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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
MERCREDI 18 OCTOBRE 2006
LA FRANCE S'ENGOUFFRE DERECHEF DANS L'IMPASSE KARL MARX
Elle n'en sortira que par la Rue Frédéric Bastiat.
L'actuel débat sur la privatisation de GDF se révèle de plus en plus confus. Le projet de fusion avec Suez fait apparaître le mélange de considérations monopolistes et protectionnistes. De même l'imbrication malsaine des intérêts politiques dans l'industrie se manifeste autour de la gestion bi-étatique d'Airbus, etc.
Dans cette complexité, une chose est dépourvue d'ambiguïté cependant : c'est l'hypothèque de la CGT et des forces d'extrême gauche sur l'économie. Elle maintient sa pression sur les lois sociales françaises ; elle en gère d'ailleurs la jurisprudence, non plus seulement par les prud'hommes mais également par le biais de la magistrature syndiquée. Et son chantage demeure extrêmement puissant, très au-delà d'une audience réelle en recul constant chez les salariés actifs, – recul encore démontré par la mobilisation du 15 octobre à Paris où moins de 2 000 piétons ont défilé derrière la direction cégétiste, Bernard Thibault en tête.
La force véritable de la CGT et de ce qui subsiste du parti communiste n'est pas ouvrière : elle est intellectuelle. Elle se désigne elle-même non plus comme anticapitaliste, dirigée contre « l'exploitation de l'homme par l'homme » mais comme « antilibérale ». Sa bête noire ce n'est plus le « fascisme », c'est « l'ultralibéralisme ». Ses mots d'ordre circulent plus dans les salles de profs et dans les comités de rédaction que dans les usines. Ils sont presque aussi influents dans les états majors politiques classés à droite que dans les partis de gauche. Et c'est cela qui paralyse tout.
Assurément, un monde nouveau est apparu après la chute de l'Union soviétique en 1991. Or, notre pays semble éprouver de grandes difficultés à s'y adapter. En tête de celles-ci on peut placer l'incapacité à concevoir des rapports harmoniques entre les hommes, des rapports de liberté.
On le voit dans toutes les manifestations de l'étatisme à la française.
Cela est apparu de manière encore plus criarde avec la crise du projet CPE annoncé en janvier par M. de Villepin, et qui a fait long feu.
D'une part, les technocrates « de droite » n'imaginent d'autres contrats que des cadres rigides et protecteurs fixés par l'État.
D'autre part, les bureaucraties syndicales « de gauche » trouvent, par définition, que tout contrat de travail laisse le salarié sans défense face aux méchants patrons. Après plusieurs années de reculs et d'échecs, souvent piteux, la vieille CGT gâteuse et son faux-jeune chef avaient réussi, avec cette crise, à se fabriquer une nouvelle apparence d'audience. Les cégétistes ont agité le spectre de la précarité. Ils l'ont fait auprès d'une jeunesse qu'on a cherché à affoler à l'idée de ne pas bénéficier des merveilleux acquis sociaux accordés, ou imposés, à leurs parents. Personne n'ose expliquer, bien sûr, que le fameux modèle français hexagonal a pour conséquence, et probablement aussi, plus secrètement, pour finalité d'empêcher de travailler la partie la plus pauvre de la population. Cette frange inquiète des moins de 30 ans demeure probablement représentative de 20 à 25 % seulement de cette tranche d'âge. Car 60 % des jeunes adultes approuvent manifestement l'idée de flexibilité. Mais 20 à 25 % chez les jeunes c'est encore beaucoup pour des centrales syndicales qui, additionnées, représentent environ 7 % des salariés.
Également, il faut hélas encore noter que cette audience des partisans du statu quo et du modèle social hexagonal va bien au-delà de la simple survivance des idées explicitement marxistes.
L'idée selon laquelle « entre le faible et le fort c'est la loi qui libère et c'est la liberté qui opprime », a été exprimée en son temps par le fameux orateur dominicain Henri-Dominique Lacordaire (1802-1861). Ce brillant sophisme se retrouve dans toute la méfiance vis-à-vis de la liberté contractuelle et elle inspire l'attitude de la législation et de la réglementation française relativement à l'assurance, à la grande distribution, aux baux d'habitation, etc.
On peut donc parler légitimement d'une culture de la méfiance, spécifique à la France. Elle se trouve généralement répandue aussi bien chez les gestionnaires de l'idéologie sociale pseudo-chrétienne, que dans les thèmes misérabilistes ordinaires aux littérateurs de gauche. Une telle culture de la méfiance privilégie, par définition, par instinct, le conflit d'intérêt. Elle est probablement antérieure au XIXe siècle et à l'époque romantique mais elle lui doit beaucoup.
Dès 1850 cependant, Frédéric Bastiat répondait à cette obsession protectrice du législateur français en rappelant que « les intérêts légitimes sont harmoniques et non antagonistes ».
Or, une cette vision harmonique de Bastiat constitue la réponse exacte à la conception dialectique du Manifeste du parti communiste d'un certain Karl Marx et de son compère Friedrich Engels, publié en 1848 : « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours, c’est l’histoire de la lutte des classes. »
En effet, très prophétiquement, alors même que l'influence de Marx était encore très mince, Frédéric Bastiat annonçait et réfutait par avance les conséquences ultimes de la théorie de la valeur.
De celle-ci Karl Marx fera, un quart de siècle plus tard, le fondement de son livre majeur, Le Capital, publié péniblement à partir de 1867 (Livre Ier). Ceci permettra d'accoucher de ce monstre philosophico-révolutionnaire appelé « marxisme » : il s'agissait au départ d'une minuscule petite secte. Cette secte, contrairement aux objectifs initiaux de l'Internationale ouvrière, et même du socialisme en général, s'assignait assez explicitement pour but la dictature.
Marx dès l'Adresse inaugurale de 1864 écrit ainsi : « La conquête de pouvoir est donc devenue le premier devoir de [ce qu'il appelle] la classe ouvrière. »
Dans son Discours, prononcé le 17 mars 1883 sur la tombe de Marx, Engels pour lui rendre hommage le présente comme un « homme de science, mais un révolutionnaire avant tout » (1). Seuls une vingtaine de disciples de l'époque s'étaient déplacés, parmi lesquels Lafargue et Liebknecht.
Dans une Lettre du 15 mai 1883, puis dans un article du 28 avril 1883, Engels racontant les dernières années de la vie de son ami, affirmera aussi : « L’humanité est diminuée de toute une tête, de la tête la plus géniale des temps modernes. »
Plus tard en sortiront les monstres politico-totalitaires, exerçant effectivement le pouvoir d'État, appelés « léninisme » puis « stalinisme », « trotskisme », « maoïsme », « castrisme », etc. qui en dérivent tous.
Par conséquent, il n'est pas possible de dissocier le phénomène totalitaire du XXe siècle, continué et plus ou moins en cours de réhabilitation en France, de son fondement, c'est-à-dire du marxisme.
Au départ de cet œuvre funeste, à la racine du mal, on trouve deux erreurs théoriques. Celles-ci remontent à l'école économique anglaise dite « classique », dont Marx se réclame à plus ou moins juste titre. Son œuvre, en effet, se veut la synthèse de « l'économie britannique, du socialisme français et de la philosophie allemande ».
1° De ceux qu'on appelle aujourd'hui les classiques (Adam Smith et David Ricardo), Marx tire l'idée de la valeur travail. En vertu d'une vision matérialiste de la production, il envisagea exclusivement les biens produits. Il va jusqu'à ne voir dans le capitalisme qu'une « immense accumulation de marchandises ». « La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste, écrit-il dans le Livre Ier du Capital, s'annonce comme une immense accumulation de marchandises ». Or, nous avons, ou plutôt nous devrions avoir, conscience au contraire que l'économie moderne, – essor « capitaliste » compris – se caractérise par le développement des services, qui forment désormais la majeure part du produit national, des exportations, etc., ce qui conduit à l'envisager d'une tout autre manière. Rappelons à ce sujet que le phénomène de la tertiarisation était déjà perceptible dans les années 1940-1950 mais nos avant-gardistes français ne semblent pas encore l'avoir intériorisé.
L'erreur de la valeur travail se double d'une autre approximation, non moins rustique : la valeur serait basée exclusivement sur les unités de « travail simple » nécessaires tant à la production directe des biens de consommation que celle des biens de production. On trouve de nos jours encore cette idée archaïque sous-jacente encore sous toutes les phobies protectionnistes au sujet du salaire des ouvriers chinois.
2° Du socialisme français (Fourrier) et de ce que Marx appelle la philosophie allemande (la dialectique de Hegel retournée, « remise sur pieds » par le matérialiste Feuerbach), il tire une autre idée, à la fois sur le rôle historique de la bourgeoisie et celle de l'appropriation, qui va devenir « illégitime », par l'industriel capitaliste propriétaire des moyens de production, de la plus value excédant celle de la valeur travail.
Nous savons aujourd'hui combien certaines des conclusions auxquelles Marx aboutit sont radicalement fausses. On citera notamment la théorie de la paupérisation, relative ou absolue, et encore plus les revendications et les utopies révolutionnaires, étatistes, collectivistes, planistes (dirigées contre « l'anarchie de production en régime capitaliste »), le monopole d'État du commerce extérieur (2), qui ont, toutes associées, conduit aux ravages, aux désastres et, en définitive, aux massacres que l'on sait.
Face au double héritage des erreurs de Ricardo et des lubies de Karl Marx, rien n'est donc plus urgent que de redécouvrir les vrais classiques de la Liberté.
C'est en cela que le retour et le recours à Frédéric Bastiat et à sa perception de l'économie, harmonique et non plus dialectique, humaine et non plus étatique, corrigeant les erreurs de Marx et leurs erreurs originelles dans les raccourcis de l'économie dite classique, nous paraît une démarche fondamentale et urgente.
Ajoutons à celà que l'argument aberrant d'un libéralisme qui serait exclusivement « anglo-saxon » (3) perd ici, précisément, toute crédibilité puisque dans ses Harmonies économiques, Bastiat corrige des erreurs commises, en leur temps, par les maîtres, généralement anglais, du libéralisme.
JG Malliarakis
©L'Insolent(1) Engels dit encore : « Marx était avant tout un révolutionnaire… La lutte était son élément… La constitution de la grande Association Internationale des Travailleurs, couronnement de toute son œuvre, voilà des résultats dont l’auteur aurait pu être fier, même s’il n’avait rien fait d’autre. Voilà pourquoi Marx a été l’homme le plus exécré et le plus calomnié de son temps. Gouvernements absolus aussi bien que républicains l’expulsèrent ; bourgeois conservateurs et démocrates extrémistes le couvraient à qui mieux mieux de calomnies et de malédiction… Il est mort vénéré par des millions de militants révolutionnaires du monde entier, dispersés à travers l’Europe et l’Amérique, depuis les mines de Sibérie jusqu’en Californie… Son nom vivra à travers les siècles et son œuvre aussi ».
(2) Cette idée pestilentielle a été empruntée par le marxisme à Fichte et à son redoutable « État commercial fermé ».
(3) Cet argument est, de toute manière, idiot, misérable et putride : si Newton est « anglo-saxon », la loi de la pesanteur qu'il a découverte est de portée universelle, et les pommes tombent des arbres exactement de la même manière en Normandie, en Bourgogne et en Touraine qu'en Écosse ou au Pays de Galles. ...Pour commander le livre Sociologie du communisme ... ...Pour commander le livre Harmonies économiques ...
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