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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

JEUDI 28 SEPTEMBRE 2006

UNE ACTUALITÉ ENRACINÉE DANS L'HISTOIRE

aigle des Paléologues

La question de l'identité culturelle de l'Europe nous est posée au gré de dossiers d'actualité. Elle vient de très loin.

Au moment où ces lignes sont écrites, on apprend que la direction Deutsch Oper de Berlin vient de déprogrammer la nouvelle mise en scène d'un opéra de Mozart "Idoménée" (1781). Celle serait de nature à choquer les musulmans en leur ramadan.

Beaucoup de commentaires ont heureusement  salué ces jours-ci, en revanche, le très beau discours de Benoît XVI le 16 septembre à l'université de Ratisbonne. Cet éloge vibrant porte sur l'alliance entre la foi et la raison, entre le christianisme et la pensée grecque, c’est-à-dire en définitive entre la religion bien comprise et la liberté humaine. Il ne concerne guère l'islamisme, et nous ne pouvons que le constater : "qui se sent morveux qu'il se mouche".

Également, dans les négociations d'adhésion, on peut saluer ici le courage du gouvernement autrichien, le plus déterminé en Europe à poser clairement les bonnes questions à propos de la candidature de la Turquie : comme au moment du siège de Vienne au XVIIe siècle il serait franchement dommageable que des intellectuels français au service de l'État théorisent la défection de la diplomatie chiraquienne au nom d'on ne sait quelles fausses traditions.

Au service de l'identité européenne, il sera donc de plus en plus nécessaire d'aller au-delà de l'actualité, d'interroger la grande histoire. S'il est une urgence c'est alors d'en finir avec l'ignorance, méthodiquement entretenue. Nous sommes toujours en présence de ce que Salvador Dali appelait une "entreprise de crétinisation universelle".
C'est pourquoi le petit éditeur artisan que je suis est assez heureux d'annoncer aujourd'hui, pour la fin du mois de novembre, l'impression de deux livres

1. "L'Histoire de l'empire byzantin" du grand historien français Charles Diehl (Strasbourg 1859- Paris 1944).

Dès le début de sa carrière, dès ses séjours à l’École française de Rome (1881-1883) puis d’Athènes (1883-1885), puis sa thèse de doctorat, Études sur l’administration byzantine dans l’exarchat de Ravenne (1888) Charles Diehl faisait figure de rénovateur de l’histoire de Byzance et de l’empire byzantin. Il continuera en publiant en 1896 son Afrique byzantine et, en 1901 un Justinien. Ses travaux, notamment ses études sur l'art byzantin aboutiront à réviser et rénover entièrement ce dernier chapitre de l’histoire du monde antique.

Il avait ainsi courageusement entrepris de redresser le préjugé antibyzantin, qui dominait en cette période de fureur anticléricale, celle de la charnière entre les XIXe et XXe siècles.

Depuis sa première édition en 1919, la remarquable petite synthèse de Charles Diehl, que nous réimprimons en ce moment, a évidemment vu apparaître plusieurs travaux monumentaux qui la complètent et la développent heureusement. On ne saurait citer ceux-ci de manière exhaustive. Mentionnons par exemple Arnold Toynbee dans son immense synthèse sur L'Histoire publiée entre 1934 et 1961, Georg Ostrogorsky s'agissant de l'Histoire de l'État byzantin (édition originale en 1940), Jean Meyendorff (1926-1992) par ses nombreux travaux sur la théologie byzantine, Basile Tatakis pour l'Histoire de la Philosophie byzantine (1949), sans omettre de citer un éminent successeur français de Diehl comme Paul Lemerle (1903-1989) qui ont su continuer cette œuvre dans diverses directions.

L'Histoire de l'empire byzantin de Diehl (1) reste toujours inégalée, comme point de départ, comme regard d'ensemble, alerte et intelligent, base d'une découverte indispensable à l'honnête homme.

Son propos consiste très exactement à réfuter l'erreur absurde, remontant aux gens des Lumières, et notamment à Edward Gibbon, qui se sont complu à représenter, contre toute évidence [une "décadence" qui dure mille ans ce n'est pas une décadence, c'est au contraire une grande civilisation puissante, intelligente et raffinée], Byzance comme une société décadente et arriérée.

Un tel cliché est revenu en force, après Diehl.

Citons celui qui fut dans les dernières années le spcialiste agréé du sujet : Alain Ducellier. Pour cet auteur, finalement Byzance n'est qu'un "échec" : "l'échec d'une société chrétienne". Tel est le sous titre de son livre de référence édité chez Hachette en 1976.

Exactement 200 ans auparavant, Edward Gibbon en 1776 publiait sa thèse dans laquelle des générations de faux lettrés ont cru apprendre l'Histoire de Rome et de Byzance : "J'ai décrit, disait-il, le triomphe de la barbarie et de la religion".

À la vérité les sectaires à la Gibbon et Ducellier ont-ils jamais pensé à présenter toute l'Histoire humaine elle-même comme une pareille "faillite" : "faillite" de la Monarchie capétienne de 987 à 1789 ; "faillite" de l'Empire britannique, "faillite" de l'empire romain d'occident lui-même, qui durèrent tous moins longtemps que Byzance ?

Le beau jugement de Paul Valéry selon lequel "nous autres civilisations nous savons désormais que nous sommes mortelles ne doit précisément pas servir aujourd'hui à ceux qui entendent précisément assassiner notre civilisation, et s'y emploient activement.

L'aventure et le legs immenses de Byzance méritent donc à nouveau d'être reconnus et réhabilités.

2. Je lance par ailleurs la réimpression du maître livre d’Henri Lammens sur l'Islam croyances et institutions, dont ce sera la 5e réédition. Ce livre fondamental, intelligent et équilibré, dont pratiquement personne n'ose plus parler, circule discrètement mais sûrement, cependant qu'une certaine hiérarchie ecclésiastique s'emploie encore systématiquement en France, et dans divers pays de semi-"dhimmitude" intellectuelle à l'occulter, alors qu'il est l'œuvre de l'un des plus grands islamologues du XXe siècle.

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JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) Ce livre sera adressé aux souscripteurs fin novembre (prix 15 euros port compris jusqu'à parution au lieu de 20 euros). Il paraîtra en même temps que la réimpression du Lammens.

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