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Si l'on devait s'en tenir à la seule lecture des sondages, la candidature de Bové à la présidence de la république pourrait sembler marginale. Les 17 premiers commentaires d'abonnés du Monde publiés sur le site internet de ce journal vont dans le même sens, celui de l'insignifiance. On lui accorde donc au départ entre 1 % et 3 % des voix
Pourtant d'autres considérations méritent d'être prises en compte. Commençons par la ville de Saint-Denis, ce vieux bastion communiste, autrefois significatif d'une partie de la classe ouvrière française, aujourd'hui dirigé le député-maire Braouzec, en rupture avec la direction du PCF, soutenant Bové. De là est parti ce mouvement de rénovation antilibéral, traversant désormais la nouvelle extrême gauche.
Adieu piolets ! On a définitivement dépassé le clivage entre staliniens et trotskistes. La première victime d'une candidature Bové prenant éventuellement son essor s'appellerait probablement Marie-"Joe" Buffet dont la campagne piétine assez lamentablement depuis décembre (1).
Bien entendu beaucoup de paramètres, déterminants du score final, dépendront d’autres porte-parole de l'extrême gauche comme le krivineux Besancenot ou la sectaire Laguillier (un peu passée de mode). Arithmétiquement cependant, au-delà des 15 % de voix idéologiquement communistes de 2002, alors réparties sur 4 candidats, on doit tenir compte des "non" de gauche exprimés en mai 2005. Cette tranche d'opinion représente en tout 30 à 35 % des voix et elle ne se reconnaît ni en Ségolène Royal, ni, pour 90 % d'entre elle, en Buffet (2).
Le programme ultra-gauchiste en 9 points développé à Saint-Denis par Bové ce 1er février peut faire peur aux uns et faire rire les autres : peut-il rallier sur son utopie révolutionnaire une part de l'électorat socialiste ? Peut-il permettre au candidat Bové, se disant actuellement titulaire de 150 promesses de parrainages au départ de franchir effectivement la barre incontournable des 500 ?
De telles questions s'éclairciront au gré d'une campagne de plus en plus ouverte à l'incertitude.
Et la candidate socialiste a autant à craindre d'un Bayrou sur sa droite que d'un Bové sur sa gauche.
En tout état de cause notre vigilance vis-à-vis du phénomène Bové s'exprimait déjà lors de son apparition violente et provocatrice en 1999 (3). Nous souhaiterions seulement recevoir, d'un éventuel résultat misérable, le démenti de notre préoccupation.
Nous demeurons néanmoins convaincus, quelles qu'en soient les divergences internes, au gré des remous sein du Mouvement Attac, de la Confédération paysanne ou des Collectifs antilibéraux par exemple, qu'une nouvelle extrême gauche est en gestation.
JG Malliarakis
©L'Insolent(1) cf L'Insolent du 22 décembre 2006
(2) Un vieil ami se risquait récemment au pronostic suivant : Marie-"Joe" fera probablement 10 %... des voix communistes…
(3) Voir ainsi nos divers bulletins consacrés au développement du phénomène de la bulle médiatique "Bové"
Notamment : bulletin du 20 août 1999 Sur la montée des manifestations d'Antiaméricanisme chez les agriculteurs
bulletin du 10 avril 2000 Glavany et Bové sont d’accord au fond
bulletin du 20 juin 2002 Pour les trotskistes à la Bové la république a toujours été vraiment bonne fille