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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ MARDI 12 DÉCEMBRE 2006
DIFFICULTÉS EUROPÉENNES DE L'ÉTAT TURC
Non, ce n'est pas simplement le contentieux gréco-turc qui bloque l'adhésion d'Ankara.
La complexité des procédures de décision au sein de l'Union européenne déroute le public hexagonal. Nous sommes trop habitués aux oukases de nos technocrates. Et nous manifestons aussi trop de considération pour les coups de tête à la Mao Tsé-toung, imaginant au lendemain de l'échec du plan quinquennal en 1957, et lançant, depuis sa piscine, la formule du Grand Bond en avant de 1958 à 1962 et provoquant l'immense famine que l'on sait, ou plutôt que l'on ne sait pas assez.
À cet égard, contrairement aux idées reçues dans l'opinion française, les Conseils de ministres européens sont beaucoup moins tributaires de la technocratie, et des reliquats du marxisme que les cercles soi-disant politiques français.
Ainsi donc, ce 11 décembre, dans le cadre de la clôture de la présidence finlandaise, les ministres des Affaires étrangères des 25 préparaient le Conseil européen des 14 et 15 qui devra faire le point de la négociation d'adhésion en cours avec la Turquie. La conclusion à laquelle cette instance est parvenue tend à retarder, une fois de plus, le processus.
Celui-ci piétine depuis 20 ans (1).
Au milieu des années 1980, enfin sortie de la phase d'un gouvernement (purement) militaire, Ankara semblait avoir vocation à devenir la 13e capitale. En 2004, cependant, alors que 25 pays étaient déjà acceptés dans l'Union, on estimait le délai de l'adhésion turque et de la négociation à 10 ou 15 ans. Aujourd'hui, ceci semble trop court. De la 13e place la Turquie passerait ainsi à la 35e ou à la 36e. (2)
Le verdict du 11 décembre, à confirmer le 15, consisterait à bloquer 8 des 25 dossiers de négociations, sur lesquels la psychorigidité d'Ankara est trop évidente, et, par ailleurs, à tout geler tant que les mesures discriminatoires de l'État turc à l'égard des bateaux chypriotes ne seront pas levées.
Pour avoir personnellement suivi et étudié assez systématiquement le contentieux gréco-turc depuis plus de 20 ans, – et pour l'avoir, en somme, pratiqué héréditairement depuis quelque 700 ans, – je me permets d'émettre un avis : non, ce n'est pas simplement le contentieux gréco-turc qui bloque l'adhésion d'Ankara.
On se sert encore des relations de voisinages avec la Grèce et avec la petite République de Chypre (3), qui n'en sont responsables ni l'une ni l'autre, pour ne pas dire que c'est l'Europe entière qui doit dire non, dans les conditions actuelles (4), à l'entrée de l'État turc.
L'incompatibilité des fondements de l'État turc par rapport aux valeurs communes est beaucoup plus profonde qu'on l'entend dire trop souvent. La réalité de son appareil dirigeant se révèle beaucoup moins islamique que militaire et maçonnique-laïciste. Face à cela, l'identité chrétienne de l'Europe a donc vocation, ou bien à imposer ses propres critères à l'État turc, ou bien à accepter de se diluer complètement dans un magma mondialiste.
Voilà la vérité et voilà l'enjeu.
Les points de frictions avec les quelques pays qui récusent tel ou tel "volet" dans la négociation d'adhésion sont certes importants, mais on doit mesurer aussi leur caractère de péripéties.
On doit comprendre également que les diverses forces acharnées à détruire actuellement tout projet d'une Europe des identités et des libertés, se servent du levier turc pour annihiler l'Europe.
JG Malliarakis
©L'Insolent(1) Il est faux de mentionner la date de 1963 qui prévoyait, à long terme, l'association au simple marché commun. Le projet politique que nous appelons aujourd'hui l'Union européenne n'a été officialisé qu'avec le traité signé à Maastricht en 1991. C'est la compatibilité de ce projet qui pose problème avec la Turquie, membre de l'Union douanière depuis 1993.
(2) Car, déjà la Roumanie et la Bulgarie sont acceptées, et le 11 décembre, la candidature de la Croatie vient de passer devant. Les pays dits des Balkans occidentaux (Serbie, Montenegro, Macédoine, Bosnie, Albanie) semblent eux aussi devoir précéder la Turquie. Puis ce sera l'Ukraine et la Moldavie, etc.
(3) Rappelons ceci ou plutôt indiquons-le aux Français qui, en général l'ignorent : le problème de Chypre est intégralement une fabrication de bureaux du Foreign office britannique des années 1950, noyautés alors par un réseau soviétique dirigé par Kim Philby. Kim Philby était responsable de la région du Sud est européen, où, par exemple, il livra aux communistes les opposants albanais. À la même époque les staliniens grecs dénonçaient aux services de répression anglais les combattants chypriotes de l'EOKA. Dans cette affaire l'aveuglement de l'Europe bien-pensante a toujours été total.
(4) Et c'est cette dernière nuance qui compte le plus aux yeux des diplomates.
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