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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

JEUDI 26 OCTOBRE 2006

CONTRESENS SUR LE SLOGAN DU PATRIOTISME ÉCONOMIQUE

letrasilien

Dans l'économie mondiale du libre-échange, la France est gagnante.

[ci-dessus le Transilien]

Dans sa chronique de 7 h 22 sur France Inter, Jean-Marc Sylvestre commentait ce matin la nouvelle, un peu désolante, isolée de son contexte, pour l'épiderme national du marché remporté par le Canadien Bombardier lequel doit remplacer les rames du "Transilien", soit une première tranche de 172 trains.

Les arguments avancés en cette occasion – par notre cher « libéral de service », si nous étions en Angleterre nous dirions le « libéral de Sa Majesté », – n'étaient au fond, en eux-mêmes, guère contestables, pour récuser les appréhensions de ce qu'on appelle, couramment mais improprement, « patriotisme économique ». En gros, il appelait à plus de compétitivité française, point sur lequel tout le monde ne peut qu'approuver.

Il aurait pu insister utilement sur les conditions dans lesquelles sont passés de tels marchés. Oublions même un instant les affaires judiciaires qui semblent préoccuper couramment le Pôle financier du parquet installé dans les anciens locaux du Monde, un symbole bien significatif pourtant. Certes, en effet, relativement on se trouve dans des conditions d'appels d'offres bien plus transparentes en Europe qu'au Canada. À terme, on ne peut que s'en féliciter pour l'économie nationale française.

À y regarder de plus près on observe que la SNCF acheteuse, et gestionnaire du fameux Transilien, vit essentiellement de subventions. De son côté Alsthom demeure le prototype de l'entreprise française immergée dans l'économie mixte.

« Patriotisme économique » : oui pour l'étiquette, oui pour l'objectif, mais à la condition de ne pas se fourvoyer dans les moyens, et de ne pas s'embourber dans ce que Beau de Loménie appelle « l'économie accaparée », qui a précisément fait tant de mal à la France.

Plus significatif dans la concurrence mondiale entre constructeurs de matériels roulants, entre Bombardier (18 % du marché), Alsthom (14 %) et Siemens (11 %), la compétition n'est nullement perdue d'avance pour notre « champion national ».

En effet, le jour même où Alsthom perd le marché de la SNCF sur ce qui n'est qu'un tramway en Ile-de-France pour 172 trains, il remporte en Chine un marché de 500 locomotives à livrer aux chemins de fer chinois.

La vraie nouvelle est là ! Ne pas mettre en regard les deux informations simultanées c'est tromper le public ! Dans l'économie mondiale du libre-échange, la France est, globalement gagnante !

Nous n'avons donc pas lieu de nous lamenter inutilement de la concurrence franco-canadienne. Elle peut d'ailleurs se révéler extrêmement bénéfique pour l'acheteur français.

Nous avons au contraire à faire mieux, dans la même direction.

Depuis des années que nous nous efforçons d'observer l'attitude paradoxale de l'intelligentsia parisienne, des médiats hexagonaux et de l'opinion républicaine, à propos de cette question du libre-échange, on peut dire que l'on induit les Français dans un contresens qui les amène à craindre la concurrence au lieu de renforcer la compétitivité nationale.

En examinant de plus près les entraves pénalisant cette dernière on voit bien qu'il s'agit de tous les héritages cégétistes dont certains remontent à 1945 ou 1946, et dont le dernier en date est constitué des lois Aubry (1). Rappelons que ces dispositions furenet adoptées sous le gouvernement Jospin (1997-2002). Or, depuis l'effondrement électoral du socialo-communisme en 2002 (2) les gouvernements Raffarin puis Villepin en ont soigneusement évité l'abrogation.

Le vrai patriotisme économique consisterait donc à œuvrer pour une plus grande compétitivité nationale.

Le vrai patriotisme, économique ou non, c'est cela : « la patrie, disait Claudel, ce n'est pas seulement la terre et les morts, c'est la mer et les vivants. »

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) Nous entendons par cette expression la loi du 13 juin 1998 « d'orientation et d'incitation relative à la réduction du temps de travail » et la loi du 19 janvier 2000 « relative à la réduction négociée du temps de travail », lois qui mettent en place les 35 heures. Il est à remarquer que Mme Ségolène Royal, dans des déclarations un peu confuses, ambiguës et contradictoires, mais cependant significatives, a clairement laissé entendre qu'elle remettait en cause cet héritage de sa « chère Camarade ».
(2) La popularité du gouvernement Jospin peut se mesurer au score obtenu par le gentil Lionel au soir 21 avril 2002, soit 16 % des suffrages exprimés. Quant à celle du parti communiste elle avoisine les 3 %. Est-ce cela qui, en démocratie, intimide les législateurs de l'actuelle majorité ?

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