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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

LUNDI 13  NOVEMBRE 2006

L'ENJEU SECRET DES PARRAINAGES

Conseil constitutionnel

La dégénérescence du régime de verrouillage s'accentue.

Un sourd débat traverse en ce moment les cercles du pouvoir. Tous sont tétanisés, mais tous ne restent pas inertes en vue de l'échéance présidentielle de 2007. Va-t-on ou ne va-t-on pas laisser, ou au contraire empêcher, tel ou tel candidat d'obtenir les 500 parrainages faussement républicains d'élus locaux, eux-mêmes tributaires des harcèlements coulissiers et des subventions préfectorales, sans lesquels, dans la France actuelle, il n'est constitutionnellement pas permis de s'adresser directement au peuple.

En d'autres temps on se serait indigné d'abord au seul plan des principes, d'une telle fétide interrogation. Et c'est d'ailleurs sur ce terrain-là qu'il faudrait rester. Tous les courants d'idées, mêmes les plus farfelus, devraient avoir le droit de concourir, à proportion de leurs propres moyens associatifs et en dehors de tout mécanisme subventionnaire, à cette élection malencontreusement, dramatiquement, et aujourd'hui pitoyablement décisive de notre dispositif institutionnel. Le dernier à contester ce principe devrait être le citoyen laissant entendre qu'il pourrait se représenter pour un troisième mandat – candidature éminemment aberrante, déroutante et insultante, tant la seule motivation semble en être sa propre impunité.

Aujourd'hui, il ne paraît pas nécessaire de trop s'étendre sur les considérations tactiques présidant aux manœuvres du petit échiquier hexagonal. La pièce principale du champ des intrigues se trouve désignée par l'évidence : on vise un homme central du jeu depuis 1983, dont la performance avoisinait 17 % il y a 5 ans, — et dont on voit assez mal pour quel motif il serait appelé à reculer. Ces protestataires d'hier n'ont guère reçu, depuis lors, de la part du pouvoir, d'autres messages que celui du crachat permanent sur la France et son peuple. Les impôts n'ont pas diminué. Les postes autoradios volés n'ont pas été retrouvés. Les moyens réels de la police de proximité dans les quartiers populaires n'ont pas été renforcés. Le sentiment de l'insécurité dans les transports n'a pas reculé, bien au contraire. Il faut vraiment beaucoup mépriser cet électorat pour imaginer son ralliement spontané.

L'aveuglement de tous ces stratèges fait donc peine à voir.

Il faut comprendre aussi à quelle sorte d'hommes nous avons à faire.

Arrivés au pouvoir dans la queue de comète du règne gaullien, les technocrates interchangeables actuels, ont ruiné la France depuis 1974, détruisant toute santé de ses finances publiques comme siphonnant de façons désastreuses les pompes à fric de l'économie mixte.

On les a retrouvés à la source de tous les effondrements boursiers des dernières années. L'épargnant français devrait sérieusement évaluer ses placements, si souvent cantonnés dans le CAC 40 et les produits financiers du Trésor. S'il a su écarter ainsi, depuis 5 ans, toutes les grosses boîtes accaparées par des représentants des synarchies, toujours catastrophiques, de France-Telecom à Alsthom, d'EADS à Vivendi, il a su du même coup gagner plusieurs points d'avance, environ 5 ou 6 par an, sur la moyenne du marché. Cette réalité occultée explique d'ailleurs les connivences de l'oligarchie française avec les bureaucraties syndicales, elles-mêmes subventionnées, alliées pour stigmatiser et diaboliser les préoccupations de rentabilité posées par les fonds de pension et autres investisseurs internationaux.

Après avoir ruiné et pillé la France, les mêmes représentants du pouvoir technocratique et de ses verrouillages se ruinent eux-mêmes. Jupiter rend fou ceux qu'il veut perdre, disait la sagesse antique. Le Seigneur dévie le chemin des impies, chante aussi chaque dimanche le psaume d'entrée de la liturgie orthodoxe.

Le bateau prend l'eau de toutes parts.

On en arrive à d'étonnantes déclarations, telles que celle d'un homme habituellement plus intelligent, et dans le cas précis plus habile comme M. Devedjian, avouant tout à trac : « ce qui n'est pas bon pour la démocratie, n'est pas forcément mauvais pour Sarkozy » (1). N'avouez jamais. À l'inverse les verrouilleurs d'en face, ceux du clan chiraquien recyclés en leur vraie nature de magouilleurs, imaginent de tendre subtilement la perche à l'ennemi public d'hier. Le jeu de billard s'affirme ici moins délicatement florentin. Il répète seulement un refrain connu : "tout sauf", qui flingua Chaban-Delmas en 1974, Giscard en 1980-1981, Barre en 1988, Balladur en 1994-1995 et, d'une autre manière Jospin en 2002. Le mot d'ordre chiraquien du jour vise, une fois de plus, le candidat probable de son propre parti. C'est "tout sauf Sarkozy", contre lequel tous les arguments sont bons, même les mauvais. "Sarko" n'est pas, dois-je le dire, nécessairement mon propre candidat au seul motif qu'élu il serait un Chirac-bis, sorti du même sérail. En revanche il dit, alternativement, quelques bonnes choses, et il nous chante quelques intéressantes promesses.

On pourra donc ou bien jubiler, ou bien déplorer telle ou telle conséquence.

Écartons-nous, dès lors, des considérations subalternes ou partisanes pour essayer de comprendre la scène totale.

La manœuvre actuelle, et ses prolongements anecdotiques, sont éclairants de ce qu'ils annoncent à long terme, c'est-à-dire la dégénérescence du régime "présidentiel à la française" de monocratie plébiscitaire (2).

Conçu pour un seul homme, arrivé en 1958 et chassé en 1969, ce régime a beaucoup dérivé par rapport aux conceptions théoriques et aux sentiments du fondateur. Il est devenu de plus en plus inadapté à ses diadoques et à leurs petitesses. Non seulement il n'a guère d'équivalent à l'étranger ; mais, bien plus encore, ses conséquences les plus funestes se développent chaque jour à l'encontre de la France, à l'encontre des régions vivantes qui la composent, à l'encontre de sa jeunesse, à l'encontre de ses entreprises et à l'encontre de son peuple.

JG Malliarakis
©L'Insolent

(1) cf. Le Monde du 11 novembre
(2) Il faut une singulière dose d'ignorance, hélas bien excusable de nos jours, pour assimiler ce régime à l'héritage de la royauté. Il dérive au contraire du jacobinisme et du bonapartisme, tout en s'étant donné lui-même pour vocation secrète la préservation des dynasties bourgeoises.

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