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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

MARDI 17 OCTOBRE 2006

OSONS COMMÉMORER BUDAPEST

Musée de la Terreur à Budapest
[ci-dessus à Budapest, l'immeuble abritant désormais le Musée de la Terreur collectiviste]

Associer au mot "communisme" le degré d'opprobre, de honte et d'asservissement qui lui correspondent légitimement est une œuvre de salubrité publique.

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Un demi-siècle après la répression sanglante, par les blindés de l'Armée rouge, qui suivit l'insurrection héroïque Budapest en octobre 1956, les commémorations se font discrètes en France. C'est normal pensent certains, et on pourrait les comprendre, compte tenu de la quantité des eaux qui ont coulé, depuis lors, sous les ponts du Danube et de la Seine.

Mais je tiens personnellement à rendre ici hommage aux organisateurs (1) d'un rassemblement qui se tiendra le 28 octobre à Paris. Car une telle manifestation, loin de témoigner d'une nostalgie stérile, représente une disponibilité certaine et une forte conscience nécessaire à la construction d'un avenir français.

Pour ma modeste part, j'avais 12 ans en 1956, je me souviens de l'émotion dans ma famille et chez les gamins de ma génération.

Plus tard cependant nous avons vu s'effilocher, s'effondrer pourrait-on dire, entre 1956 et 1966, la conscience en France, du caractère criminel de la répression communiste en Europe centrale.

Quand, en 1968, les tanks soviétiques interviendront à nouveau, à Prague, pour empêcher l'évolution intérieure d'un pays communiste (2) vers plus de liberté et d'indépendance nationale, un Michel Debré (3) put qualifier cet événement de "péripétie," sans recevoir de condamnation.

La passivité de l'occident illustre la part indéniable de réalité attachée au système de Yalta apparu en 1945.
En 1956, l'opinion populaire française était bouleversée. Le Conseil municipal de Paris rebaptisa place Kossuth, du nom du héros national hongrois, le carrefour Châteaudun où le parti communiste avait alors son siège central. Les locaux staliniens étaient mis à sac un peu partout. À la Chambre des députés, les parlementaires nationaux demandaient la réactivation du décret de dissolution du parti communiste (4). Plus significatif encore, il fallut attendre le scrutin présidentiel de 1965 pour voire la reconstruction d'un accord entre socialistes et communistes (5).

Jusque-là l'isolement politique du parti communiste, résultat de la condamnation morale légitime dont il était l'objet, avait réduit en 1959 à 10, du fait du mode de scrutin, le nombre des députés staliniens.

Budapest, dans la conscience de ma génération demeurait le symbole de l'Europe captive.

Mais, 10 ans plus tard, en 1966, seuls une poignée de militants anticommunistes parisiens, essentiellement le mouvement Occident et l'Action française, osaient encore rappeler le crime de Khrouchtchev à Budapest, chronologiquement concomitant de la crise de Suez, et de telles commémorations étaient interdites par le pouvoir.

Car Khrouchtchev et ses successeurs sont couramment exonérés du caractère criminel attribué au seul "stalinisme", alors qu'en réalité, les goulags ont continué à fonctionner, malgré la prétendue "déstalinisation", cependant que la persécution religieuse systématique, la répression policière, les dénonciations, l'horreur de la vie quotidienne n'ont jamais cessé jusqu'en 1991, tant que le parti communiste a dirigé l'Union soviétique.

Commémorer Budapest c'est rappeler tous ces crimes, c'est bien associer au mot "communisme" le degré d'opprobre, de honte et d'asservissement qui lui correspondent légitimement.

C'est donc une œuvre de salubrité publique.

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) associations : Europae Gentes, Chrétienté Solidarité, Rassemblement étudiant de Droite, Jeunesses Identitaires qui ont fixé comme lieu de cette manif la Place du Châtelet à 15 heures le samedi 28 octobre 2006.
(2) Le 23 octobre 1956, le peuple hongrois manifeste contre le gouvernement communiste Gero. C'est un autre communiste, Imre Nagy, qui arrive alors au pouvoir et qui s'engage à rétablir certaines libertés. Le 4 novembre 1956, le communiste Khrouchtchev, soi-disant "liquidateur des crimes du stalinisme" envoie des chars pour écraser le pouvoir légal hongrois. La résistance hongroise durera deux semaines, elle comptera 200 000 morts. Des centaines de milliers de Hongrois purent se réfugier dans des pays libres. Le scénario tchèque, moins sanglant vit également, non par la grâce du Soviétique Brejnev, mais par le pacifisme du premier ministre tchèque Dubcek, la liquidation par les chars soviétiques d'un gouvernement légal. Enterrant certains de ses engagements de jeunesse, et tout en restant d'ailleurs jusqu'au bout un admirateur de Lénine et de Mao, Malraux put dire : "la condition humaine s'arrête à Budapest".
(3) rappelons que Michel Debré fut le rédacteur, avec le concours de René Capitant, de la constitution actuellement en vigueur.
(4) Le décret de 1939 du gouvernement Daladier avait été publié au lendemain de l'accord Molotov-Ribbentropp. Connue sous le nom de pacte germano-soviétique, cette alliance entre Hitler et Staline est la cause directe du déclenchement du conflit mondial. Elle avait le soutien de ce qui allait prendre le nom de parti communiste français et qui s'appelait Section Française de l'Internationale Communiste.
(5) Celui-ci se réalisa autour la candidature de François Mitterrand, candidat de tous les "républicains". 16 ans plus tard, accédant à la présidence de la république, (avec l'apport des voix chiraquiennes) puis l'ayant emporté au scrutin législatif qui suivit, François Mitterrand réinstalla, pour la première fois depuis 1947 des ministres communistes (2e gouvernement Mauroy).

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