Nous savons tous, ou presque, que l'Espagne a été conquise, en 711, par les Arabes. Nous savons tous, ou presque, que Charles Martel a arrêté les Sarrasins à Poitiers en 732. Nous n'ignorons pas, en général, que les Rois Catholiques ont mis fin à cette présence islamique en Europe à la fin du XVe siècle.
On nous dit grand bien de cette période de plus de 700 ans. Ses vestiges architecturaux sont assurément plus prestigieux que les bunkers du Mur de l'Atlantique. On s'abstient de souligner qu'il s'agit de témoignages d'une présence, en Andalousie, d'autocrates exclusivement musulmans. Car, il nous est dit, également, que --la Péninsule ibérique a été, au Moyen âge le lieu d'une magnifique cohabitation des trois religions du Livre, des chrétiens, des juifs et des musulmans.
Qu'en a-t-il donc été réellement ? Qu'en pensait-on, en général, jusqu'à une date très récente, celle de l'avènement du politiquement correct et de la pensée unique ?
Le livre "La Conquête de l'Espagne par les Arabes" dit tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’Espagne musulmane (711-1492) sans jamais oser le demander : D’où venaient les conquérants ? Comment le royaume wisigoth a-t-il pu s’effondrer ? Les Arabes établirent-ils un royaume de tolérance, de cohabitation pacifique entre chrétiens, juifs et musulmans ? Cette domination étrangère, qui dura des siècles, fut-elle au moins une période de paix, d’ordre et de prospérité dans la partie occupée par les musulmans ? Qu'a-t-elle laissé dans la conscience nation espagnole ?
Ce livre n’est évidemment pas dans l’air du temps. L'air du temps est en effet à la fausse rencontre des cultures, au choc programmé des civilisations, dont certaines se révèlent surtout dans leur capacité de barbarie, et aux mensonges, aux hypocrites manifestations repentances unilatérales sur l'Histoire de l'Europe. Il a été écrit au XIXe siècle, à une époque où n’existe aucun parti pris islamophobe. Il n’en est que plus convaincant. Son auteur est un orientaliste reconnu, Jules Lacroix de Marlès. Édité en 1863 par une maison alors catholique, approuvé par le cardinal archevêque de Paris, il figurait en bonne place dans la Bibliothèque de la jeunesse chrétienne. Le Second Empire, encore concordataire, le distribuait dans les écoles.
On n'y trouvera pas un mot d'hostilité systématique ou condescendante envers l’Islam, d'adhésion enthousiaste à l’idéologie de la Reconquista espagnole, encore moins, bien sûr, à celle de la Croisade du général Franco. À l’époque où Napoléon III envisage d’instituer en Algérie un royaume arabe et un royaume berbère protégés par l’Empire français ; C'est la politique que Lyautey accomplira plus tard au Maroc.
Et pourtant, dans sa sobriété même à l’endroit des malheurs des Chrétiens espagnols, il fait voler en éclats les légendes actuellement forgées autour de l’Andalousie médiévale. Dans cette partie occupée de l'Europe, dans ces diverses principautés, totalement dominées par les musulmans, sporadiquement déchirées par les chaos internes aux tribus, — lesquelles sont toutes d’origine moyen-orientale ou nord-africaine, — les Chrétiens ne comptent pour rien. Chose révélatrice entre toutes : jusqu’au bout, la "nation" à laquelle on se réfère, n’est pas autre chose que la communauté des musulmans. Une fois détruit le califat omeyyade, et chassée la dynastie syrienne régnant à Cordoue, ce sont, plus de 500 ans après la conquête, les almoravides et les almohades africains qui se disputent les dépouilles d’un territoire, progressivement refoulé vers le sud par la Reconquête.
La réalité semble donc avoir été fort différente de cette mythologie de l’Andalousie heureuse, de toute évidence excessive... Dans la partie musulmane de l’Espagne, le livre montre assez bien combien l’existence même des Chrétiens fut, pendant plus de 700 ans, complètement marginalisée.
On trouvera en couverture une carte représentant le partage entre le Nord de la péninsule ibérique, demeuré en la possession des princes chrétiens, et le Sud, soumis aux Musulmans, tel qu’il se situait au Xe siècle. Laissons le lecteur découvrir ce qu’était le Sud conquis. Il avait sa part de poésie et de noblesse, sa part de charme venu d’Orient. Celui-ci ne chercha guère à s’acclimater en Europe. Il a certes laissé quelques beaux monuments princiers, de princes étrangers, ou religieux, ceux d'une seule religion, la leur.
Au bout de plus de sept siècles, certes durement, et avec une part d'injustice, l'occupant fut chassé. Définitivement ?
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