Parents : oui au samedi libre dans le primaire
Le 9 mars, les conseils d'écoles du primaire sont invités à voter sur une réorganisation des rythmes scolaires. Notre sondage auprès des parents, le tout premier dans la capitale, exprime un appui massif à la proposition initiale du maire Delanoë et du recteur Blanchet : le transfert des cours du samedi sur le mercredi. Et ce dès septembre 2002.
1re leçon
Une consultation qui exclut les parents
Manifestement, les parents d'élèves de la capitale sont les laissés-pour-compte du grand débat sur les rythmes scolaires entamé par les états généraux de novembre 2001 et qui s'est poursuivi lors des innombrables réunions fermées entre rectorat, syndicats d'enseignants et fédérations de parents d'élèves. L'absence de consultation parentale est d'abord imputée à la Mairie de Paris : 87 % des intéressés estiment que l'Hôtel de Ville, qui n'hésite pas à claironner son attachement à la démocratie participative, n'a jamais pris leur avis de manière directe. Très active dans les négociations avec les représentants syndicaux et associatifs, l'équipe Delanoë s'était en effet limitée à consulter les parents élus. Or les fédérations de parents ont manifestement répercuté information et débat à très bas bruit : 70 % des parents n'ont rien entendu. Problème de représentativité ou défaut de communication ?
Personnellement, en tant que parent, la question d'une meilleure répartition des rythmes scolaires pendant la semaine vous paraît-elle une question
Tout à fait prioritaire 39 % + Assez prioritaire 31 % = 70 %
Prioritaire parmi d'autres 19 % + pas prioritaire 10 % = 29 %
Sur ces questions d'aménagement du temps scolaire, en tant que parent, avez-vous été consulté récemment par
La direction de l'école oui = 27 % ; non = 73 %
Une fédération de parents d'élèves oui = 29 % non = 70 %
La Mairie oui = 13 % non = 87 %
2e leçon
Semaine des 5 jours sans le samedi : la grande fracture entre enseignants et parents d'élèves
Sur la question décisive du transfert des cours du samedi matin au mercredi matin, le souhait des parents est strictement le contraire de celui des instituteurs. Dans le sondage Sofres réalisé en décembre 2001 pour le ministère de l'Éducation nationale et notre confrère " La Croix ", 59 % des enseignants du primaire exprimaient leur hostilité à cette solution et 27 % leur accord. Côté parents, c'est 73 % qui sont favorables au transfert des cours du samedi sur le mercredi matin et 26 % hostiles. Surtout, le noyau dur des pour et des contre la réforme est, de part et d'autre, tout aussi granitique : 46 % de " tout à fait favorable " chez les parents et 40 % de " tout à fait défavorable " chez les instituteurs. Une fracture franche qui explique sans doute pour partie les difficultés de la principale fédération de parents d'élèves, la FCPE, à afficher une position stable. Comme en témoignent les appels à référendums qui sont formulés ici et là par des regroupements de parents.
Le maire de Paris et le recteur de l'Académie de Paris souhaitent réformer les rythmes scolaires, notamment en supprimant l'école le samedi matin, dès la rentrée prochaine. Selon vous, ont-ils raison ou tort de vouloir appliquer cette réforme dès la rentrée prochaine ?
Ils ont raison 74 %
Ils ont tort 22 %
3e leçon
La nouvelle donne des temps sociaux
Stressés, les parents parisiens ? En tout cas, il semble bien, malgré les 35 heures, qu'ils aient du mal à se dégager de leur travail pour s'occuper de leurs enfants le mercredi : 28 % seulement parviennent à mettre entre parenthèses leurs engagements professionnels. La plus grande partie (44 %) doit donc organiser un système de garde souvent payant. Et seuls 36 % ont recours aux centres de loisirs dont l'image est pourtant bonne pour 75 % des sondés. En revanche, l'école le samedi, est considérée par 59 % des parents interrogés comme " gênante " pour la cohérence de la vie familiale. Instructif aussi : 64 % des parents sont favorables à un raccourcissement des vacances d'été et 50 %, des petites vacances. Preuve qu'une réforme plus vaste des temps sociaux n'est plus tout à fait une lubie.
Personnellement, l'absence d'école le mercredi vous oblige-t-elle à
Vous absenter, vous ou votre conjoint, de votre travail oui = 28 % Non = 72 %
Organiser un système de garde oui 44 % Non = 56 %
Mettre vos enfants au centre de loisirs oui 36 % Non = 64 %
Pour mieux répartir les heures de travail à l'école, seriez-vous plutôt favorable ou plutôt opposé à
Un raccourcissement des grandes vacances d'été Plutôt favorable = 64 % Plutôt opposé = 33 %
Un raccourcissement des autres vacances pendant l'année Plutôt favorable = 50 % Plutôt opposé = 49 %
Seriez-vous favorable ou défavorable à ce que, à l'école primaire, les cours du samedi matin soient transférés au mercredi matin, ce qui libérerait le samedi ?
Tout à fait favorable 46 % + Plutôt favorable 27 % = 73 %
Plutôt défavorable 11 % + Tout à fait défavorable 15 % = 26 %
Seriez-vous favorable ou défavorable à la semaine de 4 jours, c'est-à-dire à la suppression du samedi matin sans remplacement par un autre jour ?
Tout à fait favorable 38 %
Plutôt favorable 24 % 62 %
Plutôt défavorable 18 %
Tout à fait défavorable 18 % 36 %
4e leçon
La semaine de 4 jours progresse
Si 36 % des parents sont contre, 62 % sont pour. Cette solution (ni cours le mercredi, ni le samedi) semble contradictoire avec la difficulté d'occuper les enfants le mercredi. Mais elle se développe. Elle traduit peut-être une perte de confiance dans un périscolaire public de qualité. Qui se privatise de plus en plus. À l'évidence, cette solution qui a aussi l'oreille de certains syndicalistes enseignants laisserait nombre d'enfants de familles défavorisées sur le pavé. Et c'est pour cela que le recteur Blanchet et le maire de Paris l'ont écartée.
Êtes-vous plutôt satisfait ou plutôt pas satisfait des prestations des centres de loisirs le mercredi ? (36 % des sondés envoient leur enfant au centre de loisirs.)
Satisfait : 75 %
Pas satisfait : 22 %
Le nombre des non-réponses ou sans-opinion est si infime que nous ne le mentionnons pas, mais vous le retrouverez en calculant le 100 %.
Ce sondage Sofres a été effectué pour " le Nouvel Observateur Paris-Ile-de-France " les 18 et 19 février 2002 auprès d'un échantillon de 500 parents d'élèves du primaire à Paris. Méthodes des quotas et stratification par arrondissement.
© Le Nouvel Observateur 2000/2001