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À la veille d'un affrontement présidentiel dans lequel la France entre en ce moment, et qui va durer 8 mois, le club de l'Horloge a rudement raison de poser le problème des ruptures nécessaires (1). Autour de 10 brillants intervenants, 10 thèmes différents de rupture sont ainsi proposés : on pourrait même les multiplier par 2 ou 3, ou au contraire les réduire. Un principe essentiel est affirmé. Les ruptures seront nécessaires au redressement de la France : c'est le contraire du discours officiel selon lequel l'amélioration de l'économie permettrait de changer les choses.
On n'entrera pas ici dans une polémique ad hominem, notamment quant à l'évaluation de la fiabilité des discours électoraux. Nous sommes habitués aux promesses non tenues et nous n'en sommes pas dupes. Le point le plus saillant est que le principal candidat annoncé comme de « droite » parle de rupture, alors que le principal revenant du socialisme qu'est M. Jospin, incarnation de la « gauche plurielle » (2), considère au contraire que la rupture est inutile. On remarquera aussi que le Premier ministre, porte-parole actuel du clan chiraquien récuse également et publiquement cette notion de rupture.
Autrement dit, dans la France d'aujourd'hui, c'est la droite qui aspire au changement alors que la gauche, — au sein de laquelle il faut avoir la lucidité de faire figurer l'héritage d'une action, plus constante qu'on l'imagine, de M. Chirac, — représente une forme inversée de « conservatisme ».
Nous souhaitons donc nous émanciper aujourd'hui, et nous le devons si nous voulons faire sortir le pays de l'ornière, de quelque 40 ans de socialo-chiraquisme. Nous ne prendrons pas ici comme date de référence la proclamation officielle d'un « travaillisme à la française » en 1977, mais plutôt, symboliquement, l'année 1967, qui vit M. Chirac entrer comme secrétaire d'État dans le gouvernement Pompidou. Il était chargé des « affaires sociales et de l'Emploi » (3). Ce « jeune loup » corrézien était à l'époque présenté comme ayant vocation à accentuer le caractère social la Ve république. Conscient de ses propres limites, l'intéressé fera lui-même, bien plus tard, en septembre 1995 un discours révélateur, à l'occasion du 50e anniversaire de la sécurité sociale, présentant cette dernière, instituée en 1945, comme la base de l'identité nationale française, ce qui éclaire bien des choses.
Sans donc forcer le trait sur le grand œuvre de l'actuel chef de l'État, on rappellera quand même que l'une de ses grandes réalisations fut de présider à l'organisation de l'UNEDIC, institution hybride et floue si caractéristique du paritarisme à la française. L'assurance-chômage, telle qu'elle fonctionne aujourd'hui encore fut mise en place pour une société où le nombre des chômeurs ne dépassait pas 1 %. À l'époque on affirmait doctement qu'un taux de chômage atteignant par malheur le niveau de 3 % produirait inéluctablement « l'explosion sociale ». Aujourd'hui le gouvernement prétend tirer gloire d'un taux statistique officiel de demandeurs d'emploi, chiffre redescendu, nous affirme-t-on, au-dessous de 9 % de la population active. (4)
L'indemnisation systématique du chômage n'est certes pas seule en cause dans son développement, mais elle n'est sûrement pas entièrement innocente : or personne dans la classe politique n'oserait revenir en arrière sur cette « grande conquête » socialo-chiraquienne, ni même de proposer d'en exclure tous ceux qui pourraient effectivement s'en passer. Il est vrai d'ailleurs que c'est l'ensemble des mécanismes de « minimums sociaux » qui a habitué les Français à l'assistanat. Chacun en déplore les effets pervers, sous le vernis des bonnes intentions, celles dont l'enfer est pavé, mais personne ne semble prêt à en accepter ou en proposer la liquidation.
Car, pour le scrutin présidentiel à venir, on se polarise sur la question des 2 candidats qui semblent, à lire les sondages (5) les plus plausibles en vue du second tour, sur leur image de marque, plus que sur leur programme véritable.
Mais on semble moins se préoccuper du fait que sur les 10 ou 12 candidats qui parviendront peut-être à recueillir les indispensables parrainages d'élus locaux, il n'est pas assuré qu'un seul puisse mettre impunément à son programme un surcroît de Libertés reconnues aux Français.Or la question des Libertés françaises sera cruciale dans les années à venir. Et si l'on consulte les 10 thèmes de rupture proposés par le club de l'Horloge, plus quelques autres que j'ajouterais volontiers, on éprouve l'impression que la vraie rupture d'ensemble serait celle qui était proposée déjà au XIXe siècle par Frédéric Bastiat, comme base d'une société vraiment harmonique, : la vraie rupture pour les Français serait de choisir enfin plus de libertés, moins de contraintes et, surtout, moins d'illusions étatistes.
JG Malliarakis
©L'Insolent(1) Ce sera le thème de sa XXIIe université annuelle qui se tiendra les 30 septembre et 1er octobre à Paris. Renseignements au Club de l'Horloge 4 rue de Stockholm 75008 Paris. Téléphone : 01 42 94 14 14.
(2) C'est-à-dire d'une gauche faisant indéfectiblement alliance avec le parti communiste.
(3) C'est à ce titre qu'en 1968 il joua un rôle décisif dans les accords de Grenelle avec la CGT. Un témoin m'affirma que Jacques Chirac ignorait alors (je veux croire plutôt qu'il feignait de les ignorer) les liens de cette centrale avec le parti communiste.
(4) Dans son dernier ouvrage (« Assez », chez Lattes), M. Thierry Desjardins, ancien rédacteur en chef du Figaro, rappelle un certain nombre de vérités à propos de ces chiffres.
S’agissant du chômage, les médias nous serinent à longueur de journée qu’il est en baisse de telle sorte qu’à la veille de l’élection présidentielle en 2007, il sera de 8 % de la population active. On y parviendra sans aucun doute, de même que la croissance sera au rendez-vous et bien d’autres belles choses, si bien qu’en avril 2007, la France sera un paradis. Le chef de l’État pourra alors déclarer : « Étant à la tête d’une équipe qui gagne, mon devoir m’impose de rester Chef de l’État. Votez pour moi ».
La vérité est que les chiffres publiés sur le chômage sont faux. Sur la base de 2 400 000 chômeurs, chiffre officiel il y a quelques mois, on a oublié d’en comptabiliser 1 790 787.
Qui sont ces chômeurs non-inscrits à l’ANPE et qui, du coup, n’ont pas le droit d’apparaître au grand jour ? Le ministère précise : 801 905 « demandeurs d’emploi ne remplissant pas les conditions d’ouverture de droits à l’assurance-chômage en raison d’une insuffisance d’affiliation », 184 499 « demandeurs d’emploi en interruption momentanée d’indemnisation », 135 476 « demandeurs d’emploi ayant épuisé leurs droits à l’indemnisation », 125 012 « demandeurs d’emploi en situation de carence », 139 459 « demandeurs d’emploi en situation indéterminée » et 4 436 « demandeurs d’emploi classés sans suite ».
(5) On a envie de faire remarquer que « les sondages se sont toujours trompés ». Mais à la vérité ce ne sont pas les sondages qui « se trompent », ce sont leurs lecteurs et leurs interprètes abusifs. ...Pour commander le livre Sociologie du communisme