pardi" l'élection présidentielle de 2007, où Juppé annonce dès maintenant qu'il sera "dans le débat". Un débat où nous n'aurons rien à dire, nous les manants. Vote et tais-toi.
Une telle réapparition impunie, intervient moins de deux ans après sa condamnation en décembre 2004 à 12 mois d'inéligibilité et 14 mois de prison avec sursis, adoucissement par la Cour d'Appel du jugement de Nanterre. Elle constitue en elle-même un sujet de consternation. Comme un vulgaire Emmanuelli, le voici "lavé", puisque "juridiquement" une condamnation à l'inéligibilité devient immédiatement soluble dans l'alcool. Au moins Clemenceau avait-il attendu presque 10 ans, de 1893 à 1902, pour se relever de son éclaboussure dans l'affaire de Panama. Mais n'oublions pas que les IIIe et IVe républiques étaient parlementaires, donc douteuses : la Ve est vertueuse, et cela change tout.
Alors, le revoilà ce cauchemar : une élection programmant un second tour "obligatoire" Jospin-Juppé. Il se substitue à une autre hypothèse en perte de vitesse, et qui aurait vu un second tour Ségolène Royal contre José Bové.
Tout se passe, au moins dans mon cauchemar, comme si la classe politique française s'accrochait à une structure de cercle vicieux. La conclusion en est l'absence de véritables réformes – c'est-à-dire plus affreux encore : le trop plein de fausses "réformes". Car pour ce qui est des textes appelés "lois", pour ce qui est des décrets, des arrêtés, et même des "coups partis" (2), des "décisions" qui s'empilent pour ne rien changer, on peut leur faire confiance.
Regardons le Villepin. Pas la peine de rêver, il suffit au contraire d'ouvrir les yeux : chaque semaine un petit prélèvement nouveau, discret, marginal, une petite dépense démagogique imprévue. Oh trois fois rien : versement transport, allocation de rentrée, prime de Noël annoncée au mois d'août, etc. Tout cela pour redorer un blason électoral auprès des gogos. Et les parlementaires seront chargés de leur vraie "mission de service public" sous le régime actuel : la correspondance d'assistanat social et d'accompagnement politique des nouveaux "bienfaits" de l'État social.
Et cela se passe quand la "droite" est au pouvoir.
Qu'on se rassure : la "gauche" peut faire mieux ; elle l'a prouvé et elle le démontrera encore.
Dites-moi que j'ai rêvé, que j'ai simplement fait un cauchemar passager.
JG Malliarakis
©L'Insolent(1) Je suis injuste avec Giscard, je le sais et je prie le lecteur de m'en excuser. "Son problème c'est le peuple" disait De Gaulle à son sujet. Le peuple fut ingrat qui ne lui a pas été reconnaissant de tous ses "efforts". Giscard, lui, était, depuis les années 1950 député héréditaire d'un fief du Puy-de-Dôme venu de son grand père Agénor Bardoux. Il a attendu un quart de siècle, comme élu indépendant paysan, puis comme secrétaire d'État, puis comme dissident des indépendants paysans à la tête des républicains indépendants, puis comme ministre, avant de donner sa pleine mesure présidentielle. Et, tous les éboueurs peuvent en témoigner, il était resté simple.
(2) Se voulant assurant Le Figaro (30 août) annonce que "Juppé se veut « strictement bordelais ». Enjoué, l'ancien premier ministre assure avoir fait au Québec « une cure sérieuse de non-agressivité ». L'ancien premier ministre s'interdit de parler de politique nationale avant d'avoir retrouvé son mandat local." Et après ? Ouille-ouille-ouille comme on dit en Guyenne.
(3) Il y a beaucoup à dire sur cette méthode technocratique de gouvernement du "coup parti" irréversible. Ainsi de la nouvelle "réforme" judiciaire, réforme "bidon" une fois de plus mais qui peut quand même faire de gros dégâts telle qu'elle a été "annoncée" par Le Figaro du 30 août ("Les gardes à vue criminelles vont être filmées"). Réforme absurde si l'on songe seulement que "selon un rapport confidentiel de la police des polices, depuis la mise en œuvre de la garde à vue filmée pour les mineurs en 2002, les fichiers vidéo concernés n'ont été réclamés en tout et pour tout par les magistrats que dans une quinzaine d'affaires… Et une caméra sur deux ne fonctionne plus." Or, on nous assure que "la décision est prise". Le parlement de Paris n'a plus qu'à choisir la date où il votera pour enregistrer l'édit.
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