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S'ils désirent véritablement voir leur candidate franchir victorieusement dans trois mois le perron de l'Élysée, les dirigeants socialistes devraient envisager d'urgence la confiscation du passeport Mme Ségolène Royal. Grâce aux accords de Schengen et à d'autres facilités consulaires elle pourrait de la sorte se contenter encore de voyager dans l'espace européen. On y connaît, surtout depuis 1995, l'inconséquence et la frivolité des dirigeants technocratiques français. On y sait le peu de poids de leurs déclarations. On s'habitue à leurs rebuffades, après 12 années de grossièretés chiraquiennes. À vrai dire on s'en moque désormais, on se contente d'en rire discrètement.
Au Canada en revanche, au Proche Orient ou en Chine, sans ignorer tout à fait la faiblesse relative de la puissance hexagonale, les hôtes de la candidate socialiste éprouvaient peut-être encore le besoin de s'illusionner quant à la place de Paris. Dans le monde actuel en général, après tout, les industries du luxe demeurent compétitives, certaines industries de haute technologie, certains services de qualité, certains lieux touristiques méritent l'attention et le détour. Parfois même une intervention ou une intermédiation française pourrait se révéler pertinente dans certains dossiers, sous réserve d'un minimum de savoir faire diplomatique
Eh bien si Mme Royal devient un jour chef de l'État français, il lui faudra faire oublier ses déplacements de candidate au Canada, au Proche Orient et en Chine.
Et la plaisanterie semble continuer. Au dîner du CRIF du 23 janvier, par exemple, elle a cru bon d'aller plus loin que la communauté internationale en réclamant pour l'Iran l'interdiction de tout programme nucléaire non seulement militaire mais civil (1) : voilà une pierre bien inutile dans le jardin de la Russie, principal opérateur du programme persan. Voilà également une bonne façon de consolider la position intérieure fragile du pouvoir extrémiste actuel de Téhéran.
De bourde en bourde, d'approximation en approximation, Mme Royal nous rappelle la distance énorme séparant une présidence régionale de Poitou-Charentes, distributrice de subventions, de la représentation internationale des destinées et de l'action d'un pays comme la France, pilier de l'Union européenne.
Certes, loin d'apparaître comme une exception, un tel déficit de stature pourrait certainement se constater pour d'autres candidats (2). Et, de ce point de vue, la cuvée 2007 de l'élection présidentielle au suffrage universel, inventée en 1962 par et pour le général De Gaulle peut être tenue pour particulièrement significative de la médiocrité politicienne.
Tout de même, sur ce terrain, Mme Ségolène Royal mérite actuellement le maillot jaune de la sottise planétaire.
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JG Malliarakis
©L'Insolent(1) Entendu furtivement sur Europe N° 1 ce 24 janvier à 7 h 30 : on ose à peine y croire. On ne prête qu'aux riches.
(2) Pour sourire malgré tout, voici quand même la chanson, l'hymne de campagne d'un des "petits" candidats l'estimable M. Édouard Fillias : gardons le moral !