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Commençons cette chronique par quelques bonnes nouvelles. La première, la plus importante pour votre serviteur lui-même s'énonce de la manière suivante : le combat pour la libre expression radiophonique ne s'arrêtera pas. Il prend appui sur une évolution technologique, conjuration de l'intelligence occidentale en l'occurrence, puisque le numérique va transformer entièrement les moyens de communication et d'information dans un délai extraordinairement rapproché (1).
De la sorte, des projets inattendus vont voir le jour et contourner les verrouillages mis au point par les hommes de l'État. Cela concerne les gros intérêts et les capitaux investis dans la télévision numérique terrestre, cela va également aboutir sur le terrain matériellement modeste, mais intellectuellement beaucoup plus important, du moins à nos yeux, celui de la lutte des idées et de la culture par la radiophonie en ligne.
Déjà la commercialisation de ce que France Télécom appelle sa "liveradio" pourrait faire comprendre aux plus obtus de nos technocrates autistes que les monopoles hertziens de Gauche culture et de Radio Gauche internationale se meurent.
[Autre nouvelle, toute petite dans la grande fresque sociale de notre temps, mais importante à l'échelle de l'entrepreneur individuel traçant ces lignes, mon travail éditorial retardé par l'impact des nuisances associatives de ces derniers mois va pouvoir reprendre et je vous importunerai de nouveau de l'évocation de mes parutions. (2)]
La troisième nouvelle positive revêt un caractère disons plus général, en tout cas plus culturel. On pourrait parler globalement de renaissance du cinéma allemand. Contentons-nous de saluer au moins le remarquable premier film de Florian Henckel von Donnersmarck, "La Vie des autres". Si vous ne l'avez pas encore vu, programmez très rapidement ce déplacement festif, culturel et j'ajouterai : civique. 130 salles le proposent à ce jour, réparties sur toute la France. Ne vous contentez pas des perspectives de bonbons à l'entracte. Observez toutes les réactions, toutes les images.
Le drame se déroule à Berlin-Est en 1984, juste avant l'arrivée au pouvoir de Gorbatchev en URSS en 1985, la glasnost, la perestroïka et pour finir l'effondrement du bloc soviétique, dont la chute du Mur de la Honte doit être tenue pour un épisode.
Inutile de dire que la première critique accessible au lecteur, référencée par le principal site cinématographique national provient de L'Humanité, en date du 31 janvier. Ben voyons : pas plus objectif pour parler de l'Allemagne de l'est que le premier journal stalinien de France. On ne doit pas perdre de vue qui donne le ton. Et les communistes français persistent à inscrire cette production au registre d'une prétendue "ostalgie" allemande, comme si nos cousins germains d'aujourd'hui partageaient ce sentiment d'un quelconque "regret" pour l'Allemagne de l'est : le score du PDS indique le niveau de cette "ostalgie".
L'Huma semble se souvenir vaguement qu'en "RDA", en 1984, existait une certaine Stasi, efficace administration du ministère de la sécurité d'État forte de 100 000 fonctionnaires et de 200 000 informateurs. Un service public en quelque sorte. "On était bien dans notre petite république" cherche à faire croire le personnage le plus abject du film. Les principaux intéressés savent à quoi s'en tenir.
Certes "1984", cela paraîtra aux lecteurs de George Orwell une bonne date, bien symbolique, mais on doit également rappeler, au-delà de ce millésime fâcheux, que pendant toute la durée du régime communiste imposé dans la zone d'occupation soviétique la Stasi a fonctionné. On notera de même que dans tous les régimes communistes du monde, depuis la révolution bolchevique de 1917, jusqu'en Chine, au Vietnam, à Cuba de nos jours. Et la chose se met en place en ce moment même, de façon embryonnaire, dans le Venezuela pétrolier de Chavez. Elle existe aussi en Angola sous Dos Santos, au Zimbabwe sous Mugabe, etc. Aucune spécificité allemande dans ce dispositif.
Or contrairement aux assertions de l'Humanité et aux idées toutes faites répétées par autant de perroquets politiquement corrects, ce film alimente un anticommunisme parfaitement radical et, par conséquent, salubre.
Certes le personnage de Dreyman se présente de manière ambiguë. Existait-il une autre manière de survivre, pour un intellectuel de Berlin-Est ? Bien sûr que non.
Certes on découvre dans les motivations des hommes de l'État, hier et aujourd'hui, une réalité parfaitement abjecte : le Ministre de la Culture est-allemand ambitionnait d'abord une relation extraordinairement banale avec une certaine comédienne. Mais précisément, il en va de même de tous les hommes de l'État, y compris dans la version hexagonale du socialisme à visage chiraquien.
Dommage pour l'interprétation marxiste de l'Histoire : la seule dimension assurément inégalable de l'étatisme est-européen de la seconde moitié du XXe siècle, demeurera toujours la grisaille, fort bien restituée dans le film.
On peut en revanche s'accorder sur un point avec le critique de l'Humanité : le film "la Vie des autres" n'appartient pas au registre de l'anticommunisme primaire. Ni secondaire d'ailleurs. Il s'agit d'un anticommunisme supérieur, le seul qui mérite vraiment notre attention par les temps qui courent.
JG Malliarakis
©L'InsolentL'Enregistrement de cette libre chronique sera installée chaque matin sur le site d'ARCOLE
(1) Voir sur l'intéressant Forum libéré de Radio Courtoisie
http://libreforum.forumactif.fr/L-actualite-de-Radio-Courtoisie-c1/A-propos-de-l-usurpation-f1/Quesperons-nous-dArcole-p3793.htm?highlight=#3793
où un intervenant recommande l'article ci-dessous
http://www.news.fr/actualite/medias/0,3800002047,39367430,00.htm
(2) Le catalogue en ligne des éditions du Trident est consultable à l'adresse url http://www.editions-du-trident.fr/catalogue.htm
La circulaire de nouveautés de mars est téléchargeable à
http://www.editions-du-trident.fr/cataloguetrident0703.pdf
Et le bon de commande pour un paiement par chèque (on peut commander en ligne via le catalogue en ligne) http://www.editions-du-trident.fr/bdcfm.pdf
Si vous souhaitez recevoir par la poste la circulaire de nouveautés de mars il suffit de le demander à
insolent.jgm@free.fr
(3) On consultera utilement le dossier du site d'AlloCiné
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=111643.html