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"L'Orient est rouge" chantaient les maoïstes d'hier. Le monde a changé et leurs successeurs islamo-terroristes d'aujourd'hui nous prouveraient plutôt que l'Orient est noir.
Si artificiels que puissent parfois sembler les anniversaires et les éphémérides, dates arbitrairement rapprochées au hasard des calendriers, on pourrait faire une exception pour les deux commémorations rapprochées de ce mois de septembre 2006.
La mort de Mao Tsé-toung en septembre 1976 et les attentats stupéfiants du 11 septembre, notamment du World Trade center à New York, ont en commun d’avoir véritablement changé la face du monde.
Dès le début des années 1980, et avant même l’arrivée de Gorbatchev à la tête de l’Union soviétique (1985), la restauration du capitalisme en Chine pouvait légitimement apparaître comme la grande affaire mondiale des années alors à venir. Éprouvant quelque scrupule à me citer moi-même (1), je renverrais plus volontiers le lecteur à des textes plus anciens et plus répandus, quoique moins pertinents, de Karl Marx et de Friedrich Engels, et notamment à l’Idéologie allemande de 1845.
La question historique essentielle dans ce débat était, déjà au XIXe siècle, la mondialisation du mode de production que Marx qualifie, de manière polémique, du nom de "capitalisme" (2).
Pour fixer les idées, soulignons l’évolution incroyable, et selon moi heureuse, que le monde avait connue entre 1850 et 1913. Ce mode de production qui ne s’était imposé au début de la période qu’à 9 % environ de la population mondiale s’était étendu, à la veille de la Première guerre mondiale à quelque 30 % de la race humaine. Pendant le même temps, la production industrielle s’est multiplié par 7 et le commerce mondial par 10. Par la suite, jusqu’au milieu des années 1950, l’évolution a été beaucoup plus lente.
En ce sens, et malgré leur défaite militaire en 1918, les conceptions protectionnistes allemandes, dont les racines remontent à des théoriciens comme Fichte et List, mais dont la véritable mise en pratique avait attendu la "Nouvelle politique allemande" de Bülow de 1902, (3) ont reçu, l’ont paradoxalement emporté dans les faits, entre les deux guerres, sur le libre-échangisme anglais, momentanément victorieux sur les champs de batailles.
Or, dès 1845 Marx et Engels avaient prophétisé que ce qui retarderait le développement du capitalisme mondial, et par contrecoup l’apparition d’une classe prolétarienne messianique et universelle ce serait l’ensemble des particularismes locaux, régionaux et nationaux auxquels s’attacheraient les classes intermédiaires (4).
Il y avait, comme l’Histoire ultérieure l’a démontré, du vrai et du faux dans cette prospective (5).
L'erreur la plus flagrante, celle que les faits démentirent le plus radicalement, consistait à imaginer l'apparition d'une classe mondiale prolétarienne, en vertu de l'idée que "les prolétaires n'ont pas de patrie". Car en fait, rien n'est moins "mondialiste", aujourd'hui encore, que les différentes classes ouvrières nationales !
Quand la révolution bolchevique entreprend en 1920, avant même sa victoire totale dans la guerre civile, de définir sa géopolitique mondiale, elle ne trahit donc aucunement la pensée économique de Marx en misant très rapidement sur les pays effectivement les plus arriérés de la planète et sur les peuples les plus périphériques par rapport à la civilisation générale. Sans aller jusqu'à s'intéresser vraiment aux rares États demeurés ne dehors du mouvement de colonisation et d'occidentalisation, comme l'Afghanistan, l'Arabie ou l'Éthiopie, c'est bien "la révolution de l'orient" que l'Union soviétique va privilégier après l'échec des tentatives de révolution en occident, spartakistes allemands de 1918, Kurth Eisner en Bavière et Bela Kuhn en Hongrie de 1919. C'est alors le fameux congrès de Bakou "des peuples de l'orient" de septembre 1920, c'est le traité de Kars avec la Turquie kémaliste naissante en octobre 1921 aboutissant au partage du Caucase et du Pont Euxin entre les deux révolutions, turque et russe ; et ce sera, à partir du mémorandum d'Alger Hiss à Yalta (février 1945) le soutien à la "décolonisation" et aux méthodes barbares du Vietminh en Indochine, des Mau-mau au Kenya (octobre 1952), du FLN en Algérie (novembre 1954) et à des révoltes dont la dimension "ouvrière" et "progressiste" est totalement éclipsée.
Certes la dictature massivement criminelle de Mao Tsé-toung en Chine a représenté, plus que toute autre, cette fusion de marxisme et de tiers-mondisme de 1949 à 1976. Elle l'a incarnée surtout après la soi-disant "grande révolution culturelle prolétarienne", lancée en août 1966 afin de massacrer les autres dirigeants devenus critiques à l'égard du "Grand Timonnier" après l'échec monstrueux du prétendu "grand bond en avant" de 1958. Et les anciens admirateurs non-repentants de toute cette horreur continuent d'intoxiquer l'opinion française en vertu de l'adage subversif tous azimuts d'alors "on a raison de se révolter" qui fit fureur à Paris en mai 1968.
Mais il se trouve que depuis les années 1980, à la suite de la mort, bienfaisante mais hélas trop tardive, de Mao Tsé-toung, les deux énormes mastodontes de l'orient que sont la Chine et l'Inde font désormais tout pour s'intégrer au courant de libre-échange mondial, victorieux en Europe avec le traité de Rome de 1957, et à ce "mode de production" que Marx appelle "capitalisme". Que ces pays aient encore du chemin à parcourir sur le chemin de la liberté, du droit naturel, etc. ne dément pas cette observation. Certains font correspondre à ce phénomène à ce qu'ils appellent une "occidentalisation du monde" (7).
De ce point de vue, l'effondrement de l'empire soviétique en 1991, s'il peut difficilement être tenu pour un "épiphénomène", a transféré la révolution mondiale vers les secteurs de l'islamo-terrorisme, vers le "front mondial" apparu en 1997 et qui affirme lutter "contre les Juifs et les Croisés" mais qui lutte en réalité contre le monde moderne. Que cet axe de lutte soit comme l'idéologie "salafiste" de retour aux "pieux ancêtres", strictement médiéval dans son propos pour ne pas dire barbare dans ses méthodes, ne l'empêche ni de se développer ni de bénéficier d'étranges sympathies et complicités en occident.
On rappellera brièvement le fait bien connu que les hommes de l'islamo-terrorisme avaient reçu par le passé des signaux et des appuis aussi bien de la part de services américains que britanniques, etc. c'est-à-dire de ce qui sont devenus leurs plus mortels ennemis. On n'oubliera pas non plus les pays qui ont servi de base matérielle et financière au développement de ses réseaux, l'Arabie saoudite et le Pakistan sont tenus, aujourd'hui encore, pour des amis de l'occident.
Il faut aussi souligner qu'au cours des guerres de Yougoslavie dont l'apothéose fut le bombardement de Belgrade en 1999 l'occident bien pensant n'hésita pas à prendre parti en faveur des amis de ces réseaux terroristes, lesquels avaient déjà commencé leurs attentats, dans ce but, et sous la signature d'Oussama bin Laden, en août 1998 à Nairobi et Dar es-Salam.
Certes donc le 11 septembre 2001 a fait entrer le monde dans une phase nouvelle, mais il y a encore beaucoup de chemin à faire pour éradiquer en Europe et Outre-atlantique les réflexes et les mots d'ordre qui ont protégé le communisme d'hier et protègent encore l'islamo-terrorisme d'aujourd'hui.
"L'Orient est rouge" chantaient les maoïstes d'hier.
Le monde a changé et leurs successeurs islamo-terroristes d'aujourd'hui nous prouveraient plutôt que l'Orient est noir.
JG Malliarakis
©L'Insolent(1) Ceci notamment par égard pour le lecteur qui éprouverait des difficultés à se procurer mon livre Ni Trusts ni Soviets, livre datant de 1985, et dont l’unique tirage de 1 300 exemplaires s’est arraché en quelque 19 années et donc aujourd’hui introuvable.:)
(2) Voir pour comprendre cet aspect sémantique du "Capitalisme" l’excellent Que sais-je sur le sujet, et sous ce titre, dans l’édition aujourd’hui introuvable de François Perroux.
(3) Ce tarif protectionniste allemand de 1902, aggravant les dispositions de 1879, est une riposte aux tarifs français de Méline en 1892 et italien de 1887, etc. Ce qui nous prouve que la guerre des protectionnismes produit une réaction en chaîne.
(4) On ne saurait trop recommander pour la compréhension de cette perspective l’excellent ouvrage de Kostas Papaioannou consacré à la "Genèse du totalitarisme" Athènes 1959.
(5) Voir Idéologie allemande ed. Dietz 1951 pages 42-43.
(6) Le 8 août 1966, le comité central du parti communiste chinois adoptait ainsi un projet de loi déclarant que "La Grande Révolution culturelle prolétarienne vise à liquider l’idéologie bourgeoise, à implanter l’idéologie prolétarienne, à transformer l’homme dans ce qu’il a de plus profond, à réaliser sa révolutionnarisation idéologique, à extirper les racines du révisionnisme, à consolider et à développer le système socialiste".
(7) Mais en réalité si le courant se poursuite il pourrait aboutir à l'effet strictement inverse ! ...Pour commander le livre L'Islam croyances et institutions ...Pour commander le livre Sociologie du communisme ... ...Pour commander le livre La Guerre en question ...
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