Ô élégante préfecture des Yvelines, digne linceul de la royauté, qui s’y abîma au cours du XVIIIe siècle dans la courtisanerie ! Ô berceau de l’Empire allemand en 1871, symbole du suicide de l’Europe en 1919, lieu de l’affligeante élection de René Coty, après 14 tours de scrutin, en 1954 ! Pour ne point faillir à ta renommée, celle d’une ville d’histoire, de bon goût et de culture, tu ne devrais jamais plus abriter de querelle politique !
Te voici cependant, otage d’un régime finissant, rendez-vous de congrès constitutionnels qui se succèdent, de plus en plus fréquents, hoquetants et dérisoires.
Le vote de 3 révisions en moins de 24 heures, toujours à Versailles ce 19 février, a battu véritablement les records de notre républicaine déliquescence et de l'indifférence, vraiment stupéfiante, des foules et des médiats.
Les deux interminables mandats de M. Chirac s’y seront donc traduits par un terrible affaissement du sens juridique.
En 12 ans, ce dernier aura fait écorner 14 fois la loi fondamentale : ses 4 prédécesseurs, en 37 années n’y avaient touché que 8 fois. La vitesse de l’érosion des institutions a donc subi une multiplication par 5.
Comme toutes les décisions marquées du sceau de l’ancien ambassadeur de Corrèze, les dernières en date tendent vers l’infiniment petit. À l’heure des nanotechnologies, la France chiraquienne répond par la nanopolitique.
Elles n’en comportent pas moins leur part de symbole, toujours dans le sens du socialisme et de l’avachissement du pays.
Elles entraîneront, pour l’avenir et pour l’immédiat, de graves conséquences terre à terre non négligeables : ainsi la nouvelle prohibition, désormais métaphysique, de la peine de mort, peut paraître respectable dans son idéal céleste. Elle persiste néanmoins, dans la pratique terrienne, à poser la préservation du criminel avant le souci de ses victimes. Et ceci ne manquera pas d’encourager la délinquance des petites gouapes dont se nourrit la pollution de notre vie quotidienne.
Et, pendant ce temps, M. Chirac a beau s’effondrer dans la sénilité, se complaire dans la tiers-mondisation et s’éloigner du fil des réalités, ses préoccupataiosn personnelles demeurent bien présomptibles.
Ainsi les observateurs s’interrogent sur la portée respective de l’inscription constitutionnelle, à la fois, et le même jour d’un paquet totalement disparate.
D’une part on a adopté un code électoral, d'intention explicitement discriminatoire, applicable à la Nouvelle Calédonie.
D’autre part on a prétendu figer une loi votée en 1981 à l’époque de la Mitterrandie triomphante.
Et en même temps sont apparues des précisions lourdement appuyées contenues dans les articles 67 et 68, désormais modifiés, portant sur la procédure pénale applicable au chef de l’État.
Ce dernier point semble bel et bien la truffe du terrain parcouru.
Or, que nos politiciens puissent tomber sous le coup de la loi, nul n’en a jamais douté depuis les « dix-huit francs » des assemblées révolutionnaires.
Qu’en république, le plus élevé en grade échappe par nature à cette éventuelle suspicion, seuls les sots pourraient se le représenter.
Qu’une franche canaille ait, éventuellement, osé envisager de légiférer, une dernière fois, à son profit, pis encore : de graver dans le marbre constitutionnel, pour aménager ses positions de repli, voilà en revanche qui indiquerait la marque d’une dérive centre-américaine. On ne se situerait plus dans le prolongement du radicalisme, on entrerait dans le caudillisme.
Peu de Français pourraient imaginer qu’au pays de Pascal et de Péguy, de Psichari ou de Pasteur, héritiers de centaines de héros de la science, de génies des arts ou de témoins de la foi, peuple formé de millions d’ancêtres exemplaires d’humilité et d’honnêteté que leur drapeau se voit aujourd’hui souillé, que leur territoire millénaire se voit pollué, que le développement de leur pays se voit entravé, par la malédiction constante, sournoise et sectaire d’un vieillard perclus de vice et d’indignité.
On se demanderait alors, mais je n’ose y croire, quelle sombre et tortueuse négociation, avec les crapules du parti socialiste, quel chantage auprès des transfuges du radicalisme, aurait bien pu accompagner, et allonger sur 4 ans, depuis la décision de principe extorquée au conseil des ministres de 2003, la confection, virgule après virgule, des alinéas alambiqués et pervers composant désormais les articles 67 et 68 de la loi fondamentale de cette république épuisée : en échange de quoi ? en prévision de quelle occurrence ? en accord avec quelle force ? et pour paralyser l’action de qui ?
On ne saurait envisager de telles hypothèses.
La tradition romaine était plus sobre. Elle disait simplement : "la femme de César ne doit même pas être soupçonnée."
JG Malliarakis
©L'Insolent