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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

MERCREDI 8  NOVEMBRE 2006

DÉFAITES PRÉVISIBLES ET DANGERS EN VUE

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L'Europe fait habituellement un contresens sur la politique américaine.

La défaite électorale des républicains américains aux élections dites intermédiaires était prévue et prévisible. Comme beaucoup d'événements annoncés son ampleur se trouve amoindrie par l'effet d'anticipation. Si la Chambre des représentants passe aux démocrates, le Sénat renouvelable par tiers résiste à la poussée de l'opinion. Certes "la représentante démocrate Nancy Pelosi, qui devrait devenir la première femme de l'histoire à être élue présidente de la Chambre des représentants, a promis de travailler pour un changement de direction sur l'Irak" (1). La situation intérieure sera beaucoup plus complexe que par le passé pour l'équipe dirigeante, elle-même tiraillée par la défection d'une partie des « néoconservateurs ». Ainsi, l'Amérique va se retrouver, pendant deux ans au moins, dans la situation inverse de celle qu'avait connue la présidence démocrate de Clinton entre 1994 et 2000. (2)

Il est possible mais non certain que cela infléchisse vraiment la politique extérieure des États-Unis, et par conséquent la situation du monde, et par ricochet la conscience et l'opinion de l'Europe.

Or, on aurait certainement tort de se féliciter de ce virage, tant que l'Europe ne dispose d'aucun moyen, et ne manifeste auucune vraie volonté, de se défendre par elle-même. L'Europe fait habituellement un contresens sur la politique américaine. Elle croit voir dans les politiciens mafieux et véreux du parti démocrate des États-Unis ses amis privilégiés, sous prétexte que les républicains se révèlent des interlocuteurs plus rugueux. Et cette interprétation fausse a largement cours, singulièrement en France.

Il faut au contraire souligner que la plupart des interventions les plus maladroites du gouvernement américain dans les affaires de notre continent ont été le fait des présidents démocrates, éventuellement amicaux dans leurs préoccupations, mais désastreux dans leurs décisions : des 14 points de Wilson au bombardement de Belgrade par Clinton en 1999 (3).

Si demain par exemple, les Américains se retiraient trop vite d'Irak, la situation qui en résulterait sur place serait dramatique et les conséquences pour l'Europe seraient probablement funestes.

Au commencement de la deuxième guerre d'Irak nous avons pu remarquer, et souligner ici, que le principal danger pour l'Amérique n'était pas au Proche Orient mais en Amérique latine.

Et certes on ne peut pas dire que les 150 000 soldats américains en Mésopotamie aient sur place la tache facile. On ne peut pas dire non plus que cette situation ait facilité la campagne électorale des républicains. On doit savoir, quelles que soient les responsabilités, certains diront l'hégémonie des Etats-Unis dans le monde, les électeurs américains ou bien se déterminent par de pures raisons intérieures ou bien sont généralement hostiles aux interventions extérieures. Ni Wilson durant la première guerre mondiale, ni Roosevelt pendant la seconde, ne se sont présentés comme bellicistes devant leurs électeurs. Au contraire ils se présentaient (4) comme "ayant tenu le pays en dehors de la guerre européenne".

Comme Pearl Harbour, comme le Lusitania, les attentats du World Trade Center ont justifié aux yeux des Américains une sortie de leur isolationnisme psychologique naturel. Ceci était encore vrai en novembre 2004, au moment du scrutin de réélection, meilleur pour GW Bush que celui de novembre 2000. Cette situation s'est retournée en dépit de résultats économiques brillants, un taux de chômage ramené à 4,4 %.

En même temps les voisins agités des « Gringos » remettent en cause le modèle nord-américain. Ils le font dans le sens néomarxiste et particulièrement sous l'influence du démagogue détenteur de la finance pétrolière Chavez, héritier légitime, publiquement adoubé (5) de Fidel Castro.

Ce scénario nous paraît redoutable.

Bien entendu la riposte de Washington à Chavez a pu comporter des maladresses dans certains pays. On aurait tort cependant de trouver bénéfiques par exemple le retour des pseudo-sandinistes du Nicaragua en la personne d'Ortega.

On se tromperait plus encore en les créditant d'une vraie légitimité démocratique, qui supposerait au moins une majorité dans l'opinion : rappelons que M. Ortega représente 40 % des votants, contre 53 % à ses deux principaux adversaires libéraux. Il en est hélas souvent ainsi.

Tant que l'occident se reposera sur ses illusoires lauriers de la première manche de la guerre politique, gagnée par abandon de l'adversaire, la reconstruction des systèmes liberticides et la réapparition de leur guerre politique s'opérera, au détriment de nos peuples.

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) AFP du à 07 h 41.
(2) Dans le même temps Hillary Clinton s'est fait réélire sénateur de New York grâce à la plus coûteuse des campagnes, 30 millions de dollars le plus gros budget électoral du pays.
(3) À la demande expresse de M. Chirac et sans aucun mandat de l'ONU.
(4) Aux élections de novembre 1916 et de novembre 1942.
(5) On excusera j'espère ce pléonasme. Un adoubement est par définition public.

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