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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
JEUDI 19 OCTOBRE 2006
L'ESTIME POUR LA CLASSE POLITIQUE CONTINUE DE BAISSER
Mais si nos élus sont réputés pourris, trop d'électeurs sont blets.
Une comparaison entre des études d'opinion par sondages permet de le mesurer : en 30 ans, l'estime manifestée par les Français à l'égard de leur classe politique a totalement basculé. Ainsi, à la question « pensez-vous que les élus et les dirigeants politiques sont plutôt corrompus » la réponse oui est passée de 38 % en 1977 à 55 % en 1990 pour atteindre cette année la cote d'alerte de 60 %.
D'autres signes permettent de mieux comprendre cette lente mais irrésistible et puissante dérive du sentiment populaire. Bien évidemment, si l'on demande si les électeurs réprouvent la transaction au gré de laquelle un maire échange l'attribution d'un marché public contre une forte enveloppe à lui remise, et par lui sollicitée, 87 % des électeurs sont du côté de la morale. Si en revanche l'entreprise s'engage à à construire un équipement sportif à vocation électorale ou plus banalement un rond-point de circulation, la désapprobation n'est plus que de 62 %. Mais, beaucoup plus grave, les 2/3 des Français trouvent tout à fait normal d'obtenir, pour eux-mêmes, un passe-droit, une place en crèche ou un logement, par l'intermédiaire d'un élu.
Si nos élus sont réputés pourris, trop d'électeurs sont donc blets.
Ce dernier point n'est pas tout à fait nouveau. CE qui est nouveau par rapport aux défuntes républiques c'est que, dans l'esprit de trop nombreux citoyens, les gouvernants servent essentiellement, et non plus accidentellement, à cela. Cela concerne non seulement les députés, transformés en bureaux d'assistanat social, mais même les ministres considérés comme les plus corrompus de la classe politique par 77,9 % de l'opinion, contre 69,1 % [seulement] pour le président de la république et 68 % pour les parlementaires.
Et malgré tout les Français continuent de voter pour cette classe politique que pourtant ils méprisent et probablement ils exècrent. Il est vrai que les médiats leur serinent quotidiennement qu'il faut à tout prix, par efficacité au moins, choisir entre ce qu'ils considèrent de plus en plus comme bonnet blanc et blanc bonnet. Il est vrai que, les procès inutiles succédant aux procès inutiles, avec les « affaires » apparues à l'époque Mitterrand, mais dont les chiraquiens, dès leur retour de 1986, se sont employés à amortir le choc, puis, de l'autre côté le retour de Balkany à Levallois, de Juppé à Bordeaux et bien tôt de Carignon à Grenoble, on réprouve de plus en plus légitimement le sentiment regrettable d'une symétrie presque parfaite entre « droite » et « gauche ».
Cela fait novation par rapport à la IIIe république. Le parti radical socialiste, aujourd'hui dévolu à un Borloo après l'avoir été à un Tapie, faisait figure de champion imbattable de la pourriture. La droite manifestait pour « mettre à l'eau » Herriot, aux cris de « à bas les voleurs » et « pour que la France vive dans l'honneur et la dignité ».
Le régime du centre gauche demeurait inamovible, mais le débat était clair entre droite et gauche.
Si les études actuelles du CEVIPOF (1) disent vrai, le scrutin présidentiel de 2007 pourrait bien ne pas se résumer à un duel entre les deux grands partis de l'établissement. Le vrai débat sera en effet, entre l'acceptation passive de la corruption et le refus de ce régime.
Les Français ont les élus qu'ils méritent : changeons-en !
JG Malliarakis
©L'Insolent
(1) réalisées sur une échelle plus grande qu'à l’accoutumée et centrée sur la ville si représentative de Béthune dont l'illustration politique est le célèbre Jacques Mellick, champion toutes catégories de la vitesse autoroutière.
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