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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
MERCREDI 4 OCTOBRE 2006
FAUT-IL PHILOSOPHER SUR LES COURS DE LA BOURSE ?
Supprimer la propriété demeure une lubie redoutable. Elle a fait son chemin sanglant.
On éprouve naturellement toujours beaucoup d'admiration pour les sachants, c'est-à-dire pour ceux qui savent comment va évoluer le climat, quand et comment va finir la guerre en Mésopotamie et à quel niveau va se situer le cours du pétrole brut. Il y a quelques semaines encore le monde entier avait ouï dire que ce dernier atteindrait bientôt les 100 dollars, et on nous vantait à l'envi les solutions alternatives qu'il faudrait subventionner, grand espoir des syndicats agricoles.
Aujourd'hui le cours du baril de brut à New York est redescendu au-dessous de 59 dollars.
D'autre part, simultanément, l'indice le plus médiatisé à Wall Street, le Dow Jones Industrial Average, a connu hier soir son niveau le plus élevé de tous les temps à 11 727, battant enfin son record historique, qui était de 11 722 au 14 janvier de l'an 2000. Autrement dit, tous les événements tragiques ou déstabilisants, le onze septembre 2001, l'affaire Enron, la crise de confiance de l'audit, les désillusions autour de l'internet et de sa bulle, les péripéties sanglantes de l'Irak, les menaces effrayantes de la Perse, qui avaient engendré des pertes considérables, la poussée de l'immobilier, une hausse de l'or et d'innombrables commentaires sur l'effondrement inéluctable du capitalisme, tout cela est maintenant digéré. Ces événements sont matériellement derrière nous.
Et on ne tirera même pas argument du fait que les fameuses inquiétudes quant aux déficits américains ne sont pas encore dissipées. La frivole Amérique ne semble pas se préoccuper de ce que l'intelligentsia parisienne s'inquiète pour elle.
Étrangement en revanche, l'impact des commentaires négatifs d'hier demeure.
La symétrique des doctes annonces historico catastrophiques ne vient pas.
La mémoire collective, et surtout celle des intellectuels, des bureaucrates et des journalistes, demeure imprégnée des prophéties liées aux baisses de la Bourse ; elle n'en retient jamais les remontées qui les effacent et les surmontent toujours depuis qu'il existe en occident des bourses de valeurs mobilières.
Et l'AFP de ce matin attache exactement autant d'importance à la très légère correction subie le 3 octobre par un recul de 0,45 % de l'indice CAC 40 de la Bourse de Paris qu'au record historique de sa petite homologue états-unienne. Et pourtant Paris au-dessus de 5200 à ce jour ce n'est pas si mal.
Pour ma misérable part, je me sens d'ailleurs incapable de glorifier le niveau du cours des actions industrielles, les trouvant même assez peu chers en termes de capitalisation des bénéfices, ni de prophétiser un avenir du capitalisme.
Je sais tout simplement que ce qui mérite l'appellation de capitalisme est apparu en occident il y a quelque 1 000 ans avec la comptabilité en partie double (1) dans les villes marchandes du nord de l'Italie et de l'ouest de l'Europe. En mille ans le capitalisme occidental n'a cessé de se développer et il se propage aujourd'hui dans les pays émergents d'Extrême orient. Le capital épargné produit de la valeur parce qu'il fournit un service : c'est incompréhensible pour les tenants de la conception matérialiste de la production, mais tout lecteur de Bastiat le sait et le comprend sans effort surhumain. Cette évidence ne saurait disparaître qu'avec la vie économique elle-même.
Il est vrai que les gauchistes et autres lecteurs d'Althusser imaginaient autour de 1968 de "mettre fin à l'homme". Althusser s'est contenté de tuer sa femme. Les autres lecteurs et épigones en sont réduits à vouloir mettre fin à l'économie : c'est quand même un progrès et on n'arrête pas le progrès.
Quant au concept de "système capitaliste", fondé sur la propriété privée ("des moyens de production") c'est une idée marxiste, hélas répandue dans toute notre culture, nos lectures quasi imposées, les émissions de France Culture et nos enseignement sobligatoires.
Supprimer la propriété demeure une lubie redoutable. Elle a fait son chemin sanglant et elle n'a pas fini de le faire. Prophétie auto réalisée du léninisme, cette entreprise suppose d'abord d'assassiner les propriétaires, puis d'éradiquer par la terreur robespierriste, trotskiste ou stalinienne, l'instinct de propriété chez les "petits bourgeois" et les "koulaks", jusqu'à ce qu'il réapparaisse impuni chez les descendants des bureaucrates voleurs et assassins.
Faut-il recommencer cette expérience pour que les Français comprennent ?
JG Malliarakis
©L'Insolent(1) Car c'est grâce à cette mise en forme technique que la notion d'une valeur produite par le capital épargné est entrée dans les esprits et dans les faits sociaux, en dépit des résistances philosophiques et théologiques induites par l'apophtegme tiré abusivement d'Aristote selon lequel "l'argent ne produit pas de petits" et la réticence vétéro-testamentaire vis-à-vis du prêt à intérêt..
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