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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ MERCREDI 6 DÉCEMBRE 2006
quelque chose de pourri au royaume DU "CHI"
Un cadeau de Saint-Nicolas civique et imprévu : le livre de Jean Montaldo ...
Ma chère vieille Maman le comparait toujours à Tintin. Un tel qualificatif me semble encore le plus beau compliment à l'adresse de l'un des derniers, ou l'un des premiers, journalistes d'investigation de notre pays (1). Et puis cet ami a toujours été là, courageusemnt, y compris pour la rassurer lorsque mes activités anticommunistes militantes m'ont mené en prison.
C'est donc avec un plaisir immense que j'ai entamé la lecture de son "Chirac et les 40 menteurs, cadeau imprévu de saint Nicolas, ayant retrouvé son auteur par hasard dans le train. À 64 ans, il n'a guère changé, toujours le même, intrépide, talentueux et remarquablement documenté.
Je m'empresse donc de coucher quelques lignes sur ce volume salubre de 450 pages, complété de quelques intéressantes "pièces à conviction", et qu'il faut assurément lire de bout en bout.
L'impression générale est certes accablante pour le Chirakistan. Ce ne sont d'ailleurs pas tant les faits isolés qui frappent le plus, ces dossiers qui tombent dru, avec lesquels on se demande si aucun chef d'État occidental pourrait imaginer de rivaliser. Il en ressort plutôt un sentiment d'ordre global, une sorte de malédiction générale qui se serait emparé de cet homme, de son clan, de ce qui lui tient lieu de "parti. Puis elle s'est étendue, de 1977 à nos jours, sur la municipalité parisienne, puis sur toute la droite française, puis sur la nation elle-même, désormais paralysée en Europe, engluée et impuissante dans les affaires africaines, démonétisée au plan international.
Par ailleurs, il coûte cher le bougre. C'est peut-être même la clef du problème.
Le lecteur ressent en effet un immense écœurement à l'idée de ces caves pleines de grands crus, de ces frais de bouche, de ce budget élyséen multiplié par 9. À notre connaissance les nombreuses questions de M. René Dosière, député socialiste de l'Aisne, spécialistes du sujet à l'Assemblé nationale (2) ne l'ont toujours pas conduit en prison pour crime de lèse-majesté et les réponses [officielles] sont effarantes. Il est ainsi établi que 63 % des dépenses de l'Élysée sont assurées "de façon dispersée" (Dosière), c'est-à-dire "particulièrement opaque" (Montaldo).
Très généralement Montaldo écrit à partir de documents, il n'a pratiquement jamais été pris en faute.
"Folie des grandeurs" écrit-il, "vie de nabab", "monarque proche oriental servi par un personnel pléthorique" (p. 357).
De tels commentaires de l'auteur peuvent sembler relever du pamphlet, peut-être même de l'outrage, non poursuivi semble-t-il.
À la place qu'ils occupent dans le livre (3) on doit au contraire se représenter qu'il s'agit d'une sorte de conclusion sobre en forme de constat. Un peu dure dans les termes, on sera tenté d'y voir une explication globale. C'est en somme la malédiction de l'homme de pouvoir, car elle retombe sur le royaume, c'est celle qui traverse la tragédie d'Œdipe "tyrannos", c'est celle qui s'empare de Macbeth, c'est le thème du roi pêcheur. Malheur à la ville dont le prince est un chiraquien.
Oui c'est la gangrène intime de cette Chiraquie, continuatrice de la Mitterrandie : elle pourrit tout qu'elle touche. Au moins Mitterrand, d'ailleurs, était civilisé, lettré, ironique. Tout pareil, pense quand même l'auteur "rien n'a changé, estime-t-il, et — pire encore — tout s'est aggravé !"
On se délectera aussi, on frémira peut-être si l'on n'est pas trop cynique, au passage du procès du "pacte de corruption" mis en place par la RPR avec la complicité de socialistes sur les marchés publics d'Ile de France.
On serrera enfin les poings en pensant : vivement le coup de balai !
JG Malliarakis
©L'Insolent(1) Après avoir écrit dans Minute jusqu'en 1972, après avoir couvert, notamment, l'affaire Ben Barka au risque de sa vie, Jean Montaldo a travaillé dans plusieurs importants journaux, et notamment L'Express puis Paris-Match, je crois. Aujourd'hui il publie des livres qui sont autant de "bombes" sur la corruption de notre classe politique et de ses réseaux quasi mafieux.
(2) Elles sont disponibles sur le site de l'assemblée nationale à sa page.
(3) "Chirac et les 40 menteurs" (Albin Michel 2006) en écho à son terrible "Mitterrand et les 40 voleurs" (Albin Michel 1994).
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