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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

VENDREDI 6  OCTOBRE 2006

LA GUERRE D'AFGHANISTAN N'EST PAS UN POINT DE DÉTAIL

richards en afghanistan

Des soldats français sont engagés. Ne jamais leur rendre hommage est une lâcheté et une trahison.

[ci-dessus le général britannique David Richards rend visite à ses soldats]

L'actuel traitement médiatique parisien des événements d'Afghanistan a quelque chose de déroutant. En lisant la couverture AFP (1), source essentielle de l'information de nos compatriotes, on se représente que "L'Otan prend le contrôle de tout l'Afghanistan". C'est tout juste si on ne nous dit pas qu'il s'agirait en somme d'un coup d'État américain.

La réalité se révèle quelque peu différente. Depuis 2001, la Force internationale habituellement désignée sous son sigle anglais ISAF, compte 31 000 soldats engagés par 37 pays, dont la France, et pour lesquels les États-Unis interviennent à hauteur de 12 000 hommes.
À titre de comparaison, on rappellera que les Soviétiques, en 1984, au plus fort de leur guerre, et 5 ans après leur putsch du 24 décembre 1979, avaient déployé plus de 250 000 hommes, aux côtés d'une armée afghane théorique de 120 000 soldats mais dont les 2/3 avaient déserté.

Maintenant et pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, c'est un général britannique, le général David Richards, qui va diriger, au titre de l'Otan, l'ensemble de l'opération Enduring Freedom/Liberté immuable déclenchée le 7 octobre 2001 contre les talibans, et au cours de laquelle 300 soldats de la coalition et 800 membres des forces afghanes ont trouvé la mort.

Des soldats français sont engagés. Et c'est à peine si les médiats hexagonaux l'évoque. Seul le site internet du ministère de la Défense est explicite. Ce sont les 1 100 militaires impliqués dans l'Opération Pamir, majoritairement au bataillon de Kaboul. Ce sont également plusieurs centaines d'hommes dans l'opération Epidote, soit des dispositifs maritime, aérien et terrestre, parmi lesquels 200 de nos compatriotes relevant du commandement des opérations spéciales.

Ne pas leur rendre hommage me semble une sorte de trahison subtile bien caractéristique, hélas coutumière, de notre société.

Pendant ce temps 5 chefs militaires occidentaux viennent clairement d'interpeller les dirigeants politiques de nos pays. Ils déplorent le double jeu et l'impunité persistante des services secrets pakistanais, l'ISI.

Du 4 au 17 septembre, une bataille très dure, désignée sous le nom d'opération Medusa s'est traduite par l'élimination de plusieurs centaines de talibans, 500 a-t-on dit initialement, 1 100 selon le Daily Telegraph (2), mais aussi par la capture fort utile de 160 prisonniers. Grâce au recoupement des renseignements fournis par ces derniers, on a la confirmation du fait que la choura, conseil dirigeant du mouvement islamiste des talibans du mollah Omar, est basée dans la ville pakistanaise de Quetta, d'où partent les opérations d'infiltrations en direction de Kandahar. On dispose par ailleurs d'une évaluation impressionnante du matériel utilisé par les talibans et de l'appui logistique fourni par l'ISI pakistanaise, avec le concours des autorités locales du Baloutchistan où le parti islamiste utilise de longue date des écoles coraniques comme centres de recrutement et de formation des talibans.

Il serait peut-être temps de se rendre compte que la guerre existe.

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) C'est-à-dire la dépêche AFP de Kaboul du 5 octobre à 18 h 18.

(2) cf. Daily Telegraph du 6 octobre article "Nato's top brass accuse Pakistan over Taliban aid" signé Ahmed Rashid, correspondant du journal à Kaboul.

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